Rencontrée par la MAP, l'artiste maroco-canadienne nous livre les secrets sur ce périple musical mystique au cours duquel elle et sa troupe de musiciens ont revisité des œuvres tirées du répertoire magrébin et moyen-oriental qui renvoient aux Muwashahat, qudud et mélodies envoûtantes, mêlant diverses sonorités arabo-andalouses.
= Que pouvez-vous nous dire du concert «Ivresses andalouses» ?
Ce concert puise et revisite un répertoire millénaire qui réunit le Maghreb, l'Orient et l'Occident avec des arrangements jazzés apportés par mon directeur musical Arden Arapyan. Tout cela nous permet de présenter un programme authentique millénaire, mais en même temps moderne.
Au départ, j’avais proposé à la direction du festival le thème «Andalousiat Leila». Toutefois, j'ai beaucoup aimé «Ivresses andalouses» qui évoque le sentiment de l'émotion et de la passion que suscitent la pratique de cet art ancestral et l’ivresse de la musique au cœur.
C’est une belle présentation malgré les circonstances de la pandémie qui, en tout cas, nous a permis de présenter un spectacle ouvert à un plus grand public avec une rediffusion partout à travers le monde, vu que tous les programmes du festival du monde arabe qui s'est déroulé du 12 au 29 novembre ont été accessibles en webdiffusion.
=Dans quelle mesure le fait de revisiter ce patrimoine ouvre la voie à une grande ouverture sur l’autre?
Quand on parle de revisiter ce patrimoine, c'est comme en fait relier des perles dans un collier. C’est faire le mélange des deux genres de style maghrébin et oriental tout en gardant l’authenticité des mélodies avec un arrangement totalement occidental qui va nous aider à ramener beaucoup de personnes ailleurs à s’intéresser à notre programme.
De plus, ce patrimoine est authentique, ses textes et sujets abordés sont toujours d’actualité. On a envie de le transmettre à nos futures générations et le fait de le revisiter permet aussi de le faire découvrir au monde occidental.
Je suis ravie de représenter ce patrimoine très cher à mon cœur qui a laissé des traces, non seulement dans ces deux expressions directes d’Al Ala ou Al Gharnati, mais également sur la pratique musicale des Juifs du Maroc par exemple, sur el-Melhoune, Chgouri Sama et même sur certaines formes de chants populaires
Et comme je l'évoque toujours, fidèle à mes convictions, la pratique juive de la musique andalouse au Maroc traduit la pluralité de notre pays qui est ouvert au dialogue et au vivre ensemble plutôt maghrébine et c’est ce que je représente dans ce spectacle. Mais il y a aussi la partie orientale, avec les Muwashahat, un autre genre musical et de poèmes originaires de l'Andalousie mythique.
= Quels sont vos projets d’avenir et le message que vous souhaitez véhiculer à travers l’art?
Avec le changement des modes de vie qui arrive en ce temps de pandémie, surtout dans l'événementiel en lien avec la chanson, je tiens à préciser que la musique reste toujours un langage universel, un monde où il n’y a pas de frontières.
Je suis très contente d’avoir pu quand même faire ce magnifique spectacle que j’ai passé beaucoup de temps à préparer avec mon orchestre issu de la diversité canadienne. On représente divers pays d'origine comme le Maroc, la Moldavie, l’Arménie , la Syrie, en plus du Québec. Donc je suis très fière de représenter une autre forme de paix et du vivre-ensemble, une forme de dialogue entre les cultures.
Pour mes projets d’avenir, j’ai un dernier vidéo-clip intitulé «Hanine» que j’ai tourné avec mon fis, dont la sortie est prévue au début de l'année prochaine.