En effet, l'an 2020, qui a débuté avec la gloire d'une sortie de l'Union européenne tant retardée, tire bientôt à sa fin, mais sans avancées tangibles.
Après avoir mis un terme à leur 47 ans d'histoire commune, le Royaume-Uni et l'Union européenne avaient convenu de se mettre d'accord sur un traité "zéro tarif, zéro quota" pour limiter autant que possible les conséquences désastreuses du Brexit.
Cet accord devrait être en principe ratifié d'ici le 31 décembre, une date marquant la fin de la période de transition pendant laquelle le Royaume-Uni continue d'appliquer les normes européennes, en attendant de préparer sa sortie effective.
Par ailleurs, les deux parties se sont engagées, dès le mois de mars, dans une course contre la montre pour parvenir à cet accord. Or, après plusieurs rounds de pourparlers laborieux, assez souvent interrompus à cause de la pandémie de coronavirus, les négociations butent toujours sur l'essentiel à deux semaines de la date fatidique.
Bien que le temps reste serré, les négociateurs ainsi que les dirigeants des deux côtés assurent qu'un accord est toujours possible. "Nous allons travailler très dur pour obtenir un accord", a promis dimanche le négociateur en chef britannique, David Frost, à son arrivée à Bruxelles, où les deux parties reprennent les discussions suspendues deux jours plus tôt, après que son homologue européen, Michel Barnier, eut lâché prise en annonçant que "des divergences persistent".
Cette reprise des pourparlers a été décidée samedi soir au plus haut niveau par le Premier ministre britannique, Boris Johnson, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Les deux responsables ont fait plus tard un nouveau point lundi dans la soirée, sous la pression toujours plus forte du calendrier, puisqu'un éventuel accord commercial devra d'être conclu suffisamment tôt avant la fin de l'année pour permettre sa ratification par le Royaume-Uni, mais aussi par le Parlement européen qui s'est réuni pour la dernière fois de l'année la semaine du 14 décembre.
Les deux parties entameront donc la dernière ligne droite de leurs négociations post-Brexit dans les prochains jours, mais au bout du tunnel, deux scénarios complètement contradictoires : un échec politique cuisant ou un traité commercial inédit.
Bien que le Royaume-Uni eut officiellement quitté le bloc des 27, l’effet du divorce historique ne se fera pleinement sentir qu'à l'issue de la période de transition, soit au début de l'année prochaine.
Faute de compromis entre les deux partenaires historiques, leur échanges seront soumis dès le 1er janvier aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), ce qui impliquerait des droits de douane ou des quotas supplémentaires, au risque d'un nouveau choc économique doublé à celui de la pandémie de coronavirus, alors que l’économie du pays enregistre ses pires dégringolades depuis des décennies.
En effet, au deuxième trimestre de 2020, le pays s'est enfoncé dans une profonde récession en raison de la paralysie économique, induite par le confinement décrété le 23 mars pour limiter l'impact sanitaire de la pandémie.
Alors que le produit intérieur brut (PIB) s’est contracté au cours de deux trimestres consécutifs, la production de richesses britannique a même subi entre avril et juin, une chute de 20,4 %, soit la pire baisse depuis que le début des statistiques sur ce sujet.
Dans une récente intervention à la Chambre des communes, le ministre britannique des Finances, Rishi Sunak, a même averti que le Royaume-Uni traverse une "urgence économique", annonçant une chute inédite de 11,3% de son PIB en 2020, avant qu'il ne rebondisse à 5,5% en 2021, puis à 6,6% en 2022.
Il s'agit de "la pire contraction" de l'économie britannique en plus de 300 ans, selon le ministre, qui souligne que le gouvernement mobilise 280 milliards de livres pour aider l'économie à traverser la crise.
Inévitables pendant la crise, ces appuis financiers risquent toutefois de mettre à genoux l'économie du pays, car ils contribuent à l'explosion de la dette publique. En effet, en raison de la réponse massive du gouvernement à la crise, l'emprunt public a atteint des sommets vertigineux cette année.
Selon les données officielles de l'Office des statistiques nationales (ONS), la dette a presque triplé entre avril et octobre, pour atteindre 214,9 milliards de livres sterling, soit un chiffre sans précédent.
Sur le seul mois d'octobre, l'emprunt net du secteur public (hors banques publiques) est évalué à 22,3 milliards en octobre, soit plus du double par rapport à la même période l'année dernière, et également un record depuis le début de ces statistiques en 1993.
Le système de chômage partiel mis en place par le gouvernement depuis le mois de mars dans le but d'aider les entreprises à éviter les licenciements, a fait que l'emprunt net gouvernemental atteigne jusqu'à 9,9% du PIB sur les sept premiers mois de l'année fiscale 2020.
De son côté, la dette du secteur public hors banques publiques a grimpé de 276,3 milliards de livres sur les sept premiers mois à 2.077 milliards £ à fin octobre, soit 100,8% du PIB, ce qui reflète, selon l'ONS, le choc économique provoqué par la pandémie.
Alors que les économistes britanniques s'inquiètent désormais des conséquences, sur l'activité du quatrième trimestre, des nouvelles restrictions mises en place pour enrayer la propagation du virus, l'annonce par le gouvernement de l'approbation d'un vaccin anti-Covid-19, développé par le groupe pharmaceutique Pfizer et son partenaire allemand BioNTech, crée une lueur d'espoir en plein du marasme économique résultant de la crise sanitaire.