La gauche se présentait stagne et confrontée, la droite regagnait du terrain avec l’avancée fulgurante de l’extrême-droite, le parti Ciudadanos (centre), en permanente recherche d’alliances, a presque disparu de la carte politique espagnole.
Le pays était ainsi plongé dans un scénario de blocage continu après la tenue de ces nouvelles élections, convoquées suite à l'échec du scrutin organisé six mois auparavant, qui n’a pas permis la formation d’un nouveau gouvernement.
Face à cette situation sombre, Pedro Sánchez, dont la formation politique a remporté le scrutin du 10 novembre 2019 sans majorité suffisante pour contrôler les rouages du Parlement, s’est mis au travail et a réussi à réaliser son souhait de former un gouvernement de coalition avec Unidas Podemos en 48 heures.
Un peu plus d'un mois après, les deux partis ont même présenté un ambitieux programme progressiste de 11 chapitres et 50 pages pour garantir la stabilité de toute la législature. Ce document de bonnes intentions a été signé au Congrès des députés le 30 décembre par les dirigeants du PSOE et de Unidas Podemos
Toutefois, Pedro Sanchez et son gouvernement de coalition, avec 155 sièges au Parlement, devaient attendre le "second tour", le 7 janvier, pour réussir l’investiture avec une faible marge : 167 votes pour, 165 contre et 18 abstentions.
Gouverner ainsi en minorité, approuver des mesures tous les mardis en Conseil des ministres et aller ensuite au Congrès pour exposer des lois et chercher le soutien aux politiques d’Etat, se présentait tout simplement comme une chimère pour le premier exécutif de coalition depuis l’instauration de l’ère démocratique en Espagne.
Or, ce n'était pas le cas. Malgré les presque trois mois de "vide parlementaire" causé par la première vague du nouveau coronavirus au printemps, le gouvernement a développé une intense activité législative sans revers majeur.
Depuis son investiture, Pedro Sanchez a fait échouer une motion de censure présentée par le parti de l’extrême-droite Vox, et réussi à faire passer trois décrets d'état d'alerte pour l'ensemble du pays, plus de 250 projets de loi et 33 décrets royaux.
Les membres du gouvernement ont répondu à 47.798 questions (sur les 52.741 enregistrées, soit deux ou trois fois plus que lors des précédentes législatures), le président et ses ministres ont comparu 804 fois devant les deux chambres du Parlement, les groupes parlementaires ont examiné 2.072 projets de loi et jusqu'à 19 commissions d'enquête ont été créées.
Les partenaires de la législature, le Parti nationaliste basque (PNV) et la Gauche républicaine catalane (ERC), ainsi que les partis minoritaires, ont généralement soutenu toutes les mesures proposées par le gouvernement malgré le rejet acharné du Parti populaire (PP), principale force de l’opposition, et de Vox.
La dernière étape de ce "combat" vers la stabilité a été ponctuée le 03 décembre dernier par l’adoption du Budget de l’Etat avec le vote de 11 partis politiques (189 votes), une première dans l’histoire de l’Espagne.
Ce budget, qui assure la continuité du gouvernement de Pedro Sanchez jusqu’à la fin de son mandat, a facilement passé sous silence tous les obstacles grâce aux accords conclus avec les partis nationalistes et républicains, c'est-à-dire grâce à un bloc multicolore qui a uni et a pu garantir la continuité de ce gouvernement de coalition.
Une fois stabilisé, le gouvernement de Pedro Sanchez, avec plus de portefeuilles que jamais auparavant (22 ministres et quatre vice-présidents), se lance déjà dans la réalisation de la reprise économique post-Covid et la mise en œuvre d’une transformation du pays dans des domaines aussi prometteurs qu’oubliés, tels que le changement climatique ou la transition numérique.