"C'est un jour mémorable pour l'Amérique, pour la Constitution des États-Unis et pour un État de droit juste et impartial", a déclaré Trump en applaudissant sa nominée lors d'une allocution à la Maison Blanche lundi soir.
Sur un ton jubilatoire, il a ajouté que la magistrate de 48 ans, est "l'une des juristes les plus brillantes de notre pays et elle rendra une justice exceptionnelle au plus haut tribunal de notre pays".
Après le décès de la juge Ruth Bader Ginsburg, les juges progressistes sont désormais minoritaires. Durant son mandat, Trump a désigné trois membres assurant, avec les juges Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh, une confortable majorité de 6 à 3 aux conservateurs dans cette institution-clé de la politique américaine. Dans les autres juridictions du pays, Trump a réussi à désigner quelque 200 juges majoritairement jeunes.
Il réalise ainsi une promesse faite lors de sa campagne de 2016. Fort de l'appui des électeurs conservateurs, en particulier les évangéliques, sur lesquels il compte à nouveau pour assurer un second mandat, le candidat républicain avait promis de faire siéger des juges conservateurs.
Le poids de ces magistrats est d'autant plus décisif qu'ils sont appelés, pendant des décennies, à rendre des arrêts déterminants pour la société américaine sur des dossiers chauds comme le droit des migrants, l'avortement, le port d’armes à feu ou encore lors d'un litige sur l'issue de l'élection. Il revient en effet à la Cour suprême de trancher en dernier recours au sujet d'une décision prise au sein d’un des cinquante Etats ou par l’Etat fédéral et ses arrêts sont rendus sans l’opportunité de faire appel.
Pour M. Trump, la titularisation de Mme Barett est une victoire éclatante à une semaine de l'élection présidentielle. Elle lui permet de galvaniser l'électorat de droite et de convaincre davantage d'indécis alors qu'il est toujours donné à la traîne dans les sondage face à son rival démocrate Joe Biden.
Durant le processus de confirmation, les républicains au Sénat ont montré combien il font bloc derrière le président. La titulaire du nouveau siège à la Cour suprême a été confirmée au terme d'un vote de 52 à 48, un mois après sa nomination par le président Trump, marquant un processus de confirmation ultra-rapide qui a laissé les démocrates se plaindre de leur impuissance à retarder ou à arrêter l'ascension d'un autre conservateur à la plus haute instance judiciaire du pays.
Réagissant au vote, Joe Biden a publié une déclaration pour mettre en garde contre les implications de l'actuel rapport de forte au sein de la Cour suprême et rappeler les enjeux du vote du 3 novembre. «Si vous voulez protéger vos soins de santé, si vous voulez que votre voix soit entendue à Washington, si vous voulez dire non, cet abus de pouvoir ne vous représente pas - alors venez voter », a-t-il plaidé.
Les démocrates ont parfois brandi la menace d'ajouter des sièges à la Cour suprême s'ils arrivent à remporter la Maison Blanche, une proposition critiquée, une nouvelle fois, avec virulence par le chef de la majorité républicain au Sénat, Mitch McConnell. La limitation de 9 juges au sein de cette juridiction est en vigueur depuis 1869.
«Les élections vont et viennent. Le pouvoir politique n'est jamais permanent, mais les conséquences pourraient être cataclysmiques si nos collègues d'en face laissent la passion partisane déborder et enfreindre les règles de base de notre gouvernement», a déclaré McConnell, ajoutant que« les élections ont des conséquences ».
Tard lundi soir, la nouvelle juge a prêté serment à la Maison Blanche en présence d'un Donald Trump qui savoure triomphalement ce succès. Peut-être y voit-il un rebond qui lui permettra de déjouer à nouveau les pronostics et se maintenir aux commandes du pays?