Une vocation qui s'explique également par le choix porté sur la ville par une brochette d'artistes, notamment étrangers pour y résider et poursuivre leur créativité artistique et cela sans compter les artistes Souiris qui évoluent dans différents domaines de la créativité artistique et intellectuelle.
Ces artistes représentant différents courants et tendances d'arts (naïf, tribal, abstrait, réaliste, surréaliste...), ont su s'exporter au-delà des frontières nationales pour représenter, comme il se doit, leur ville : ce berceau de l'art, de la réflexion et de la créativité.
Des atouts parmi d'autres et une notoriété à ne plus démonter, à la faveur d'une cité multiculturelle dont le nom s'est nettement lié à l'émergence des arts et de la culture dans leurs aspects et dimensions les plus humains et universels.
Si l'histoire de la cité des Alizés est étroitement liée à celle des arts, cela n'est nullement un pur fruit du hasard, mais un choix judicieux et très bien pensé, opéré il y'a une trentaine d'années par une société civile dynamique ayant choisi de bâtir toute la dynamique socioéconomique de cette ville "créative" sur la culture et les arts.
La promotion des arts à Essaouira est "une réalité quotidienne" et est inscrite dans la durabilité, ce qui a eu pour effet non seulement l'émergence d'une activité culturelle et artistique dense et régulière, mais aussi la floraison d'un véritable tourisme basé sur l'art et la culture.
La multitude des paysages que la Cité des Alizés recèle avec ses remparts, son port historique, ses Seqallas et monuments...., conjuguée à son histoire séculaire, et à sa qualité de destination du "vivre en commun", fait qu'Essaouira s'est très tôt érigée en cité d'inspiration et de prédilection, sans nul conteste, pour des artistes de tous bords, Souiris et autres, répartis entre plasticiens, calligraphes, musiciens, poètes...
Un véritable sceau apposé, à la manière des grands, par Essaouira qui continue jusqu'à nos jours de marquer toute la scène artistique nationale et ce, depuis la découverte durant les années 80 par le grand collectionneur d'art Frédéric Damegaard des artistes fondateurs de "L'Ecole d'Essaouira".
Un essor artistique qui trouve son fondement ancré dans l'ADN d'Essaouira pour se traduire via l'émergence d'une série de galeries d'arts, à l'image de celle de "Damegaard", faisant ainsi briller de mille feux toute la Cité des Alizés et lui conférer, ainsi, un label artistique inégalé. Une notoriété acquise aussi grâce à une multitude de prestigieux festivals organisés chaque année par l'Association Essaouira-Mogador comme "les Andalousies Atlantiques", et "Jazz sous l'Arganier", "le Printemps Musical des Alizés" pour ne citer que quelques-uns.
Approché par la MAP, M. Ahmed Harouz, artiste-peintre et critique d'art, a fait savoir que "les galeries d'Essaouira prennent source d'abord, dans le travail des artistes durant des décennies et témoignent de tout l'intérêt porté à la créativité artistique intrinsèque à la cité des Alizés".
"Depuis les années 60, il y avait eu des expositions à Essaouira entre artistes-peintres souiris, musulmans ou juifs, créant une dynamique soutenue autour du travail artistique. Une dynamique qui va s'accentuer davantage durant les années 70 que ce soit, à l'échelle locale ou régionale voire même, nationale et internationale; avec des artistes souiris qui vont exposer à l'étranger comme le doyen des artistes d'Essaouira, Feu Boujemâa Lakhdar", a rappelé M. Harouz également chargé de programmation au sein de l'Association Essaouira-Mogador.
Durant les années 80, on assistait à une explosion des expositions artistiques avec l'aménagement d'espaces dédiés à l'art, notamment la création vers 1986/1987 de la première galerie d'arts Damegaard, puis en 1993 de la Galerie Othello, suivie d'autres galeries et ateliers d'artistes, dont certaines se sont spécialisées dans un style d'art ou carrément de celui des artistes souiris pure souche, ou encore de l'art développé par des artistes étrangers installés dans la cité des Alizés, a-t-il expliqué.
Ces espaces d'exposition, a enchaîné cet artiste-peintre, ne concernent pas uniquement la ville d'Essaouira, mais se trouvent éparpillés dans d'autres zones relevant de la province comme Ounagha ou encore El Hanchane..., tout en mettant en avant le rôle important joué par la direction provinciale de la culture pour la promotion de l'action culturelle et artistique, notamment à travers la gestion d'une série d'espaces, à l'instar de Bab Marrakech.
Dans la foulée, il a mis en relief l'importance de la Salle d'exposition "Tayeb Essadiki" au sein de Dar Souiri en termes de promotion de cette dynamique et de soutien à la créativité artistique via une série d'expositions organisées tout au long de l'année.
M. Attar Kabir, directeur de la Galerie "La Kasbah" s'est attardé, quant à lui, sur l'histoire de cet espace d'exposition, une véritable demeure de négociants, érigée sur deux niveaux qui datait du 18è siècle, d'où déjà, son importance symbolique, relevant que cette Maison a été restaurée pour être complètement dédiée, dès les années 90, à la culture et aux arts.
Tout en mettant en avant cette mixité artistique qui s'est créée au sein de cet espace en raison d'une multitude d'expositions organisées avec des artistes du Maroc comme de l'étranger, M. Attar a relevé que dans un souci de rendre un vibrant hommage aux artistes natifs d'Essaouira, "nous avons veillé à l'aménagement d'une salle au sein de notre galerie complètement dédiée aux défunts artistes, 22 au total, dont nous gardons toujours de belles oeuvres artistiques que les visiteurs viennent découvrir tout au long de l'année".
Benhmida Zakaria, animateur au sein de la Galerie "Othello" a, de son côté, donné un aperçu historique sur cet espace d'exposition si singulier, notant que cette galerie de par les objets et articles de grande valeur qu'elle offre à voir et à apprécier, s'intéresse à tout ce qui se rapporte aux arts et se veut, de ce fait, éclectique avec des chefs-d'œuvre reflétant la diversité et la richesse artistiques d'Essaouira et d'ailleurs.
L'artiste-peintre souiri Jaridi Mohamed a, pour sa part, mis l'accent sur la particularité de son art, à travers la passerelle qu'il tentait de créer en surfant de la poésie libre vers la peinture, rappelant que l'art plastique a fait son émergence à Essaouira durant les années 80, avec l'ouverture de deux galeries d'art à savoir: "Damegaard" et "Othello", ce qui avait largement contribué à l'émergence de nombre d'artistes peintres, dont la notoriété est désormais universelle.
Entre galeries, ateliers artistiques et espaces d'exposition, Essaouira ne cesse de soumettre l'art et la culture au banquet de la réflexion, de la critique et du questionnement scientifique édifiant. Une démarche qui permet désormais à la Cité des Alizé de figurer, sans nul conteste, sur la liste des adresses incontournables dédiées à la promotion de la créativité artistique universelle dans toute sa diversité et sa splendeur.