Dans un entretien accordé à la MAP, M. El Belamachi a indiqué que le Maroc est confronté à de nombreux défis au niveau diplomatique, dont le principal est "de préserver les acquis réalisés par le Maroc au niveau de sa première cause nationale, et de faire bon usage des conditions internationales et régionales actuelles pour avancer en faveur de notre proposition nationale de "la résolution du conflit artificiel autour du Sahara", selon les critères fixés par Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Il n'y a pas de solution sauf dans le cadre de la souveraineté du Maroc, il n'y a pas de concession après la proposition marocaine d'autonomie et pas de place pour gérer ce dossier en dehors des organes de l'Organisation des Nations Unies et du Conseil de sécurité, a-t-il insisté.
Parmi ces défis, le chercheur a cité aussi la protection de l'intérêt national dans son aspect économique, qui a été grandement affecté durant cette conjoncture exceptionnelle, notant que le Maroc "semble avoir réussi sur ce front grâce à ses différentes relations internationales et son succès à assurer sa continuité".
S'agissant des relations avec l'Union européenne, le Maroc a su maintenir sa position, malgré la conjoncture générale marquée par les difficultés dans la continuité de l'engagement européen avec les pays voisins, a-t-il expliqué, mettant dans ce sens l'accent sur les décisions de la Commission européenne en faveur du Maroc pour faire face à la pandémie, la poursuite des investissements au Royaume ainsi que les engagements offerts par le partenariat maroco-européen.
D'autre part, M. El Belamachi, qui est également président du Centre marocain de la diplomatie parallèle et du dialogue des civilisations, a appelé le gouvernement à accorder plus d'attention au dossier des Marocains du monde, en particulier ceux affectés par la crise économique due à cette pandémie, et à protéger leur droit de tout éventuel préjudice, offrant au Maroc une opportunité pour négocier avec les partenaires européens, selon une méthodologie intégrant toutes les domaines d'intérêts communs.
Il a par ailleurs souligné la nécessité du travail cohérent et efficace entre les différents intervenants de l'action internationale du Maroc, à travers l'action gouvernementale, la diplomatie parlementaire et les manifestations de diplomatie économique, le soutien de l'orientation générale du Royaume dans son environnement régional et international, et la mise en œuvre de la stratégie marocaine et les objectifs de la politique extérieure marocaine dans cette période délicate de l'histoire des relations internationales, ce qui nécessite un effort exceptionnel et innovant pour accompagner les transformations économiques et politiques que le monde connaît.
La relation avec les organismes internationaux et les organisations gouvernementales avec lesquelles le Maroc interagit en tant que partenaire crédible "se veut des espaces pour renforcer le rôle du Royaume et servir ses intérêts, en particulier face à des contraintes réalistes qui limitent l'efficacité des institutions donatrices telles que le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, ou en appliquant les principes encadrant la perception du Royaume dans ce contexte visant à renforcer le partenariat Sud-Sud et à mettre en place un droit international pour un développement qui répond aux dimensions économique, sociale et développementale des peuples touchés par les politiques économiques internationales dans leur forme actuelle, a-t-il affirmé.
Le chercheur a estimé que la politique extérieure marocaine "a réalisé une sorte de bon investissement de la conjoncture internationale qui a été submergée par la gestion de la pandémie, depuis l'annonce de la loi sur l'état d'urgence sanitaire, en adoptant une politique qui a privilégié la logique de préservation de la sécurité des citoyennes et citoyens, mobilisant ainsi son énergie et ses institutions administratives et ses missions diplomatiques à cet effet".
Au cours de la deuxième phase de la propagation du Covid-19 notamment après la levée du confinement, le chercheur a mis l'accent "principalement sur la réouverture de l'économie à certains degrés, et l'engagement dans un travail diplomatique normal selon une perception fidèle aux grandes orientations de la politique extérieure marocaine", a relevé l'expert.
Cette orientation était évidente à travers la coopération internationale du Maroc envers l'UE, ainsi que la coopération maroco-africaine, les bons offices qui ont marqué le rôle du Maroc dans le dialogue inter-libyen, ainsi que d'autres participations à de nombreux forums internationaux, avec la consécration de la nouvelle orientation de la politique extérieure marocaine représentée dans la diversification des canaux de cette politique, économiquement et politiquement vers de nouvelles destinations, a-t-il poursuivi.
L’une des observations fondamentales à cet égard, selon le chercheur, est que le Maroc a mis en place des partenariats stratégiques avec la Fédération de Russie et la Chine à travers la coopération internationale face au virus et la recherche d’un vaccin efficace contre celui-ci, ce qui traduit l’orientation du Royaume vers la création de nouvelles opportunités pour son interaction internationale, à travers de nouveaux partenariats stratégiques, sans pour autant abandonner les axes classiques des relations internationales du Maroc.
Pour ce qui est de la dimension africaine, la fidélité marocaine à une politique africaine coopérative et solidaire s'est caractérisée par une aide directe à plus de 15 pays africains, et d'autres dirigées vers l'Union africaine en tant qu'organisation continentale, a-t-il souligné, indiquant que cette aide se distinguait comme un produit national et avait une valeur matérielle tangible pour soutenir ces pays à faire face à cette pandémie, traduisant ainsi la mise en œuvre de la teneur des entretiens téléphoniques que SM le Roi a eus avec les présidents sénégalais et ivoirien en avril dernier.
Grâce à sa réaction proactive face à cette situation exceptionnelle, le Maroc avait jouit d'un large respect en réalisant ainsi une sorte de diplomatie publique avec la capacité d'agir dans une période de difficultés matérielles concernant les mécanismes habituels de coopération internationale, a conclu le chercheur.