"La stratégie des cartels est la pure inspiration et conception de ces milices séparatistes. (...) Les milices, comme les narcoterroristes, cherchent à nuire aux États par une série de provocations et d’actes de banditisme. Nous sommes dans une logique de piraterie devenue une menace pour le transport terrestre et maritime international. Dans les deux configurations, on constate qu’il y a le même modus operandi, utiliser des personnes comme bouclier humain", a fait observer M. Roudani dans un entretien à la MAP.
De surcroît, explique-t-il, les actes de provocation des milices du "polisario" à El Guerguarat ont plusieurs objectifs. C’est une voie commerciale stratégique dans les échanges commerciaux entre le Maroc et les pays de l'Afrique de l'Ouest et aussi la plupart du commerce entre les pays européens et l’Afrique transite à travers ce passage terrestre.
Il a également rappelé qu'à maintes reprises, les milices séparatistes avaient tenté de saboter deux manifestations sportives sur la frontière entre le Maroc et la Mauritanie, à savoir le rallye "Africa Eco Race" et le rallye Paris-Dakar.
Ces agissements criminels et dangereux sont une réelle menace pour la sécurité et la stabilité de la région et la sous-région, a affirmé le professeur universitaire, notant que l'ouverture de consulats généraux de différents pays, ainsi que le développement politique du dossier en faveur de la cause marocaine au sein de l’Onu, a inquiété ceux qui soutiennent la logique d’un embrasement général de la situation dans la région.
De fait, le but de ces agressions est, d’une part, essayer d’escamoter ces authentiques réussites diplomatiques qu’a connues le dossier du Sahara marocain à l’échelle internationale et, d’autre part, créer une tension défavorable aux intérêts stratégiques de certains États bien ciblés, a-t-il relevé.
A cet égard, M. Roudani a noté qu'il faut rester "attentif" à la situation et ne pas négliger la double menace constituée par ces mercenaires et les groupes terroristes prompts à exploiter le chaos, revenant en ce sens sur les rapports de plusieurs pays ayant signalé la connivence des éléments du "polisario" avec le groupe terroristes Etats Islamique du Grand Sahara de Adnane Abou Oualid Sahraoui, l’un des fondateurs du Mouvement pour l'Union et le Jihad en Afrique de l'Ouest, sans faire litière aussi de la menace de Daech, en 2016, qui n’a pas hésité à appeler ses disciples et son mouvement principal dans la bande sahélo-saharienne à s’en prendre au personnel de la Minurso et de cibler les locaux des services de sécurité marocains ainsi que les sites touristiques du Royaume du Maroc.
"Indubitablement, on assiste à des actions coordonnées à plusieurs niveaux afin de créer un vide géopolitique dans le sud du Maroc. Le fait que le Maroc joue un rôle de pivot dans des équations géostratégiques a mis en désordre les stratégies des adversaires qui n’ont cessé de tenter de provoquer une conflagration générale", a-t-il affirmé.
Par ailleurs, le politologue a relevé les actes gravissimes d’intimidation des milices du "polisario" à l'endroit du personnel de la Minurso. "Outre le fait que ces provocations dans la zone tampon sont bien gérées par un accord de cessez-le-feu, ces actes sont un affront à l’égard de la communauté internationale et les résolutions du Conseil de Sécurité N°2414, 2440, 2468, 2494 et 2548 qui ont averti le "polisario", à maintes reprise, en le sommant de se retirer immédiatement de la zone tampon.
La tactique des mercenaires en obstruant ce passage terrestre vise à modifier le statut juridique et historique de cette zone à travers une politique du fait accompli, que d’ailleurs le Conseil de Sécurité à fermement rejeté dans ses résolutions depuis 2017, a-t-il dit.
Le Conseil de Sécurité et la Communauté internationale ont été, poursuit-il, témoins de ces actes gravissimes du "polisario", appuyé par l’Algérie, qui cherchent à déstabiliser toute la région et à torpiller tous les efforts des Nations Unies, déployés par leur Secrétaire général, visant à parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique, durable et fondée sur le compromis au différend artificiel sur le Sahara marocain.
