Face à la prolifération du terrorisme et de la radicalisation et surtout les flux d’armes illicites sur le Continent, l’Union africaine est toujours profondément préoccupée par ces menaces qui compromettent les efforts déployés par l'organisation panafricaine pour mettre fin aux conflits et instaurer la paix et la sécurité en Afrique.
Dès de le début de l’année en cours, le Président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a tiré la sonnette d’alarme lors du 33eme sommet de l’Union tenue en février dernier à Addis-Abeba avec un accent particulier sur le thème de l'année 2020 : « Faire taire les armes: Créer des conditions propices au développement de l'Afrique».
«En Afrique, la persistance des foyers du terrorisme dans de nombreuses régions et leur inquiétant développement a rappelé, à la conscience africaine et internationale, que ce cancer est loin d’avoir été éradiqué. L’hydre est toujours là, en éveil actif, menaçant d’effondrement certains Etats. Il a pris pied dans les profondeurs du Continent, bien au-delà de ses foyers traditionnels, comme l’atteste les crimes odieux commis par des groupes terroristes sur les populations civiles au Mozambique, en Tanzanie et à l’Est de la RDC, où les principales victimes de la barbarie sont les femmes et les enfants», avait déploré le président de la Commission.
Et d’ajouter : «la Corne de l’Afrique, le Sahel et le bassin du lac Tchad sont aujourd’hui en guerre, une vraie guerre où des militaires et civils, meurent par dizaines, presque toutes les semaines. Des milliers d’enfants ont vu leurs écoles fermées, soit parce qu’elles sont détruites, soient parce que maîtres et écoliers se sont trouvés obligés de fuir».
Dans la riposte à cet ennemi particulièrement sanguinaire et aveugle, le président de la Commission a été claire : «le déficit de solidarité africaine est déconcertant».
Cette préoccupation profonde a été réitérée le 20 octobre dernier lors d’une réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA) sur «l'impact des Combattants terroristes étrangers(CTE) sur la paix et la sécurité en Afrique».
Ainsi, le CPS de l’UA s’est dit «profondément préoccupé par la menace croissante que le terrorisme, la radicalisation et l'extrémisme violent font peser sur la paix et la sécurité en Afrique, ainsi que par l'afflux de combattants terroristes étrangers, qui compromettent les efforts déployés par l'UA pour mettre fin aux conflits violents et pour instaurer une paix, une sécurité et une stabilité durables sur le continent».
L’organe décisionnel de l’Union africaine a également exprimé sa profonde préoccupation pour «les liens croissants entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, notamment le blanchiment d'argent, les flux financiers illicites, la prolifération illicite des armes légères et de petit calibre, le trafic d'êtres humains et de drogue, ainsi que par la menace croissante des cybercrimes liés au terrorisme et la possibilité que des armes de destruction massive parviennent aux organisations terroristes».
Face à cette situation alarmante, les pays africains sont appelés à conjuguer les efforts et intensifier la coopération pour s’attaquer aux origines du financement des groupes terroristes et détruire leur capacité à agir.
Outre le renforcement des capacités des institutions nationales de défense et de sécurité en matière de lutte contre le terrorisme, les pays africains ont été invités par le CPS de l’UA à s'abstenir également de payer des rançons aux terroristes et à s'attaquer de manière globale et intégrée aux causes profondes de ce phénomène.
En plus de la menace croissante du terrorisme et de l’extrémise violent, l’Afrique doit relever un autre défi qui pèse sur la paix et la sécurité dans le Continent, celui de «la disponibilité continue d’armes illicites».
Le constat est édifiant : «Sur les 40 millions d’armes détenues par des civils, environ 5,8 millions sont officiellement enregistrées, tandis qu’environ 16 millions ne le sont pas. Le statut des 18 millions restants n'est pas clair».
Ces chiffres inquiétants ont été annoncés le 22 septembre dernier à l’occasion de la célébration du « Mois d'amnistie en Afrique: mise en œuvre du thème de l'UA de l'année 2020 '’Faire Taire les Armes: créer des conditions propices au développement de l’Afrique’’ ».
Ainsi, l’Union africaine par la voix de son Commissaire à la Paix et à la Sécurité, a affirmé que «l’un des défis à une paix et un développement durables est la disponibilité continue d’armes illicites».
«La Commission, en partenariat avec Small Arms Survey, a entrepris une étude cartographique des flux d'armes légères illicites en Afrique en 2019. L'une des conclusions importantes de cette étude est le nombre d'armes détenues par des civils sur le continent africain, estimé à 40 millions (40.000.000), jusqu’à 2017; ce qui représente près de 80% de toutes les armes du continent», a indiqué le Commissaire à la Paix et à la Sécurité, précisant que «cela inclus les particuliers, les entreprises enregistrées, tels que les sociétés de sécurité privées et les groupes armés non étatiques »
« En outre, sur les 40 millions d’armes détenues par des civils, environ 5,8 millions sont officiellement enregistrées, tandis qu’environ 16 millions ne le sont pas. Le statut des 18 millions restants n'est pas clair. C'est une source de préoccupation pour nous tous. En conséquence, nous devons redoubler d’efforts pour relever ce défi, qui constitue en fait une menace très grave à la paix, à la gouvernance et au développement », a-t-il souligné.