Le Conseil de sécurité vient d'adopter la résolution 2548, qui conforte la position du Maroc et met l'Algérie face à ses responsabilités. Quelle est votre lecture de cette résolution ?
Cette résolution est une bataille de plus gagnée par le Royaume car elle consacre la prééminence de l'initiative marocaine d’autonomie, du fait de son sérieux et de sa crédibilité. D'ailleurs, les Etats-Unis ont redit que la proposition marocaine d’autonomie est "sérieuse, crédible et réaliste" car elle est une solution pour que les habitants de ces provinces vivent "dans la paix et la dignité". Le message américain est aussi un avertissement au "polisario" car il a émis l'espoir que "l’ensemble des parties respecteront leurs obligations au titre du cessez-le-feu, coopéreront pleinement avec la MINURSO et s'abstiendront de toute action qui pourrait déstabiliser la situation ou menacer le processus onusien".
L'Algérie continue d’appeler au référendum. Cet appel ne contredit-t-il pas cette nouvelle résolution du Conseil de Sécurité qui consacre les paramètres fondamentaux de la solution politique à ce différend régional?
Effectivement, la résolution 2548 consacre l'Algérie en tant que partie principale en la citant à cinq reprises. L'appel au référendum fait par Alger est une grande contradiction car plusieurs résolutions invalident cette idée. Mais le régime algérien reste dans une posture à la fois idéologique et stratégique. La réalité est que nous sommes face à des motivations réalistes de puissance. Notre voisin considère que "l'agrandissement" du Royaume romprait l'équilibre régional. Enfin, il sait que la tenue d'un référendum est techniquement impossible du fait de l'impossibilité de constituer un corps électoral. Tout cela démontre sa volonté de faire perdurer ce conflit artificiel car elle ne souhaite ni reconnaître son implication et son erreur, ni aboutir à une solution définitive.
Quelle est votre réaction "de la situation de blocage en cours" provoquée par le polisario et ses milices dans la zone tampon de Guerguerat ?
Le "polisario" est dans une surenchère et une provocation permanente contre l'intégrité territoriale du Royaume. Plusieurs éléments locaux et internationaux l'expliquent. D'un point de vue local, ces provocations cherchent à détourner la colère des populations séquestrées des camps de Tindouf contre les dirigeants de cette organisation séparatiste.
Une révolte a actuellement lieu dans les camps contre la corruption et l'organisation "mafieuse". Sur le plan international, le très sérieux Wall Street Journal l'a qualifié, en 2019, de "groupe marxiste lié au terrorisme régional" et une menace pour la paix et la stabilité régionale. Un an auparavant, l'arrestation de trois personnes ralliées à Daech avait permis de mettre en lumière les connexions du Polisario avec des réseaux terroristes. Le Maroc en a parlé à plusieurs reprises au sein des instances internationales. Les camps de Tindouf, dont venait l'une des trois personnes, sont connectés aux réseaux terroristes et aux groupes criminels régionaux.
En 2018 toujours, un rapport financé par la Commission Européenne avait confirmé ces relations. La réalité est que le "polisario" sait que son discours ne séduit plus. Il cherche via l'action terroriste et le crime organisé à survivre. Il s'apparente de plus en plus à un "groupe hybride". Il s'agit là d'un signe de plus de la vacuité de son projet et de son incapacité à avoir un discours crédible et raisonnable.
En effet, le Conseil de sécurité de l'ONU a exprimé sa préoccupation face aux provocations du "polisario" à Guerguerat et lui a demandé de respecter ses engagements conclus avec la Minurso.
Le porte-parole du secrétaire général Antonio Guterres leur a intimé de ne pas "entraver la circulation civile et commerciale à Guerguerat et de n’entreprendre aucune action à même d'altérer le statu quo sur le terrain". Mais les milices du "polisario" n'ont plus que des actions provocatrices de ce type, car il y a chez eux une inexistence de projet viable et de propositions concrètes.
L'ouverture de Consulats au Sahara marocain se poursuit et s'accentue. Comment jugez-vous ce développement majeur ?
Une reconnaissance bilatérale est bien évidemment nécessaire, même si le cadre onusien multilatérale reste prépondérant. Le plan d'autonomie, proposé par le Maroc en 2007, est la seule offre crédible et la seule option permettant de concilier paix, stabilité et respect du droit international. De nombreux pays l'ont compris et le démontrent via l'ouverture des consulats au sein des Provinces du Sud.
Les Comores, la République centrafricaine, Sao Tomé-et-Principe, la Côte d'Ivoire, le Gabon, la Guinée, la Gambie et depuis peu les Emirats Arabes Unis. La position du Royaume et la crédibilité de son offre en sortent considérablement renforcées. Il s'agit d'une reconnaissance explicite de la souveraineté marocaine sur son Sahara car l'ouverture d'un poste diplomatique est tout sauf symbolique.