Ainsi, les espaces de la capitale économique connaissent une situation paradoxale marquée par la présence de voitures de tramway qui sillonnent les différentes zones de la ville, de nouveaux bus de transport urbain, des taxis et des voitures traditionnelles à traction animale connues sous le nom de «Karouila" et qui contrastent avec la fierté d'une ville qui cherche constamment à devenir intelligente avec ses structures et ses équipements.
Toutefois, ce moyen de transport, qui a des histoires drôles et parfois dérangeantes pour la population locale, est toujours considéré comme un moyen de transport privilégié pour une grande frange de la population en ce sens qu'il est constamment disponible et le prix à payer est dérisoire et ne dépasse pas quelques dirhams.
C'est pour cette raison justement que la carriole continue de bousculer ceux qui empruntent les différentes artères de la capitale économique, et parfois les agace et les dérange même en entrant avec eux dans une course effrénée qui obéit à la «loi du plus fort".
Ce mode de transport, qui est visible dans les différents espaces publics populaires, transporte des passagers, des marchandises, et parfois même le mobilier; néanmoins, il est resté fidèle à sa vocation de résoudre les problèmes d'un grand nombre de citoyens, surtout lorsqu'il s'avère difficile de trouver une autre alternative pour le transport.
A la question de savoir s'il s'agit d'un moyen de transport clandestin ou ce qui est communément appelé "khattafa" (transporteur illégal), un cocher rencontré près de l'entrée ouest du marché de gros de légumes et de fruits à Casablanca, estime que cette appellation renferme des préjugés et une certaine humiliation, ajoutant que "les propriétaires de carrioles assurent leurs activités au su et au vu de tout le monde", et ont de nombreux clients avec qui ils entretiennent de bonnes relations.
Selon lui, la carriole que certains sous-estiment, constitue une source de revenus pour de nombreux ménages et contribue même à résoudre les problèmes délicats liés au transport, notant toutefois que ce moyen de transport dérange nombre d'usagers de la route, mais les conducteurs de taxis et les camionneurs ne respectent pas le code de la route, alors comment pourrait-on dans ces conditions demander au cocher de s'y conformer.
Il y a quelques semaines dans le quartier Moulay Rachid, un accident de circulation impliquant une carriole et un taxi, a entraîné des pertes matérielles et une rixe s'en est suivie, et cet incident reflète la course effrénée sur la route, une scène devenue presque normale au quotidien face au trafic de la circulation.
Dans son témoignage, un jeune qui utilise fréquemment la carriole pour ses déplacements fait observer que ce genre d'échanges de coups se produisent parfois à cause d'une forte pression exercée sur les routes utilisées à la fois par les camions, les bus, les voitures, les motos et les calèches, en plus des piétons, estimant que les échanges verbaux et même les rixes entre les différents usagers de la route deviennent plus intenses surtout dans les heures de pointe, les propriétaires des carrioles et les cochers sont parties prenantes de ces incidents. Néanmoins, la situation devient plus difficile lorsque le trafic intense provoque des accidents avec des pertes matérielles, selon lui, relevant que les conducteurs de taxis craignent les carrioles et les calèches, c'est pourquoi tout le monde contribue à contourner les risques.
Evoquant les relations des propriétaires de carrioles avec leurs clients dans les différentes artères de la capitale économique, d'autres témoignages reviennent sur les causes des accidents impliquant ce moyen de transport, citant entre autres l'excès de vitesse qui conduit parfois à des accidents graves, notamment le détachement de la calèche, ce qui constitue "un vrai danger", raconte une cliente qui attend l'arrivée d'une carriole pour rentrer chez elle, ajoutant qu'elle a été témoin d'un accident de ce type près du quartier industriel de Sidi El-Bernoussi, ayant provoqué plusieurs blessés.
Certes, le transport revêt une grande importance dans la vie des habitants de la capitale économique, et puisque parfois les moyens de transport ne sont pas suffisamment disponibles ou ne couvrent pas de courtes distances, la solution qui reste possible est d'emprunter la carriole, comme c'est le cas à titre d'exemple de ceux qui fréquentent le marché de gros de fruits et légumes, ou des femmes qui travaillent dans les unités de production du quartier industriel Moulay Rachid ou du quartier industriel Bernoussi.
Dans des scènes identiques à celles qu'offrent les carrioles, les calèches opèrent dans d'autres axes comme le marché de "Chtiba" et le quartier de Bornazil afin d'assurer le transport des clients.
A Casablanca, le secteur des transports reste marqué par une situation où s'entremêlent les deux composantes traditionnelle et moderne, le choix du moyen de se déplacer est souvent tributaire des finalités fixées, mais le plus important est de faire les courses nécessaires et revenir chez soi en toute sécurité, pour les autres problèmes posés le temps s'en chargera pour les résoudre.