Une étude, dont les résultats ont été publiés cette semaine par les médias, a positionné le Chili comme le troisième pays au monde le plus touché en termes de destruction d'emplois à cause de la pandémie du COVID-19.
Selon les résultats de cette étude élaborée par la Chambre de commerce de Santiago (CCS), entre mars et juillet derniers, le Chili a enregistré une baisse de 20,9% de l'emploi, dépassé seulement par le Pérou (39,2%) et Costa Rica (21%).
Dans un contexte où quelque 40 millions d'emplois ont été détruits dans le monde, la CCS a souligné dans cette étude que le facteur commun de l'évolution des marchés du travail était la perte d'emplois due aux mesures de lutte contre la contagion au SARS-CoV-2 "dans un contexte où une grande partie des activités économiques sont (ou étaient) restreintes dans leur fonctionnement".
Néanmoins, le ministre des Finances, Ignacio Briones, a annoncé, la semaine dernière, les grandes orientations du budget 2021, qui sera présenté à la fin du mois.
"Nous vivons un moment critique en matière économique et d'emploi", a indiqué le ministre, ajoutant que l'État "va avoir une empreinte spéciale", particulièrement axée sur "le travail et la réactivation, les principales priorités et défis auxquels nous sommes confrontés".
Selon M. Briones, ce budget qui sera "exceptionnel", aura pour objectifs de récupérer les emplois et relancer l'économie chilienne.
Nonobstant, le Chili œuvre au redémarrage de son économie tout en gardant à l'esprit l'impératif du maintien d'un taux de positivité bas et la lutte contre l'apparition de foyers de contagion au COVID-19.
Dans l'attente de la divulgation des détails du prochain budget, le gouvernement avait annoncé, en août, un plan d'investissement dans les travaux publics pour 34 milliards de dollars étalé jusqu'en 2022, qui comprend 2.544 projets d'infrastructure.
"L'objectif principal de ce plan est de contribuer à récupérer les 1,8 million d'emplois que nous avons perdus et les 700.000 qui sont suspendus en réactivant notre économie", a expliqué le président chilien, Sebastián Piñera, lors de la présentation de ce projet.
Sur le montant total, 24,52 milliards de dollars sont des incitations à l'investissement privé et 9,36 milliards seront fournis par le ministère des Travaux publics, a précisé M. Piñera.
Le plan, qui vise à créer 250.000 emplois d'ici à deux ans, englobe notamment la construction de 7.500 kilomètres de routes et 150 ponts à travers le Chili, des centres de santé, des musées, des théâtres, des bibliothèques municipales, des centres pour personnes âgées et des postes de police.
De son côté, la Chambre chilienne de la construction (CChC) a présenté, en juin dernier, un "Plan d'Emploi et de Réactivation" visant la création de 600.000 emplois directs et indirects en trois ans pour plus de 22 milliards de dollars d'investissements.
Ce plan, qui se veut, selon ses initiateurs, une "contribution du syndicat au défi urgent de créer des emplois pour la main-d'œuvre et de relancer l'économie", prône un effort d'investissement et un travail de collaboration étroite entre les secteurs public et privé.
Pour sa part, la Corporation chilienne du bois (CORMA) a annoncé, la semaine dernière, un plan visant à promouvoir la "réactivation verte" de l'économie du pays andin à travers la création de 75.000 nouveaux emplois dans le secteur forestier où travaillent actuellement 300.000 personnes.
Selon un communiqué de cette corporation, qui regroupe 180 petites, moyennes et grandes entreprises des industries de la foresterie, du bois, des pâtes et papiers, ce plan inclut la création de 15.000 nouveaux emplois dans le reboisement et la gestion durable des forêts indigènes, en plus de 60.000 autres emplois supplémentaires dans la construction de 10.000 maisons en bois de qualité par année.
Depuis l'arrivée du coronavirus au Chili début mars dernier, le gouvernement chilien a lancé plusieurs plans et projets pour contrer les effets économiques de la pandémie en mobilisant des ressources équivalentes à environ 12% du produit intérieur brut (PIB).
Désormais, "la reprise de l'économie et de l'emploi est la priorité nationale" au Chili", a affirmé, de son côté, le ministre des Finances, Ignacio Briones.
Même son de cloche du côté de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC). L'agence onusienne avait affirmé dès juillet dernier que la politique budgétaire devrait jouer un rôle central dans l'atténuation de l'impact social et économique de la pandémie du COVID-19 et la promotion de la reprise économique.
Dans son rapport annuel "Panorama financier de l'Amérique latine et des Caraïbes 2020", la CEPALC a relevé que la politique budgétaire devra donner l'impulsion nécessaire pour parvenir à une réactivation de l'activité économique à même de guider la région vers un développement durable et inclusif dans un monde Post-COVID-19.
Toutefois, l'économie chilienne a commencé à démontrer des signes de stabilisation après le fort impact causé par la pandémie de coronavirus, même si les "chocs" qui l'ont affectée seront de longue durée.
Selon le procès-verbal de la dernière réunion de politique monétaire de la Banque centrale, relayé mercredi par les médias, dès l'arrivée de l'épidémie du Covid-19 en mars dernier, les autorités ont appliqué des quarantaines et d'autres restrictions sanitaires qui ont eu un impact sur plusieurs secteurs économiques dont le commerce et les services.
Pour la Banque centrale, "la capacité de certains secteurs à s'adapter à la nouvelle réalité de la pandémie avec plus de souplesse qu'on ne le pensait auparavant et la mise en place de diverses initiatives pour accompagner les entreprises et les particuliers et également le déploiement de mesures de relance budgétaire et monétaire" sont autant de facteurs qui ont favorisé cette stabilisation économique.
En août dernier, le Chili a enregistré un excédent commercial de 904 millions de dollars, dans un contexte de baisse annuelle des exportations et des importations, fortement impactées par les restrictions sanitaires dues à la pandémie du COVID-19.
Selon les projections de l'entité financière, les années 2021 et 2022 connaitront une croissance respective de 4 à 5% et de 3 à 4%.