Les divisions entre les composantes de la majorité sur l’adoption d’une loi controversée sur la protection des animaux aux plans politique, législatif et économique, a donné lieu à une confrontation au sein de la majorité, qui menace la droite unie au pouvoir d’effondrement et pourrait entrainer la démission du gouvernement ainsi que l’éclatement de la majorité parlementaire, ce qui risque d'amener le parti «Droit et justice » (PiS) à opter pour le scénario d’élections législatives anticipées pour rétablir sa force au sein des institutions du pays.
Le conflit au sein de la droite unie risque de limiter la représentativité des composantes de la majorité à la première chambre du parlement, et de ce fait le Parti '’Droit et justice’’ au pouvoir perdra son alliance politique avec le parti Pologne solidaire (19 sièges au Parlement) et le parti ‘’Entente’’ (Porozumienie) (18 sièges).
La domination du parti au pouvoir au Sejm est liée à son alliance avec ses deux partenaires qui lui garantissent une majorité confortable (235 sur 460) mais si les deux formations quittent la coalition au pouvoir, le parti de Jaroslaw Kaczynski perdra son équilibre à la Chambre des députés et ne pourra donc adopter à l’avenir aucune loi faisant partie de sa stratégie de gestion de la chose publique, dont des volets sont généralement contestés au plan interne et sont contraires aux plans de l’Union européenne qui critique la Pologne pour sa réforme de la justice et pour des questions relatives notamment au respect de l’État de droit, à l’environnement et à l’immigration.
Le désaccord au sein de la coalition au pouvoir remonte à plusieurs mois avec l’émergence de divergences sur le mode d’organisation des élections présidentielles, lorsque certains alliés ont refusé d’organiser le scrutin en plein pandémie de coronavirus, puis avec la démission du vice-Premier ministre, qui est également président du parti ‘’Entente’’ Jaroslaw Gowin, avant que la controverse ne s’intensifie récemment suite à la décision du parti « Droit et Justice » de procéder à un remaniement du gouvernement et une réduction du nombre des portefeuilles au détriment du reste de la majorité, une démarché à laquelle s’est opposé notamment le président de ‘’Pologne Solidaire’’, et le ministre de la justice Zbigniew Ziobro, estimant que cette décision est injuste et ne sert pas les intérêts des deux parties alliés du PiS.
Le conflit a refait surface jeudi lorsque tous les membres du parti partenaire du PiS, ‘’Pologne Solidaire’’ ont voté contre la Loi sur la protection des animaux et que les députés du deuxième allié du PiS, « Boroziminia » (Entente), se sont abstenus de voter alors que deux députés du même parti ont voté contre. De surcroit, les ministres de l’Agriculture et de la Justice ont également voté contre le texte.
Suite à l’adoption de la loi controversée qui interdit, entre autres, l’abattage rituel et l'élevage d'animaux pour leur fourrure, de nombreux membres du Parti ‘’Droit et justice’’ au pouvoir ont fait état d’une rupture des liens entre les composantes de la majorité en estimant que la fin de la coalition de droite est imminente.
Cette situation ouvre la voie à la possibilité d’élections anticipées avec la perte du parti « Droit et Justice » de sa confortable majorité au sein de la première chambre du Parlement, une majorité qu’il ne détient pas au Sénat contrôlé par les partis de l’opposition, sachant que le Parti nationaliste au pouvoir ne comptera pas sur le soutien des autres partis en raison des profondes divergences politiques et idéologiques, notamment si l’on se limite seulement au parti libéral ‘’Plateforme civique’’.
La première option qui semble la plus réaliste dans le contexte de la crise politique actuelle, est l’annonce de la tenue d’élections législatives anticipées, pour lesquelles le parti « Droit et justice » ne peut prévoir une issue favorable en l’absence de partenaires, au vu de la conjoncture politique difficile et du désaccord avec les décideurs de l’Union européenne.
Il est impossible pour le parti au pouvoir de choisir le scénario de la gestion des affaires publiques avec une minorité parlementaire, car bien qu’il demeure le parti majoritaire au sein de la première chambre, il ne peut pas bénéficier du soutien de plus de la moitié des membres de la Chambre, et en cas de formation d’un gouvernement dans la conjoncture actuelle, ses prérogatives seront paralysées, car ses décisions et ses projets juridiques seront confrontées à une forte opposition.
Avec l’effondrement de la coalition de droite et le changement des équilibres du pouvoir au sein des deux chambres du parlement, la Pologne devra faire face à trois scénarios pour surmonter la crise politique, soit la formation d’un gouvernement minoritaire, la recherche de nouvelles alliances par le Parti Droit et justice ou l’organisation d’élections législatives. Cette dernière option semble être la plus logique bien que ses résultats pourraient être désastreux pour le parti de l’actuel Premier ministre Mateusz Morawiecki.