De fait, affirme ce spécialiste des relations internationales, "l’Algérie joue un rôle beaucoup plus trouble car l’obstruction d’une route commerciale, seule voie terrestre reliant l’Europe à l’Afrique de l’Ouest en passant par le Maroc, est un acte de désordre de dimension géopolitique. Ainsi, l’intervention du Maroc pour libérer ce passage et le sécuriser ne peut être qualifiée que d’un acte de légitime défense préventive".
Pour lui, la création d’un cordon sécuritaire facilitant la libre circulation des biens et des personnes a été nécessaire devant une menace imminente et grave d’une telle agression, estimant que l'action des Forces armées royales est une défense qui est nécessaire, urgente et irrésistible "afin de se prémunir de menaces plus lointaines sur la stabilité et la paix dans la région et la sous-région".
L’action militaire marocaine a été une intervention dans la légalité internationale. Elle a été ponctuelle et limitée dans l’espace et dans le temps, a-t-il encore noté, soulignant que le large soutien international à l’intervention marocaine reflète le caractère pertinent et adapté de cette opération inscrite dans la préservation de la légalité internationale.
Le professeur universitaire n'a pas manqué de mettre en évidence le rôle de l’Algérie, principal pourvoyeur d’armes et de fonds des milices du "polisario", notant que comme l’a annoncé l’actuel président algérien dans une déclaration aux médias, le soutien d’Alger aux séparatistes est "un dogme".
Cette vérité incontestable va au delà du soutien politique, diplomatique et financier inconditionnel aux séparatistes, a-t-il ajouté, soulignant que de point de vue stratégique, "les relations antagoniques et le leadership du Maroc dans la rive sud de l’espace euro-méditerranéen et particulièrement en Afrique attisent et nourrissent des ambitions de marginalisation accélérée de ce rôle pivot que Rabat a procuré".
"Entre l'essor des hydrocarbures et le développement que connaissaient plusieurs États africains, notamment de l’Afrique de l’Ouest, et le statut pivot de Rabat dans ces équations géostratégiques et géoéconomiques de dimension Europe-Afrique, Alger est entrée dans une situation d’affolement. En soutenant des acteurs non étatiques et opaques, Alger cherche à altérer les paramètres de la force de Rabat en essayant d’affaiblir la sphère d’influence marocaine et -à une vision géo-énergétique et géoéconomique- modifier les paramètres du leadership marocain", relève M. Roudani.
"Nul doute, l’Algérie est aujourd’hui dans une situation étrange caractérisée par une forte introversion intérieure et une forte extravagance extérieure, qui s’observe dans sa quête à paralyser la construction d’une entité maghrébine qui, faudrait-il le rappeler, est l’unique voie de l’intégration économique et plateforme d’une coagulation des synergies stratégiques pour faire face aux enjeux immenses de la dynamique que connait l’ordre mondial", a affirmé l'expert en géostratégie.
Dans cette relation antagonique, estime-t-il, il y a deux approches qui imprègnent un Maghreb à l’arrêt. A maintes reprises Sa Majesté le Roi Mohammed VI tend la main pour une réconciliation entre les deux États pour parvenir à des convergences autour des divergences qui compromettent l’Union du Maghreb, observe l'expert, notant que dans cette perspective, le Maroc a cherché à mettre en place les conditions d’un sursaut maghrébin.
"Pour Rabat, la paix et l’instauration d'un marché où règne la libre circulation des personnes et des biens sont un vrai moteur pour la construction maghrébine, mais pour Alger, c’est tout le contraire, il n’a pas hésité à pousser un mouvement monté de toute pièce pour assouvir ses ambitions géopolitiques, à bloquer le passage entre deux pays du Maghreb, le Maroc et la Mauritanie, et à obstruer ainsi le flux des personnes et des biens, a conclu M. Roudani.