Si le gouvernement assure prendre au sérieux ce sujet, qui préoccupe au plus haut point la population, et ce en mobilisant d'importants moyens humains et matériels, l'opposition fustige l’attitude de l'exécutif qu’elle qualifie de "laxiste", allant jusqu'à parler d’une "ultraviolence partout sur le territoire" et d’une "crise de l’autorité".
Les détracteurs de l'exécutif, à leur tête l'extrême droite, l’accusent d'"impuissance" face à un “ensauvagement” de la société française, dans le sillage d'une série d'agressions fortement médiatisées, de faits violents et de fusillades ayant émaillé l'été français, accentuant le sentiment d'insécurité d'une large frange de l'opinion publique française.
En effet, selon un sondage récent de Institut français d'opinion publique (IFOP), 73% des Français jugent "négatif" le bilan du gouvernement en matière de lutte contre l'insécurité.
L'opposition, qui parle d’une "banalisation de la violence" au sein de la société française, presse aussi l’exécutif d'accélérer la sortie du "livre blanc sur la sécurité" et d'améliorer l'efficacité de la réponse pénale pour lutter contre les violences et éviter des lenteurs qui donneraient un sentiment d'impunité.
Face à l'offensive à l’encontre de l'Exécutif ces dernières semaines et en vue de rassurer les Français, le président Emmanuel Macron a décidé de placer la lutte contre l'insécurité à la tête des priorités des deux prochaines années de son mandat pour couper l’herbe sous le pied de l’opposition, tandis que son ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin multiplie les déplacements et les sorties médiatiques afin de défendre le bilan du gouvernement, mais aussi pour transmettre un message rassurant à ses concitoyens.
Dans ce sillage, le chef de l’Etat français a également souhaité que le séminaire de rentrée du gouvernement planche sur l'insécurité ainsi que sur les moyens de lutter contre le Covid-19, d’autant plus qu'il s'agit des principaux sujets qui inquiètent les Français aux côtés de la crise économique et de l’augmentation du taux du chômage.
"On comprend que nos concitoyens soient inquiets de la montée de la violence", a reconnu récemment le premier ministre Jean Castex, alors que le chef de l'Etat a souligné la nécessité de “traiter avec réalisme, force et détermination les problèmes de sécurité, mais il faut en même temps en traiter la cause profonde".
Se défendant face à ses détracteurs, l'exécutif assure que "des choses ont été faites mais n'ont pas été assez valorisées", flouées notamment par la complexité d'interprétation des indicateurs de la délinquance qui présentent des évolutions “très atypiques” depuis mars 2020, en raison du contexte de la crise sanitaire.
Pour parer à ce problème, le ministre de l'Intérieur a promis récemment de communiquer des bilans mensuels sur l’insécurité axés notamment sur la lutte contre les stupéfiants, les violences conjugales, intrafamiliales et sexuelles.
Gérald Darmanin envisage aussi de renforcer le dispositif sécuritaire, à travers le déploiement de plus d'agents de sécurité dans les rues, ainsi que l'augmentation des moyens mis à la disposition des forces de l'ordre.
Le débat sur l'insécurité promet d'être houleux et de se prolonger dans la durée en France. Quant à l'opposition, elle semble être déterminée à s'en servir comme cheval de bataille dans la perspective des présidentielles de 2022.