Dimanche dernier restera ainsi gravé comme une "journée historique" dans les annales de cette ville, considérée comme l'une des plus belles citées du monde avec ses 118 îles. Pour la première fois, les 78 digues artificielles ont empêché la montée des eaux qui habituellement submergent les musées de cette ville, la célèbre place "Saint-Marc", les hôtels et les magasins, occasionnant d'importants dégâts.
Grâce à ce dispositif inédit, Venise, ville inscrite au patrimoine mondial, est parvenue à empêcher la crue de se répandre dans les rues, au grand bonheur de la population locale. Dans un message sur Twitter, le maire de la ville, Luigi Brugnaro s'est félicité qu'"il n'y a pas d'eau de crue". "C'est une fierté et une joie", a-t-il souligné.
Ces digues qui constituent un système de barrières pesant pas moins de 20 mille tonnes, se distinguent par leur capacité à s'élever du fond marin en 30 minutes, pour former un «bouclier aquatique» qui protège la ville en cas de montée des eaux au-dessus de la normale. Une fois l'eau retirée, les barrages sont remis au fond de la mer.
Malgré de fortes pluies du week-end dernier, la célèbre place "Saint-Marc" de Venise n'a pas été submergée par l'eau grâce à ces barrières de fer érigées aux points d'entrée du lac, à la grande satisfaction des commerçants et des propriétaires d'hôtels et de restaurants.
Venise, qui compte environ 50.000 habitants, reçoit chaque année 36 millions de visiteurs, dont 90% d'étrangers. La plupart d'entre eux viennent en ville à bord d'énormes bateaux, bien que le nombre de touristes ait chuté cette année en raison des répercussions du virus Covid-19.
La mise en service de ces digues, qui sont les seuls capables d'arrêter le raz-de-marée, est intervenue après les crues de novembre 2019, les pires inondations de l'histoire de l'Italie, lorsque le niveau de l'eau atteignaient des niveaux records, submergeant de nombreuses places, bâtiments et églises historiques de la ville, et affectant gravement le secteur touristique, qui est l'épine dorsale de l'économie de la cité.
Après l'horreur du choc provoqué par la montée des eaux à un niveau exceptionnel de 1,87 mètres, submergeant 80% de la ville, Venise a rapidement repris ses forces et a procédé à l'achèvement du système de digue appelé Mose et «MOÏSE», un projet colossal à tous égards, tant au niveau de ses technologies que de son coût, qui s'élève à plus de 7 milliards d'euros.
Les autorités locales considèrent que le système de barrage est l'arme décisive pour contrôler le raz-de-marée et l'empêcher d'atteindre les voies navigables de la ville, de sorte que le niveau d'eau devient constant et contrôlé.
En outre, ces barrages ne fonctionneront que si le niveau d'eau à Venise monte à 130 cm. S'il reste au-dessous de ce seuil, les autorités recourent à des passages en bois installés sur la place devant l'église "Basilique" en cas de fortes pluies et quant le niveau d'eau monte à 98 cm.
Le projet de digues mobiles a été conçu dans les années 1980, mais sa mise en œuvre n'a commencé qu'en 2003. Il devait être prêt en 2016, mais son achèvement a été retardé en raison de scandales de corruption et de coûts excessifs.
Les opposants à ces barrages mobiles considèrent qu'ils affecteront le milieu marin du lac. Ils ont lancé une campagne et recueilli 12.500 signatures contre les barrages, mais les entreprises qui ont achevé le projet ont confirmé qu'elles adhéraient à toutes les normes environnementales fixées par le gouvernement italien et l'Union européenne.
Cependant, certains experts en environnement préviennent que le réchauffement climatique entraînerait une élévation du niveau de la mer, et, en conséquence, l'eau couvrira la côte adriatique et la ville de Venise. Des questions persistent à ce propos sur la capacité de ce système de barrages mobiles à résister à la montée du niveau d'eau que prédisent les récent modèles d'impacts du changement climatique.