1- Quel regard portez-vous sur la situation du secteur des PME actuellement ?
Pour la situation des PME dans le contexte de la crise actuelle, la survie passe par leurs ressources en trésorerie. Or la trésorerie est le plus souvent ce qui manque à ces entités, car elles fonctionnent sur des cycles courts et des marges réduites. Il suffit que le cycle soit brisé à n'importe quel niveau de la chaîne pour entrainer une défaillance.
La boucle est simple, pour vendre, il faut produire. Pour produire il faut des ressources financières et pour avoir des ressources financières il faut générer du cash. Or, aujourd’hui la consommation des produits intermédiaires s’est arrêtée, les consommateurs ont cessé de dépenser (sauf pour les besoins de première nécessité) et préfèrent épargner.
On remarque d'ailleurs que le taux d’épargne a augmenté comparativement aux mêmes périodes des années précédentes. Ainsi, la PME, qu’elle soit industrielle, commerciale ou dans le service, n'est plus capable de faire tourner son cycle économique.
Au Maroc, contrairement à d'autres pays, les entreprises bénéficient d'un accompagnement leur permettant de profiter de prêts bancaires à des taux réduits et des garanties allégées.
2- Quel sera l'impact de la crise sanitaire actuelle sur le nombre des PME en défaillance ?
En 2019, année d'activité normale, le chiffre officiel des défaillances d'entreprises marocaines a avoisiné les 10.000 dépôts de bilan. Si la situation de fermeture d’entreprises et des restrictions qui en découlent perdure, il faut s'attende à ce que le nombre de défaillances à fin 2020 sera au moins 3 fois plus important.
Le tissu économique marocain est constitué de plus de 90% de TPE (Très Petites Entreprises) et de PME (Petites et Moyenne Entreprises). On a tendance à penser et à parler des fleurons des secteurs économiques marocains, et ce sont les locomotives de notre économie. Toutefois, les TPE et PME sont les chevilles ouvrières qui poussent ces locomotives mais surtout qui font vivre 90% des marocains.
3 - Pensez vous que la fusion est le meilleur moyen de survie et de relance de l'activité de ces PME?
Force est de constater que les dirigeants devront jouer d'ingéniosité et d’agilité stratégique pour trouver des solutions de secours ou de sortie de crise. L’équation est simple, il faut trouver de l’argent pour survivre dans un premier temps et de l’argent pour relancer son business par la suite.
Remonter la pente pour retrouver la vitesse de croisière, que les entreprises avaient en 2019, sera un très long parcours qui ira bien au-delà des 5 prochaines années, et cela demandera aux dirigeants, mais aussi aux équipes, une sacrée dose de volonté, de patience, de temps, de courage et de résilience.
Les choix pour les dirigeants des entreprises en difficulté ne sont pas très nombreux, car les moyens de trouver de la ressource sont limités. Il s'agit de trouver des synergies complémentaires avec d'autres maillons de la chaîne qui permettraient des économies stratégiques.
La fusion est une option qui s'adresse à des entreprises plutôt structurées, car le montage de l'opération est long. Cependant, cette option reste la meilleure porte de sortie pour les entreprises en difficultés.
L’ouverture du capital peut également être une source d’injection de cash pour l’entreprise, qui certes oblige le dirigeant unique à s’asseoir autour de la table avec de nouveaux associés, mais cela permet d’éviter la lourdeur de la responsabilité bancaire et les emprunts à des taux prohibitifs. L’ouverture du capital peut être une solution simple, légère et rapide dans la recherche de capitaux.