Dans une interview accordée à la MAP, le Senior Fellow au think thank Policy Center for the New South (PCNS) affirme que la décision américaine constitue un nouveau chapitre dans l’histoire de l’Afrique et un tournant géostratégique dans le processus visant à trouver une solution au différend artificiel autour du Sahara marocain.
M. de Freitas, professeur invité à la China Foreign Affairs University, donne aussi sa lecture sur l’avenir de l’affaire du Sahara à la lumière de la décision américaine, qui incitera, selon lui, certainement d’autres pays à adopter la même position.
Il a également souligné que ce développement reflète le rôle "visionnaire" de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui a fait du Royaume un acteur majeur sur la scène internationale.
Les États-Unis ont reconnu jeudi dernier la souveraineté du Maroc sur l’ensemble du territoire du Sahara et annoncé la création d'un consulat à Dakhla. Quelle lecture donnez-vous à cette position ?
Il faut d’abord dire que c’est une décision qui a tardé venir, car la situation était instable et menaçait le développement dans toute la région. Pourtant le Maroc est parvenu à promouvoir un développement soutenu bénéficiant aux populations locales. Cette décision est de nature à créer de nouvelles opportunités de développement et de croissance économique.
Il s'agit d'une réalisation historique, qui offrira davantage d’opportunités de développement pour la région. Il peut y avoir des perturbations dans le processus, mais en apportant plus de clarté sur cette question on favorise plus de progrès et de développement.
Les États-Unis ont exprimé leur soutien au plan d'autonomie présenté par le Maroc comme unique solution au différend artificiel. Quelle est la portée régionale et internationale de cette décision ?
La décision américaine est de nature à ouvrir un nouveau chapitre de l'histoire de l'Afrique, d'éliminer les vestiges de l'ère coloniale et de construire une nouvelle réalité pour un continent dont les perspectives d'avenir sont prometteuses.
Il est également important de souligner que la position us, d'une certaine manière, marque la volonté les États-Unis à jouer de nouveau le rôle qui lui échoit sur le continent africain, après que sa présence ait reculé ces dernières années.
Les États-Unis sont la première puissance politique et économique de la planète. Washington est toujours le pilier de la résolution des conflits à travers le monde. En exprimant leur soutien à l’intégrité territoriale du Maroc, les États-Unis vont certainement amener d'autres pays – dont certains subissent même une ingérence extérieure – à soutenir la position du Maroc.
Les États-Unis se sont engagés à contribuer au développement des provinces du sud du Maroc. Quel avenir entrevoyez-vous pour le développement au Sahara marocain?
La région dispose de tous les ingrédients pour donner un nouvel élan au développement économique dans les années et décennies à venir.
Sa Majesté le Roi Mohammed VI a fait preuve d’une attitude visionnaire parvenant à faire du Maroc un acteur majeur sur la scène internationale. Le Royaume a été par exemple très actif dans la promotion de la croissance en Afrique, projetant un "soft power" mondial et déployant un énorme effort diplomatique d'un excellent professionnalisme.
Le Sahara fait partie de la réalité de ce Maroc entrepreneurial et actif. Il est certain que les bénéfices devraient augmenter dans un proche avenir, compte tenu des opportunités qu’offrira la nouvelle situation pour toute la région.
Le Maroc a annoncé des autorisations de vols directs pour le transport des membres de la communauté juive marocaine et des touristes israéliens. Quelle selon vous la teneur de cette décision marocaine ?
Les liens entre les juifs et le Maroc sont historiques et la communauté juive reste attachée à son pays d'origine. Une relation plus étroite avec des liens plus consolidés, contribuera certainement à promouvoir une plus grande interaction et coopération entre les deux peuples, qui disposent d’un patrimoine culturel commun.
Il est important que des relations innovantes dans les domaines économique et technologique soient renforcées, comme il est essentiel de dynamiser les échanges culturels et académiques.
Quel poids donner à une décision prise par une puissance mondiale comme les États-Unis, membre influent du Conseil de sécurité de l'ONU?
Permettez-moi d'abord de souligner le caractère durable de cette décision qui engage les États-Unis et non seulement l'administration Donald Trump. Joe Biden maintiendra la politique étrangère et les succès de l'administration actuelle, car c’est une position cruciale pour l’équilibre et la stabilité dans toute la région, notamment au Moyen-Orient.
Ce facteur pèsera sans doute lourdement sur le bilan de la prochaine administration, qui ne pourra aucunement changer un scénario positif.
L’engagement américain favorisera certainement l'adhésion d'un plus grand nombre de pays à la reconnaissance de la marocanité du Sahara.
Le Brésil par exemple, abstraction faite de la position américaine, devrait reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara, vu les liens historiques qui l’unissent au Maroc et les innombrables opportunités de coopération bilatérale.