Devenue l’épicentre du Covid-19 en Espagne et même en Europe, la communauté autonome de Madrid enregistre une moyenne de 11.000 cas par jour et près 230.000 cas depuis l’apparition de la pandémie avec plus de 9.200 morts.
Elle s’accapare de près de 40% des infections dans toute l'Espagne et un taux d'infection qui double celui du pays (20,7%), ce qui a saturé les unités des soins intensifs.
Cette situation a donné lieu à un échange d’accusations et de reproches entre la coalition gouvernementale, composée du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et Unidas Podemos, et le gouvernement autonome de Madrid, habilité à gérer le secteur de la santé. Une bataille qui a pris l’ampleur ces derniers jours après les menaces lancées par le ministre espagnol de la Santé, Salvador Illa, d’intervenir dans la gestion de la situation épidémiologique à Madrid, une prise de position rejetée catégoriquement par la présidente de la région, Isabel Diaz Ayuso, du Parti populaire (PP).
Après une réunion d’urgence tenue lundi pour trouver un terrain d’entente entre les deux parties, qui a été vouée à l’échec, le ministre Illa a durci le ton en assurant que "nous sommes déjà en retard et nous devons agir avec détermination".
"Plus nous tardons, plus les mesures que nous devons prendre sont difficiles", a souligné le ministre qui a donné un nouvel ultimatum à Diaz Ayuso, ajoutant que « la pandémie n'est pas sous contrôle".
"Espérons qu’il y aura une révision de la position des responsables de Madrid, sinon nous verrons", a prévenu Illa, qui a insisté, toutefois, que le gouvernement central ne veut pas violer les compétences de l’exécutif régional dans le domaine de la santé, mais souhaite aider pour renforcer la coopération dans la lutte contre le virus.
Pour le gouvernement central, Madrid devrait restreindre la mobilité, pendant 14 jours, dans toutes les municipalités ayant eu une incidence cumulée de 500 infections pour 100.000 habitants, et limiter les activités économiques et commerciales pour ne pas mettre en danger la santé des citoyens et des visiteurs.
Toutefois, le gouvernement régional défend sa gestion en arguant que les mesures prises à partir du 07 septembre dernier sont suffisantes et commencent à donner leurs fruits.
Touchant plus de 850.000 personnes lors de la première étape, ces mesures concernaient plus particulièrement la réduction à 10 du nombre de personnes autorisées à se réunir aussi bien à la terrasse d'un café qu'au sein d'un domicile privé, et la limitation de la capacité d'accueil des lieux de culte ou des lieux accueillant des mariages ou des veillées funèbres à 60% contre 75% auparavant.
Dans les magasins, zoos ou parcs d'attraction, la capacité d'accueil a été également réduite. Vendredi dernier même, le gouvernement régional a annoncé davantage de mesures dans une tentative d’endiguer la propagation du virus. Ainsi, plus de 167.000 personnes supplémentaires ne pourront sortir de leur quartier que pour des raisons précises comme aller travailler, se rendre chez le médecin ou emmener ses enfants à l'école.
Alors que l’escalade entre les deux gouvernements ne fait que continuer, les habitants de la région et les professionnels de la santé ne savent plus où donner la tête.
En raison du manque d’un consensus pour lutter contre un virus mortel, la population, qui se sent désemparée et victime d’un règlement de compte politique portant atteinte à ses droits, réclame la fin de cette lutte à la corde et la conjugaison des efforts pour sauver Madrid, l’un des moteurs économiques de l’Espagne.