L'importance de cette filière pionnière au niveau de la région se reflète également sur le marché de l'emploi, en ce sens qu'elle crée environ 3 millions de jours ouvrables par an, en particulier pendant les saisons de récolte et de commercialisation et joue de ce fait un rôle important dans l'amélioration des conditions de vie des agriculteurs.
Malgré la propagation de la pandémie de la Covid-19 et le stress hydrique que connaît la région, la filière oléicole a réussi à maintenir une croissance soutenue, contribuant ainsi à amplifier la valeur ajoutée agricole dans la région.
Pour, Mustapha Kaldi, propriétaire d'une unité moderne de trituration d'huile d'olive, le secteur oléicole n'a pas été touché par les répercussions de la crise sanitaire en raison des particularités de la région favorable à cette culture, qui est en plein essor dans le périmètre de l'Office régional de mise en valeur agricole de Tadla (ORMVAT).
M. Kaldi a fait savoir que le prix des olives n'a pas augmenté par rapport à l'année dernière et la trituration a été suffisamment rentable, déplorant toutefois le problème de la commercialisation qui persiste malgré les nombreux efforts des services concernés.
Pour sa part, Salah Zerhouni, l'un des producteurs d'olives de la province de Fqih Ben Salah a déploré la faible commercialisation aux niveaux régional et national malgré les grands efforts consentis, ce qui affecte négativement les producteurs.
Il a exprimé la préoccupation des producteurs quant à l'absence de marchés visant à valoriser et exporter le produit, appelant au soutien et à l'adoption de mesures proactives de commercialisation avant le lancement de chaque campagne.
Toutefois, la filière oléicole a subi, depuis l'avènement du Plan Maroc Vert (PMV) d’importantes mutations ayant trait notamment à l’extension de la superficie plantée avec l'introduction de nouvelles variétés, en plus de la restructuration des unités de trituration d’olives et de la modernisation du secteur de la valorisation de l’huile d’olive afin de permettre à la filière oléicole d’accompagner les exigences du marché dans un contexte de concurrence et de mondialisation.
La variété marocaine de picholine est la plus fiable en termes d'exploitation agricole dans la région, avec 85 % de la superficie totale plantée, suivie de deux autres variétés, la Menara et la Haouzia, avec 10 % chacune, et la variété espagnole Arbequina, avec 5% de superficie plantée.
En effet, la filière contribue à environ 17% de la production nationale d'huile d'olive et d'olives de table et constitue de ce fait la principale espèce fruitière de la Région, ce qui permet d'obtenir environ 35.000 tonnes d'huile d'olive et 16.000 tonnes d'olives de table.
Par ailleurs, la raréfaction des ressources en eaux est l'un des plus grands défis auxquels est confronté le secteur oléicole dans le périmètre de l'ORMVAT dans la mesure où la campagne agricole 2020-2021 sera lancée, encore une fois, sous le poids de la pandémie du Covid-19 qui continue de frapper de plein fouet l'économie nationale mais également sous le signe du manque de précipitations, qui jusqu’au 15 novembre, n’ont pas dépassé 46 mm.
Selon les données en ligne de l'Agence du Bassin Hydraulique de l'Oum Er Rabia (ABHOER), le taux de remplissage du barrage de Bin El Ouidane ne dépasse pas 22%, celui de Hassan 1er 17,3%, alors que le taux de remplissage du barrage Ahmed Al Hansali s'établit à tout juste 12,6% jusqu’à la date du 30 septembre.
D'autre part, le secteur oléicole de la région connait une surexploitation qui affecte négativement l'environnement, en particulier la nappe phréatique dans la mesure où l'Agence du Bassin Hydraulique de l'Oum Rbia avait averti, récemment, les propriétaires d'huileries sur les dangers du rejet aléatoire des margines dans les cours d'eau et les barrages, ce qui contribue à la pollution de la nappe phréatique et à la destruction de certains organismes vivants.
L'ABHOER avait également appelé les propriétaires d'huileries à s'engager dans les efforts déployés et ce, en évitant de se débarrasser de manière irresponsable des résidus liés au processus de trituration des olives dans les cours d’eau et dans les nappes phréatiques souterraines, pour protéger l'environnement et préserver les ressources en eau.
De ce fait, l'Agence mène régulièrement des campagnes de sensibilisation auprès des autorités locales et des parties prenantes, ainsi que des campagnes de contrôle par la police de l'eau pour prendre les mesures nécessaires à l’encontre des contrevenants conformément à la loi 36-15 relative à l'eau.
Ainsi, le problème des margines nécessite des interventions strictes et dissuasives des autorités locales, qui doivent intensifier les patrouilles et renforcer les contrôles des unités de trituration afin d’œuvrer à la promotion de la filière oléicole tout en sauvegardant l'environnement.
Les unités traditionnelles de trituration, qui constituent la grande majorité des huileries dans le territoire de la région, contribuent à la perte d'environ 4 litres d'huile d'olive dans chaque quintal en raison de leurs méthodes anciennes.
La Direction régionale d'agriculture (DRA) poursuit en étroite collaboration avec l’ORMVAT la mise en œuvre d’un programme ambitieux visant à réhabiliter les unités de trituration d'huile d'olive et les unités de production d'olives de table, afin de valoriser la récolte d'olives et de préserver la sécurité sanitaire du consommateur et de l'environnement en coordination avec l'ONSSA.
Ces opérations ont abouti à l'octroi de licences sanitaires à environ 140 unités de trituration d'huile d'olive et 5 unités de conditionnement, et permettant au produit oléicole de la région d'avoir une représentation honorable du Maroc dans plusieurs manifestations internationales comme en France, en Allemagne et aux Emirats Arabes Unis, et ont permis à la région de remporter 5 médailles, dont deux d'or en marge de la 11ème édition du Salon International de l'Agriculture au Maroc.
La filière oléicole de la région a également bénéficié de plusieurs projets dans le cadre de l'élaboration de la stratégie "Génération Green 2020-2030" en programmant une série de projets visant la valorisation de l’huile d’olive des coopératives oléicoles de la région.