En effet, les quartiers les plus proches de la montagne ont été effacés de la carte. En revanche le port et la base navale ont peu souffert ainsi qu’une partie infime de la Kasbah d’Agadir Oufella, connue aussi chez les intellectuels par "Agadir Ighir".
La forteresse d’Agadir a incarné, durant plus de six siècles, l’importance d’un port au débouché des grandes routes continentales qui liaient Sahara et Europe, Afrique et Asie.Ce site bâti sur un promontoire exceptionnel surplombant le port a été classé comme monument historique marocain en 1932.
Soixante années après le tremblement de terre, il a été décidé de donner à ce site emblématique de l’histoire du Maroc, une nouvelle vie, dans le respect des protocoles internationaux des interventions patrimoniales post-catastrophes, afin d’ouvrir cet espace à la visite et au recueillement.
Ce projet entre dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de Développement Urbain de la Ville d’Agadir 2020-2024 dont la convention cadre a été signée, le 4 février 2020, sous la Présidence de SM le Roi Mohammed VI .
La mise en valeur de la Kasbah d’Agadir Oufella vise notamment à restituer l’attractivité de ce site et à assurer accès au plus grand nombre de public dans les meilleures conditions.
À partir de septembre 2017, une grande opération de concertation et de mobilisation des parties prenantes a été entamée. Société civile, rescapés et descendants des victimes, associations culturelles de la ville, ont été consultés sous forme d’ateliers et de rencontres.
Ces rencontres se sont poursuivies durant plus de deux années ponctuées de conférences internationales en 2018 et 2019 à destination des responsables régionaux, communaux et associatifs pour élaborer une vision commune garante de la réussite du projet de réhabilitation de la Kasbah.
Le projet s’est donc appuyé sur un protocole scientifique multidisciplinaire (archéologues, historiens, anthropologues, architectes et ingénieurs) selon les principes de la science ouverte et participative, tout en mobilisant les dernières technologies de digitalisation au service de la conservation.
“La mise en patrimoine d’Agadir Oufella s’appuie sur le principe de la restitution, c’est-à-dire une reconstruction à l’identique de 1960 des lieux emblématiques de la Kasbah qui font sens au regard de son histoire”, a indiqué à la MAP, le directeur général de Société de Développement Régional (SDR) du Tourisme Souss-Massa Abdelkrim Azenfar.
Il a précisé dans ce sens que cette reconstitution concernera l’ensemble des remparts et l’unique porte d’entrée de la forteresse, tout en ménageant l’espace de sépulture intérieure qui concernait les anciennes zones habitées de la Kasbah.
Avant toute intervention, les logiques constructives des différentes époques sont finement documentées pour déchiffrer les séries d’interventions menées aux différentes époques qu'a connues la citadelle au cours de son histoire, notamment suite aux épisodes de batailles successives aux tremblements de terre du XVIIIe siècle et aux différentes phases de reconstruction qui s'ensuivirent, a fait savoir le responsable.
Selon des données de Société de Développement Régional (SDR) du Tourisme Souss-Massa sur l’état d’avancement des travaux, ces derniers ont débuté le 1er juin 2020 par une étude archéologique exhaustive des parties à restituer en mobilisant les techniques contemporaines spécifiques à l’archéologie des édifices patrimoniaux disparus et tout particulièrement des fortifications.
Les 7 semaines de travaux entre le 1er juin et le 23 juillet 2020 ont concerné les fouilles préventives et les prélèvements s’y référant, ainsi que des prospections dans les abords pour s’assurer de bien commencer la restauration des remparts par une documentation préalable complète.
La stèle de marbre blanc bilingue en hollandais et arabe, datée de 1746, et qui a résisté aux assauts du temps, a été démontée le 30 juin 2020 du fait d’un état de délitement du mur qui la supportait.
Les travaux de ce projet concernent aussi la phase première de restitution des remparts, en deux temps : d’abord la façade vers la ville et la mer qui sont les plus délicates et ensuite les autres façades.
Une fois les remparts restaurés, un platelage de visite sera installé intra muros en parcours final du site historique pour bien comprendre chaque partie de son histoire tout en offrant une vue panoramique sur l'océan ou la ville.
Enfin, un mémorial œcuménique, placé entre les trois tombeaux historiques de la citadelle, accueillera le public qui le souhaite, à la fin du parcours, après un couloir du souvenir évocateur des victimes. Il sera accessible directement pour les cérémonies d'hommage, les récitals, ainsi que pour les victimes ou leur descendance. Des sentiers botaniques, jalonnés de dispositifs pédagogiques, permettront aussi de s'assurer de la protection de la faune et la flore.
Et jusqu'à hier (mercredi 14 octobre 2020), les fouilles qui se poursuivent sous la supervision d’un groupe d'archéologues marocains et espagnols ont permis de déblayer l’entrée principale de la Kasbah, dont le gigantesque portail qui a pu résister à un séisme d’une magnitude de 5,7 sur l'échelle de Richter, 60 ans sous les encombres et les différents facteurs naturels.
Ainsi, en plus de permettre à la capitale de Souss de restituer une grande partie de sa mémoire historique, la réhabilitation de la Kasbah d'Agadir Oufella est une valeur ajoutée aux atouts touristiques de la ville, qui désormais aura son côté authentique à l’instar des autres villes du Royaume.