L'Association la crèche de Tanger pour nouveaux-nés et enfants abandonnés tente au quotidien de compenser l'affection maternelle dont manquent les enfants abandonnés qui se sont retrouvés sans défense face à la dureté de la vie, sans protection ni soutien, tout en essayant de combler le vide relevé dans la prise en charge de cette catégorie d’enfants au sein d’une société toujours sous l’emprise de traditions et de coutumes strictes.
Cette association, qui a célébré mercredi le 33ème anniversaire de sa création (18 novembre 1987) et a été reconnue d'utilité publique en 1995, a pour but de recueillir, loger et préserver la dignité des nouveaux-nés abandonnés, dont la destin a voulu qu’ils naissent sans identité biologique.
Cet objectif noble, a expliqué la présidente de l’association, Khadija Bouebaidi, vise à réaliser la justice sociale et à atténuer la souffrance des nouveaux-nés abandonnés, victimes de relations illégitimes ou suite à la survenance de crises psychiatres pour les parents, les empêchant de les prendre en charge.
Cette femme, qui s'est vouée au service des enfants abandonnés, a oeuvré, aux côtés d’autres femmes à Tanger, pour réaliser le rêve de mettre en place un lieu adéquat pour des enfants confrontés à la dureté de la vie et cherchant un nid douillet pour les accueillir et un abri où se nourrir.
Le centre dans ses caractéristiques actuelles était un rêve pour l’association, a confié Mme Bouebaidi, notant que ce rêve a été concrétisé grâce à l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) et l’ensemble des partenaires qui ont contribué à la mobilisation du foncier, ainsi que la construction et l’équipement du centre.
Le 5 décembre 2018, le rêve est devenu réalité avec l'inauguration du nouveau siège de l'association, mis en œuvre dans le cadre de l'INDH, avec une enveloppe budgétaire de 13 millions de dirhams (MDH), dont 3 MDH mobilisés par l’INDH, 3 MDH par l’association de la crèche de Tanger, 2 MDH par le ministère de la Solidarité, du développement social, de l’égalité et de la famille, 3 MDH par le Conseil de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, 1 MDH par la commune de Tanger et 1 MDH par l’Agence pour la promotion et le développement du Nord (APDN).
L’appui de l'INDH ne s'est pas limité à la construction et l'équipement du centre, mais a aussi inclus l'acquisition d'un véhicule pour assurer le transport des enfants, pour un investissement de 400.000 dirhams, ainsi que la contribution au budget de fonctionnement à hauteur de 550.000 dirhams pour l’année 2020, en raison notamment de la diminution des dons à cause de la crise engendrée par la pandémie du coronavirus.
Le centre accueille actuellement 92 enfants, dont plus de 34 nouveaux-nés abandonnés quelques semaines après la naissance, et des nouveaux-nés à l’identité connue et en situation difficile qui ont été admis dans le centre en attendant de terminer les procédures de prise en charge par le parquet général, en plus de 22 nouveaux-nés et enfants à besoins spécifiques.
Le centre offre des services de qualité en termes de logement, de prise en charge, de santé et de divertissement, car la direction du centre s'emploie à offrir les meilleures conditions de vie et les meilleurs produits et services à ces enfants dans l'espoir que cette attention particulière puisse compenser l’affection qu’ils ne peuvent pas recevoir de leurs familles.
“Mes enfants sont gâtés”, c’est ainsi qu'a résumé Khadija Bouebaidi la qualité des services dispensés au centre, ajoutant que l’association veille à ce que les enfants bénéficient du meilleur logement, de la nourriture la plus délicieuse et des meilleurs soins de la part des éducatrices et l’équipe de la crèche de Tanger.
Le centre comprend des salles pour les enfants, des salles pour les éducatrices, deux salles pour les nouveaux-nés, un restaurant, une cuisine pour préparer les biberons, une salle de rééducation pour les enfants à besoins spécifiques, une infirmerie, 3 salles de bain, une bibliothèque, une salle de jeux ainsi qu’une aire de jeux et de divertissement.
Tout au long de ses années d'action en faveur des enfants abandonnés, la crèche de Tanger a fait face à des difficultés pour trouver un parrain aux enfants à besoins spécifiques. Le centre a ainsi continué à prendre en charge des enfants accueillis depuis des années.
Cette situation a poussé l'administration de la crèche à penser à réaliser un nouveau projet de construction d’un centre d’accueil et de prise en charge des enfants à besoins spécifiques, qui se trouvent actuellement dans la crèche de Tanger, et ce compte tenu de l’absence d’une instance ou d’une association oeuvrant pour la prise en charge de cette catégorie d’enfants dans la ville.
Ce projet est un nouveau rêve, qui peut être concrétisé grâce à la bonne volonté des institutions officielles et des bienfaiteurs, pour aider les enfants à besoins spécifiques abandonnés à réussir leur vie, a conclu Mme Bouebaidi.