S’il est un maître-mot qui condense le déroulement de cinq longues journées de cette session annuelle (21/25 septembre), ce serait la recherche du consensus, une vertu cardinale qui structure immuablement la politique étrangère du Royaume.
Signe éloquent de la confiance de la communauté internationale, l’élection du Maroc à ce prestigieux poste, en la personne de l’ambassadeur, représentant permanent du Royaume auprès des organisations internationales à Vienne, Azzeddine Farhane, a été faite par acclamation.
La présidence marocaine a été unanimement saluée par les différents intervenants à la plénière d’ouverture, comme celle de clôture, confirmant par la même la stature du Royaume sur la scène internationale, en tant qu’acteur résolument engagé à faire valoir les idéaux de la paix, de l’entraide et de la solidarité agissante.
La candidature du Maroc, présentée à l’unanimité du groupe africain, a été perçue comme celle de tout un continent, qui revêt une importance stratégique jamais démentie dans les rapports du Royaume avec ses pairs africains.
Dans une allocution en visioconférence, à l’ouverture de la Conférence générale de l’AIEA, le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, a réitéré l’engagement et l’attachement inébranlable du Maroc à l’esprit du Pacte de non-prolifération nucléaire (TNP) et à la centralité du rôle de l’AIEA dans la mise en œuvre des dispositions de ce Pacte.
Cette 64ème session se tient dans une conjoncture critique et un contexte mondial particulier marqué par la lutte de la communauté internationale, depuis plus de neuf mois, contre les défis inédits engendrés par les répercussions difficiles et multiformes de la pandémie de Covid-19, sur les plans sanitaire, économique et social, a-t-il fait observer.
Faisant part de la considération du Maroc aux aides urgentes fournies par l’AIEA à 150 Etats membres, dont 45 pays africains, il a relevé que les principes de la solidarité et de la coopération Sud-Sud, loin d’être des slogans creux, sont pour le Maroc des axes fondamentaux qui structurent sa politique étrangère, dont les jalons ont été posés par SM le Roi Mohammed VI.
Pour traduire ces principes dans les faits, a-t-il poursuivi, Sa Majesté le Roi a annoncé, en avril dernier, une initiative novatrice et inédite visant à mettre en place un plan de travail au niveau des chefs d’Etats africains pour appuyer les différentes phases de la gestion de la crise sanitaire engendrée par la pandémie du coronavirus.
C’est dans ce sens, a-t-il expliqué, que s’inscrit l’envoi par le Maroc, sur Hautes instructions royales, d’aides médicales à une vingtaine de pays africains de toutes les régions du Continent, pour contribuer aux efforts déployés dans la lutte contre la pandémie du Covid-19.
Et c’est précisément dans cette optique qu’il importe de placer l’organisation par le Maroc et l’AIEA, lundi dernier, d’un panel de haut niveau, le premier du genre à être initié pendant la Conférence générale de l’Agence, sur le rôle des technologies nucléaires dans la lutte contre le cancer de l’utérus dans le continent africain.
C’est dans ce même esprit qu’intervient l’appel du Maroc aux Etats membres à inscrire cette thématique à l’ordre du jour de l’AIEA et à réfléchir ensemble à une résolution dans ce sens à soumettre à la prochaine session de la Conférence générale de l'Agence, en impliquant toutes les parties prenantes.
Ceci est d’autant plus vrai que le cancer du col de l'utérus, qui représente un fardeau de santé publique important dans le monde, malgré la disponibilité de stratégies efficaces de prévention et de traitement, tue plus de 300 000 femmes chaque année, dont environ 90% vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.
C'est le quatrième cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez les femmes dans le monde et le cancer le plus courant dans la moitié des pays d'Afrique subsaharienne : 19 des 20 pays les plus touchés par cette maladie se trouvaient en Afrique subsaharienne en 2018.
Sous la présidence marocaine, cette 64ème Conférence générale a enchainé 39 manifestations parallèles en ligne et une partie d'entre elles a été également accessible au public.
Destinées à mettre en relief les travaux menés à l’AIEA et dans les États membres au moyen de techniques nucléaires, ces rencontres se sont déclinées en focus sur les applications possibles des approches reposant sur l’intelligence artificielle en science nucléaire, la contribution de la médecine nucléaire au traitement du cancer par radiothérapie, et la protection des ressources en eau dans le monde contre la surexploitation et la contamination.
Cette session a été également ponctuée par un forum scientifique de deux jours sur "l’électronucléaire et la transition vers une énergie propre", ayant abordé, entre autres, l’apport de l’énergie nucléaire aux efforts visant à juguler l’impact des changements climatiques, les particularités des réacteurs innovants et les méthodes de construction, l’entreposage et le stockage définitif du combustible nucléaire usé, et les principaux obstacles entravant le recours accru à l’énergie nucléaire dans la transition mondiale vers une énergie propre.
Plusieurs thématiques ont émaillé les travaux de cette rencontre, dont la sûreté nucléaire et radiologique et les moyens de renforcer les activités de l’AIEA dans les domaines de la science, de la technologie et des applications nucléaires, ainsi que l’application des garanties de l’AIEA au Moyen-Orient et en République populaire démocratique de Corée.
Les délégués ont examiné le rapport sur la coopération technique, le rapport annuel et les états financiers de l’AIEA pour 2019, ainsi que la mise à jour du budget de l'Agence pour 2021.
La présente session a été aussi l’occasion de présenter une nouvelle initiative visant à renforcer l’efficacité des systèmes nationaux de comptabilité et de contrôle des matières nucléaires (SNCC).
A l’occasion du 20e anniversaire du Projet international sur les réacteurs nucléaires et les cycles du combustible nucléaire innovants (INPRO), une manifestation parallèle a présenté les activités menées par l’INPRO, ainsi que les outils mis au point concernant tous les aspects importants pour la durabilité de l’énergie nucléaire, en l’occurrence l’économie, la sûreté, la sécurité, l’impact environnemental, et la non-prolifération. Cette rencontre permettra également à l’INPRO d’exposer sa perspective sur l’évolution des besoins et des technologies énergétiques au XXIe siècle.
Par ailleurs, cette session a été marquée par une cérémonie de présentation des traités visant à promouvoir l’adhésion aux traités multilatéraux et à donner aux représentants des États membres l’occasion de déposer leurs instruments de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion.
Les travaux de cette 64ème Conférence générale ont été couronnés par l’élection, jeudi, de 11 nouveaux membres au Conseil des gouverneurs de l’AIEA, un des deux organes directeurs de l’Agence à côté de la Conférence générale.
La liste des nouveaux membres, élus pour un mandat de deux ans (2020/2022), comprend le Sénégal et l’Egypte (groupe africain), la Pologne (Europe de l’Est), l’Autriche et la Suisse (Europe de l’Ouest), les Emirats arabes unis (Moyen-Orient et Asie-du Sud-est), la Malaisie et la Nouvelle Zélande (Extrême-Orient), et l’Argentine, le Mexique et le Pérou (Amérique Latine).