Issu d'un milieu défavorisé, Oussama, âgé de 18 ans, n'a jamais cessé de défier le handicap de la surdité et du mutisme et de persévérer depuis son arrivée au centre en 2008, afin de s'intégrer dans la vie publique, en profitant des leçons qu'il a reçues pour apprendre la langue des signes et maitriser la lecture, l'écriture et l'apprentissage selon le programme pédagogique adopté par le secteur de l'éducation nationale.
Approché par la MAP, Oussama a souligné qu'il a pu apprendre la langue des signes dans le Centre Sinwane, grâce au dévouement des enseignants, ajoutant "je peux dire maintenant que je vis ma vie au sein de la société presque comme une personne normale".
Oussama est l'un des 90 élèves inscrits au centre au titre de la saison scolaire 2020-2021, qui, malgré la divergence de leurs origines et leurs histoires, partagent le même handicap de surdité, ayant été placé au centre de l'action du Centre Sinwane dans le domaine de l'éducation informelle, pour qualifier cette catégorie d'enfants, à même qu'ils puissent faire face aux difficultés de la vie avec confiance et sagesse.
À l'âge de six ans, Oussama a rejoint le Centre Sinwane en tant qu'enfant souffrant de perte d'audition, après avoir été privé de l'éducation formelle, où il a commencé à apprendre des signes qui l'ont aidé à communiquer avec ses pairs et ses enseignants.
L'encadrante Fouzia Zayer a expliqué que la pédagogie d'enseignement adoptée par le Centre consiste à faire apprendre aux enfants sourds les bases de la langue des signes, avant de leur donner les leçons des programmes d'enseignement adoptés par le ministère de l'Éducation nationale, qui sont traduites en langue des signes d'une manière simple et fluide.
De son côté, la directrice du centre, Hanae El Hassani, a fait savoir que la déclinaison de cette pédagogie relève de la responsabilité d'un corps enseignant spécialisé, composé de 11 cadres, dont 6 sont assermentés en langue des signes, notant que le nombre total d'élèves inscrits au centre cette année s'élève à environ 90, qui poursuivent leur formation à tous les niveaux scolaires, du primaire à la troisième année du collège.
Les circonstances exceptionnelles liées à la pandémie de Covid-19 n'ont pas empêché les élèves de rejoindre les bancs du centre, qui a mis en place un plan d'action répondant au guide pratique pour accompagner la levée progressive du confinement, et procédé à la formation d'un comité composé des responsables et du médecin du centre pour superviser la mise en oeuvre des mesures préventives, en l'occurrence les opérations quotidiennes de désinfection et de stérilisation des espaces du centre, le respect de la distanciation physique, le marquage au sol, la prise de température, et la mise à disposition de masques de protection.
Après avoir précisé que le nombre d'élèves est passé de 120 lors de la saison écoulée à 90 cette année, en raison des craintes de certaines familles quant aux répercussions de la pandémie, Mme El Hassani a indiqué que l'administration du centre a adopté le modèle d'enseignement par alternance, présentiel et distanciel, en procédant à une répartition des élèves en deux groupes (A et B) pour réduire à 7, au maximum, le nombre d'élèves par classe.
Le centre oeuvre également à préparer les apprenants à un avenir en constante évolution, à travers des ateliers de théâtre, d'échecs et de peinture, ainsi que de couture et de cuisine qui sont encadrés par les mères d'élèves du centre, qui ont également bénéficié d'une formation en langue des signes pour améliorer leur communication avec les enfants.
"Il s'agit d'une philosophie globale d'intégration, ou presque", a dit le président de l'association Attawassol, Al Amin El Bekkali, qui a relevé que le centre, depuis sa création il y a 13 ans, veille à prendre en charge les enfants sourds et à s'occuper de leur éducation et qualification.
M. El Bekkali a assuré que l'éducation au centre est basée sur les principes nationaux et islamiques, et sur les bonnes valeurs, tandis que l'enseignement repose sur les programmes pédagogiques de l'Education nationale, du primaire à la 3è année du collège, notant que la qualification des apprenants se fait à travers des ateliers pratiques qui visent à permettre aux enfants sourds de s'ouvrir à la société, afin de faire d'eux des personnes actives et productives.
L'Association Attawassol des malentendants aspire à pouvoir s'engager dans l'enseignement secondaire supérieur (lycée) pour permettre aux élèves de poursuivre leur scolarité et de passer l'examen du baccalauréat en tant que candidats libres, ou même de s'intégrer dans d'autres cursus de formation qui leur ouvrent de nouveaux horizons professionnels.
La problématique de l'intégration scolaire dans le cadre du système éducatif inclusif à l'éducation formelle et de la défense du droit des élèves sourds à l'éducation et à des examens adaptés a incité les responsables de l'association à s'engager dans des partenariats avec des associations intéressées par les questions de handicap, dans le but de renforcer les capacités de leurs membres à plaider en faveur du droit des personnes sourdes à vivre en société sur un pied d'égalité avec les autres citoyens.