Le retour des touristes étrangers et nationaux suite au déconfinement et la réouverture des établissements hôteliers a, certes, donné une bouffée d’air frais à l’économie de l’archipel basée sur le secteur touristique. Toutefois, cette arrivée massive a provoqué également une augmentation sans précédent des cas d’infection aux Canaries, plus particulière en Grande Canarie, Tenerife et Lanzarote, trois îles qui s’accaparent la part du lion des touristes venant passer leurs vacances dans l’archipel.
Au cours des dernières 24 heures, les îles Canaries ont déclaré 143 nouvelles infections à coronavirus, ce qui porte le nombre de cas actifs sur l’archipel à 6.757, presque le double des infections enregistrés entre mars et avril derniers, selon les données publiées par le ministère régional de la Santé.
Depuis le début de la pandémie, 12.202 cas de coronavirus et 217 décès de patients atteints de cette maladie ont été enregistrés dans l'archipel.
Les unités de soins intensifs des hôpitaux de cette communauté autonome, tant publics que privés, sont à 45% de leur capacité avec 214 patients admis, dont 45 sont dus à des complications découlant d'une infection par un coronavirus, sur un total de 477 unités disponibles.
Cette situation a mené l'Allemagne, principal marché émetteur de touristes à l’archipel avec le Royaume Uni, à inclure les îles Canaries dans la liste des zones à risque par le COVID-19, de sorte que la recommandation officielle de Berlin d’éviter les voyages non essentiels comprend déjà l’ensemble du territoire espagnol.
La restriction allemande, qui fait suite à la décision du gouvernement britannique d’imposer une quarantaine à tous les visiteurs provenant de l’Espagne, y compris les Iles Canaries, a mis en péril le plan du gouvernement de relancer l’économie à base de dépenses touristiques et ouvert un débat sur l’équation santé-économie à la lumière de la propagation du virus.
En effet, la gestion post-confinement du gouvernement a été critiquée par des professionnels du secteur touristique, de partis politiques de l’opposition et d’associations de la société civile ayant accusé l’exécutif régional de privilégier la relance économique sur l’inquiétude sanitaire.
Ces acteurs politiques et économiques pointent du doigt le gouvernement, lui reprochant de ne pas imposer des restrictions aux touristiques souhaitant visiter les Canaries comme l’obligation de présenter un test PCR négatif à l’aéroport à l’instar d’autres pays.
Toutefois, le gouvernement régional présidé par le socialiste Angel Torres avance que les départements compétents ont pris en considération, depuis le retour à la normalité, les préoccupations relatives à la santé et à l’économie.
Le chef de l’exécutif a reconnu la "gravité" de l'impact de la hausse des cas du nouveau coronavirus sur l'économie de l'archipel, en particulier dans le secteur du tourisme, tout en faisant valoir que le plus important est de "préserver la santé" des Canaries.
En plus, le gouvernement régional insiste qu’il a réclamé à maintes reprises à l’exécutif central d’imposer des tests aux touristes étrangers après la réactivation du secteur, mais sa demande a été rejetée sous le prétexte de ne pas mettre d’obstacles devant la reprise économique.
Face à cette situation, le ministère régional du tourisme, en collaboration avec les sept Conseils insulaires, a lancé une stratégie commune pour faire pression et obtenir le feu vert de Madrid pour la réalisation des tests PCR sur les voyageurs arrivant aux Canaries.
En attendant la réponse du gouvernement central, ils ont maintenu des contacts avec les voyagistes (tour-opérateurs et compagnies aériennes) afin qu'ils exigent eux-mêmes un PCR négatif de leurs touristes et passagers avant d'entrer aux îles Canaries.
Alors que le nombre de contaminations au Covid-19 ne cesse d’augmenter aux Iles Canaries, le bras de fer continue entre les gouvernements régional et central sur les restrictions devant être adoptées pour relancer l’économie et protéger la santé des habitants. La polémique est donc servie !