Dans une interview accordée à la MAP à l'occasion de la tenue, lundi, de la session extraordinaire du Conseil au cours de laquelle il a examiné et approuvé son budget, qui s'élève à près de 33 millions de dirhams, M. Aourhebal a fait savoir que le financement des projets dans la province de Khénifra demeure insuffisant car le budget de la province est incapable de répondre aux besoins croissants en termes de projets de développement, relevant que la plupart des communes de la province sont pauvres, avec des moyens et des ressources financières faibles et disposent à peine de crédits pour couvrir les dépenses des fonctionnaires.
Le budget du Conseil provincial souffre depuis deux ans d'un déficit en raison de son engagement à rembourser la dette contractée auprès du Fonds d'Equipement Communal (FEC), et qui a contribué à la mise en oeuvre de programmes de réhabilitation de la province de Khénifra, dont le lancement a été donné par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a ajouté le président du conseil, citant également les dépenses à caractère fixe, notamment les salaires des fonctionnaires, des auxiliaires, et d'autres dépenses couvrant les frais des décisions judiciaires en plus de dépenses visant à soutenir les programmes de lutte contre la propagation de la pandémie du Covid-19.
M. Aourhebal a fait remarquer que le soutien du conseil de la région Béni Mellal-Khénifra est quasi-inexistant si l’on compare les investissements de la région dans la province de Khénifra avec les autres provinces qui forment le territoire de la région.
Preuve en est, détaille M. Aourhebal, au cours des trois dernières sessions du conseil de la région, 49 accords de partenariat ont été approuvés et répartis comme suit: la province d’Azilal avec 15 accords pour un coût total de plus de 404 millions de dirhams (MDH), la province de Béni Mellal avec 14 accords pour un coût global de plus 235 MDH, la province de Fqih Ben Salah avec 08 accords ayant nécessité une enveloppe budgétaire de plus de 116 MDH, la province de Khouribga avec 7 accords (plus de 92 MDH) et la province de Khénifra dont le nombre d’accord a atteint 5 pour un coût total de 32 MDH.
Et d'ajouter que la vérité choquante de ces chiffres affiche clairement l'ampleur de l'exclusion systématique à laquelle est soumise la province de Khénifra et dont le législateur a accolé le nom à celui de la région, non pas de façon arbitraire, mais pour faire de la province de Khénifra le principal deuxième pôle de la région, sauf que les décideurs au niveau de la région en voulaient autrement en la plaçant dernière de la liste.
Cette exclusion se manifeste également dans le document du schéma régional d'aménagement du territoire (SRAT) de la région Béni Mellal-Khénifra, qui a consacré autre chose que la justice spatiale, au détriment du principe d'équité, a-t-il insisté, relevant que le bureau d'études chargé de l'élaboration du document du SRAT a approuvé 4 "Espaces projets" dans la répartition du territoire de la région ayant bénéficié, chacun, d'un certain nombre de projets comme suit: L’espace projet du DIR ayant bénéficié à la province de Khénifra à hauteur de 34% des investissements qui lui ont été alloués, l’espace projet du plateau avec 15 projets au total, dont un seul destiné à la province de Khénifra, d'une valeur de 200 MDH, sur un total de 17 MMDH, soit 7%, l’espace projet de la plaine qui compte 10 projets, dont le financement total s’élève à plus de 7 MDH, sans le moindre projet pour Khénifra et idem pour l’espace projet de la montagne dont le nombre total des projets s'élève à 20 (plus de 10MDH) avec une part de zéro pour Khénifra.
"Ceci étant comme si la province de Khénifra ne disposait pas de zone montagneuse aux caractéristiques forestières diverses et importantes au niveau national, au sommet desquelles se trouvent des cèdres et des chênes verts, et de vastes parcs naturels et d'importantes ressources hydriques provenant de sources et de lacs qui méritent une attention particulière, des investissements et une meilleure commercialisation", a-t-il dit.
En somme, fait remarquer le président du conseil provincial, "sur 100 milliards de DH de projets inclus dans le SRAT dans la région, seulement 5 projets dont bénéficiera la province, soit 5 pc et ce, pour une période allant jusqu'à 25 ans qui est la durée de validité du document SRAT".
Déplorant cette situation, il a souligné que le conseil provincial n'a pas été et ne sera pas satisfait des interventions du conseil de la région de Béni Mellal-Khénifra dans la province, ajoutant que la région dispose d’atouts naturels, humains, historiques et culturels d'une grande importance qui nécessitent des investissements et une commercialisation plus importante.
La ville de Khénifra s’est réjouie après ses nombreuses expériences administratives du nouveau découpage administratif du Royaume dans le cadre du chantier de la régionalisation avancée et son intégration dans la région Béni Mellal-Khénifra, et espérait que cette dernière assumerait son rôle de développement global et intégré en mettant fin au favoritisme alors que la finalité ultime de la régionalisation avancée tend plutôt vers le développement socio-économique global, intégré et équilibré, basé sur une approche participative et solidaire, a-t-il poursuivi.
D'une manière globale, la province de Khénifra est exclue de la stratégie de développement de la région de Béni Mellal-Khénifra. "Vous en avez la meilleure preuve dans les chiffres présentés à cet effet". "Même les projets minimes destinés à la province sont en suspens, et ceux en phase de mise en œuvre connaissent une cadence lente par rapport à ce qui est observé dans les projets menés, par exemple, dans la province d'Azilal, de Béni Mellal ou de Fqih Ben Salah", a-t-il conclu.