S'exprimant à l'ouverture du 13ème sommet extraordinaire de l’Union africaine sur l'Accord de la ZLECAF, M. Jazouli a souligné que le Royaume du Maroc -dont le processus de ratification de l’Accord ZLECAF est dans sa phase ultime- réaffirme son attachement à la mise en œuvre de cet Accord, comme pilier de l’intégration économique africaine, notant que le Royaume réitère, également, sa disponibilité à contribuer à l’avancement des travaux menant vers l’opérationnalisation de la ZLECAF et le début des échanges commerciaux.
Il a également fait savoir, lors de l'ouverture de ce sommet extraordinaire tenu par visioconférence, que le Maroc a décidé de faire du développement socio-économique de l’Afrique l’une de ses priorités, indiquant que l'Afrique concentre 2/3 des investissements directs à l'étranger (IDE) du Maroc, du fait que depuis 2008, le Royaume a investi plus de 3 milliards de dollars sur le continent et devient, aujourd'hui, le plus grand investisseur africain en Afrique de l’Ouest et le second plus grand investisseur africain sur l’ensemble du continent.
M. Jazouli a, dans ce cadre, fait remarquer que le Maroc privilégie les projets d’investissement intra-africains, révélant que sur la seule région de l'Afrique de l’Ouest, le Royaume a lancé 13 projets d’envergure de nature à renforcer l’intégration régionale dans cette zone.
Et le responsable de poursuivre que le 1er janvier 2021 marquera une date historique pour l’Afrique : celle du lancement effectif des échanges commerciaux dans le cadre de la ZLECAF, ce qui constitue, "pour nous tous Africains, un nouveau pallier sur le chemin de l’unité et de l’intégration du continent", ajoutant que c’est l’aboutissement de la volonté des pères fondateurs de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA), qu'est "cette même volonté de panafricanisme que le Maroc poussa de ses vœux à la genèse de l’Union africaine, au sein du "Groupe de Casablanca".
"Envisagée dès le sommet inaugural de l’OUA en mai 1963, la ZLECAf entre désormais en vigueur", a-t-il indiqué.
M. Jazouli a, de surcroît, affirmé que "ce nouvel espace que nous créons ensemble" nous offre la possibilité de transformer sur place les matières premières dont regorge l’Afrique et "d’accélérer la mise en œuvre d’une base industrielle africaine pour répondre à nos besoins", signalant que c’est d’abord et avant tout un espace de complémentarité par la création de pôles de croissance régionaux interconnectés et un espace propice aux avantages comparatifs, ainsi qu'une utilité nouvelle aux Communautés économiques régionales (CER) et à l’intégration africaine.
Si elle est un risque à prendre pour certains, poursuit M. Jazouli, la ZLECAF est avant tout des opportunités d’emploi pour les 12 millions de personnes qui rejoignent chaque année le marché du travail.
M. Jazouli a en outre souligné que la ZLECAF libérera le génie créatif africain, créera des ponts entre les régions et facilitera le commerce intrarégional et accélérera l’intégration des CER, qui ont d’ailleurs été expressément reconnues par l’Accord de la ZLECAf comme piliers indicatifs, notant que ce sont là des opportunités formidables, mais aussi des défis de taille, pour rattraper les fragilités.
Il s'agit d'abord, selon lui, de la faiblesse des relations commerciales entre pays africains, estimées actuellement à 16 % seulement, du taux d’industrialisation du continent africain, qui pèse moins de 2 % dans la valeur ajoutée manufacturière mondiale et de la dépendance persistante aux matières premières qui entretient une vulnérabilité économique du fait de la volatilité des prix.
Il a, à cet égard, préconisé qu'afin de répondre à ces défis, les efforts doivent se concentrer sur l’instauration de mécanismes de coordination efficaces, à travers des synergies efficaces.
Par ailleurs, M. Jazouli a fait savoir que compte tenu de leur rôle primordial dans la mise en place de la ZLECAF, les CER sont essentielles pour continuer à renforcer cette coordination, relevant que c’est à travers elles que l’harmonisation des politiques et des priorités continentales s’opéreront dans le respect des principes de subsidiarité et de complémentarité, selon une division claire et harmonieuse des tâches et des responsabilités.
"Sa réussite nous impose de fédérer notre potentiel, nos richesses et nos structures économiques", a-t-il assuré, soulignant que seul un esprit de coopération solidaire et agissante nous permettra de réaliser le plein potentiel de la ZLECAF.
Mais pour nous fédérer, a-t-il dit, il faut d’abord s’autogérer, de même que les mesures prises au niveau national devront aller de l’avant pour accompagner la dynamique de la ZLECAF.
D’où l’importance, d'après M. Jazouli, de mener à bien les stratégies sur la PME/PMI, la facilitation du commerce et l’encouragement de la numérisation de l’économie africaine pour développer le commerce intra-africain.
A ce propos, M. Jazouli a tenu à souligner le rôle des règles d’origines en tant que véritable facteur d’intégration économique africaine, mettant l'accent sur la nécessité d’instaurer des règles en mesure de développer les chaines de valeurs, sur la base des complémentarités au sein du continent, qui favorisent le recours au recrutement de la main d’œuvre africaine.
Dans le même ordre d'idées, M. Jazouli a insisté que le commerce intra-africain est l’un des piliers stratégiques de développement du continent africain.
"C’est l’un des principaux moteurs du développement économique qui permet la création d’emploi, la réduction de la pauvreté, et la résilience des Etats et des régions face à d’éventuelles crises économiques", a-t-il affirmé.
Les dirigeants des États et gouvernements de 54 États membres de l'Union africaine (UA) se réunissent, par visioconférence, dans le cadre du sommet extraordinaire consacré à la ZLECAF, dont le Maroc avait signé, le 21 mars 2018 à Kigali, l'accord de création.
La délégation marocaine à l'ouverture du 13ème sommet extraordinaire de l’Union africaine sur l'Accord de la ZLECAF est présidée par le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, M. Nasser Bourita.
Ce sommet extraordinaire devra examiner et approuver le lancement officiel du début des échanges commerciaux sous la Zone de libre-échange continentale africaine, le 1er janvier 2021.