En nommant les bébés gorilles lors d’une célébration magistrale, les autorités rwandaises espèrent attirer l’attention autour des primates menacés d’extinction, et de sensibiliser à la préservation de la faune sauvage et des espèces en danger.
Devenue depuis 2005 une tradition vivace pour les Rwandais, "Kwita Izina" se déroule dans la localité de Kinigi, au pied du parc national des Volcans où vivent les primates, et coïncide avec la Journée mondiale des gorilles qui marque le jour où la célèbre primatologue, Dian Fossey, a créé le Centre de recherche Karisoke au Rwanda en 1967.
Organisé par l’Office rwandais du développement sous le thème "Conservation et tourisme durable - Une fondation pour les générations futures", l’évènement qui se tient cette année virtuellement en raison de la pandémie de Covid-19 met les défenseurs de l'environnement et de la conservation de la faune à l’honneur.
"Cette année, Kwita Izina nous donne l’occasion de célébrer ceux qui sont à l’avant-garde de la protection des gorilles de montagne en voie de disparition et de partager le succès de la conservation avec les rwandais", a déclaré Belise Kariza, la directrice du tourisme à l’Office rwandais du développement.
"Nous espérons inspirer tout le monde à visiter notre beau pays et à découvrir la merveille de la randonnée pour voir les gorilles de montagne dans leur habitat naturel. Le Rwanda est ouvert au tourisme, devenu la base d’une grande partie de notre travail de conservation. C’est pourquoi nous sommes fiers de l’impact du tourisme durable sur nos efforts de développement national et de protection de l’environnement", a-t-elle ajouté lors d'un point de presse tenu par visioconférence.
Dans le massif des Virunga, qui abrite le Parc national des Virunga dans la RDC, le Parc national des Volcans au Rwanda et le Parc national des Gorilles de Mgahinga en Ouganda, la population de gorilles de montagne est passée de 480 en 2010 à plus de 600 aujourd'hui, selon l’Office rwandais. En 1981, le nombre des gorilles de montagne dans toute la région avait chuté à seulement 242, en raison notamment du braconnage.
Actuellement, le Rwanda abrite près de 35% de la population mondiale des gorilles de montagne. Cette population connait un accroissement annuel qui profite non seulement au peuple rwandais mais aussi aux visiteurs du monde entier désireux d’observer les plus grands primates au monde dans leur habitat naturel.
Pour Olivier Mukwaya, chercheur spécialisé dans la conservation des primates et ardent défenseur de la faune, le nombre croissant des gorilles de montagne dans le Parc national des volcans témoigne des progrès accomplis dans la préservation de cette espèce en danger.
"Cela n’aurait pas été possible sans le soutien des acteurs au service de la protection de la faune et surtout l’implication active des communautés qui entoure le parc", a-t-il souligné dans une déclaration à la MAP.
Les communautés vivant à proximité du parc national des volcans contribuent significativement aux efforts de sauvegarde et de protection de la faune sauvage, a-t-il fait observer, ajoutant que l’initiative Kwita Izina joue un rôle de taille dans la sauvegarde des gorilles et est devenue une coutume et une source de fierté pour les Rwandais.
Par ailleurs, M. Mukwaya a déploré le manque de coopération entre les trois pays du massif des Virunga dans le domaine de la conservation, plaidant pour une harmonisation des politiques et efforts destinés à la protection des gorilles de montagne.
Depuis 2005, le gouvernement rwandais a adopté une politique selon laquelle 10% des revenus du parc sont reversés aux projets communautaires permettant de rallier les communautés en faveur de la sauvegarde et de la protection de la faune sauvage.
Les revenus touristiques du parc national des volcans ont atteint plus de 25 millions de dollars en 2019, d’après l’Office rwandais du développement qui précise que le parc a accueilli 17,249 visiteurs, marquant une hausse spectaculaire de 25% par rapport à 2018.
Depuis leur découverte en 1902, les gorilles de montagne ont dû faire face à de nombreuses menaces. Ils ont souffert de la guerre, du braconnage, de la destruction de leur habitat et de diverses maladies. Mais malgré les prévisions pessimistes qui prévalaient il y a une dizaine d’années, ces robustes primates ont survécu.