La forme de ce site archéologique, situé sur la côte méditerranéenne à l'embouchure de l'oued de Béni Boufrah, à 50 kilomètres à l'ouest de la ville d'Al Hoceima, dont la construction remonte au XVe siècle, a complètement changé, grâce à la réhabilitation de ses espaces intérieur et extérieur, ainsi que ses murs et ses repères.
Grâce à cette opération de restauration, les visiteurs de ce monument unique, qui a joué un rôle important dans la défense de la ville depuis l'époque almohade et été témoin de quatre époques différentes, à savoir almohade, l'occupation ibérique, la phase Saadienne-Alaouite, et l'époque du protectorat espagnol au 20è siècle, peuvent profiter de la beauté et des particularités exceptionnelles de cet édifice, qui comprend cinq tours, toutes surplombant la mer Méditerranée.
Cet édifice inédit a la particularité de mêler, avec la plus grande précision, l'architecture marocaine authentique et celle ibérique, permettant ainsi la découverte de la beauté et les secrets du patrimoine architectural ancien, qui reflète une authenticité sans pareille.
Ces travaux de réhabilitation et de restauration d'envergure ont été réalisés en deux phases: la première, qui a démarré en mai 2016 et s'est achevée en décembre 2017, a porté notamment sur la réalisation des études archéologiques et historiques et le lancement de l'opération de restauration, pour un investissement global de 3 millions de dirhams (MDH), et ce en partenariat avec l'Union européenne (UE) et l'Agence pour la promotion et le développement du Nord (APDN).
Quant à la deuxième phase, elle a été réalisée de juillet 2018 à juillet dernier dans le cadre du programme de développement "Al Hoceima Manarat Al Moutawassit", avec une enveloppe budgétaire globale de 1,78 MDH, dans le sillage d'un partenariat entre les ministères de la Culture et de l'Intérieur. Elle a concerné la réhabilitation des escaliers et la restauration de quelques vestiges archéologiques.
Le bâtiment comprend 6 tours, dont quatre entourent les angles de la forteresse, et la cinquième est située au-dessus de la porte d'entrée, tandis que la sixième a été construite durant la période de l'occupation ibérique et conçue sous une forme circulaire, en plus d'un espace intérieur composé d'une cour ouverte, et des restes de chambres et d'espaces qui servaient de magasins de stockage d'armes et de logements pour les soldats.
Dans une déclaration à la MAP, la conservatrice des monuments historiques et des sites à la province d'Al Hoceima, Omayma Abercha, a souligné que l'opération de restauration de la forteresse de Torres de Alcalâ a été réalisée dans le respect des normes et de la forme géométrique ancienne du monument, qui a été inspirée des civilisations almohade et ibérique.
Avant le lancement de l'opération de restauration du site, a-t-elle précisé, une étude architecturale et archéologique de la forteresse a été réalisée par une équipe d'archéologues spécialisés dans la période islamique, qui ont effectué plusieurs fouilles archéologiques systématiques ayant permis de dater la construction de cet édifice, en s'appuyant sur les structures archéologiques.
Mme Abercha a, à cet égard, estimé que la réhabilitation de cette forteresse permettra, sans aucun doute, de raviver le patrimoine culturel et historique de la région et de parvenir à une prise de conscience de l'importance des monuments historiques et archéologiques, tout en plaçant la province d'Al Hoceima et ce site historique sur la liste des destinations touristiques les plus attractives.
Pour sa part, Anouar Akouh, membre de l'association pour la valorisation du patrimoine naturel et culturel au parc national d'Al Hoceima, a relevé que la forteresse de Torres de Alcalâ est le premier monument archéologique au Rif à bénéficier d'une opération de réhabilitation et de restauration, avant que d'autres sites historiques au niveau de la province n'aient fait l'objet d'opérations similaires de restauration, ce qui constitue, selon lui, un réel acquis pour toute la région.
Il a, dans ce sens, estimé que cette opération contribuera au développement de la région, à la promotion de son rayonnement et au renforcement du produit touristique de la province d'Al Hoceima.
L'opération de restauration, a-t-il fait savoir, a été réalisée dans le souci de la réhabilitation de la troisième tour de la forteresse pour devenir un observatoire des oiseaux, et ce afin de permettre aux visiteurs du monument archéologique, en particulier ceux qui s'intéressent à la nature et les amateurs d'oiseaux, de voir différents types d'oiseaux, notamment les oiseaux migrateurs, notant qu'il a été procédé à la mise en place du cadre adéquat dans l'attente de l'approvisionnement du site historique en équipement nécessaire.
Malgré la baisse du nombre de touristes qui ont visité ce monument cette année, en raison des circonstances exceptionnelles liées à la pandémie de la Covid-19, les chercheurs en histoire et ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances dans les différentes disciplines et méthodes de fouilles archéologiques affluent de temps en temps à ce site historique, pour assouvir leur soif de savoir et faire de nouvelles découvertes scientifiques.
Cet édifice architectural unique, chargé d'histoire et de culture, attire de plus en plus les visiteurs désireux de découvrir le patrimoine archéologique et architectural des différentes époques, qui ont légué un riche héritage historique, et d'admirer la beauté du parc national d'Al Hoceima, qui se caractérise par sa richesse et sa diversité.