Cette bataille, qui eût lieu à la frontière algéro-marocaine, a mis à l’épreuve la détermination de l’armée marocaine pour la défense de la dignité et de la liberté, barrant le chemin à l’expansionnisme colonial de la France. Celle-ci, forte de son statut de puissance économique et militaire de l’époque, affichait l’ambition de s’emparer de l’Algérie, d’asseoir sa domination sur l’Afrique du Nord et de faire, ainsi, contrepoids à la Grande-Bretagne.
En prêtant main-forte aux voisins algériens chaque fois que ceux-ci furent la cible de convoitises étrangères, le Royaume a fait montre de son attachement à ses nobles principes que lui dictent les préceptes de l’Islam et que la Dynastie Alaouite a toujours observés, quels que soient les sacrifices.
C’est ainsi qu’à 8 kilomètres de la ville d’Oujda, a eu lieu la bataille d’Isly (14 août 1844), qui avait opposé l’armée du sultan Moulay Abderrahmane aux troupes françaises qui, marchant d’Alger, avaient à leur tête le gouverneur général d’Algérie, Thomas Bugeaud. Les velléités guerrières des troupes françaises, disposant de moyens disproportionnés, trouvaient leurs motivations dans le soutien qu’accordait le sultan Moulay Abderrahmane à la résistance algérienne, avec à sa tête l’émir Abdelkader, ce qui déchaîna la puissance occupante contre le Maroc, portée par un élan de convoitises et d’expansion.
La bataille d’Isly, d’un point de vue militaire, fut exemplaire quant à la détermination de l’armée marocaine à contrecarrer l’expansionnisme colonial de la France.
En effet, le Maroc y avait aligné plus de 50.000 hommes, composés essentiellement de cavaliers qu’appuyaient des volontaires venus notamment des tribus Beni Iznassen, Beni Oukil et Angad. Dans le camp adverse, le maréchal Bugeaud était à la tête de 11.000 hommes. Il avait commencé l’offensive par une attaque contre le camp marocain établi à Jorf Al-Akhdar, près d’Oujda, sur la rive droite de l’Oued Isly, petit affluent de la Moulouya.
De prime abord, le maréchal Bugeaud avait réussi à désorganiser les lignes de l’armée du Maroc dont les troupes, sommairement équipées et mal entraînées, s’étaient dispersées pour aller se regrouper à nouveau sur la route de Taza, en terrains accidentés.
L’état-major français se mit alors à élaborer des plans pour marcher sur les rives de la Moulouya, mais les rudes conditions naturelles du théâtre de combat et les épidémies qui rongeaient le corps expéditionnaire français ont dissuadé Bugeaud de se lancer dans une aventure aux lendemains incertains, face à des combattants connus pour les retournements qu’ils imprimaient aux situations dans les champs de bataille.
La bataille d’Isly est une preuve de solidarité dont les conséquences furent lourdes pour le pays : un tracé des frontières imposé par la France et l’affaiblissement qui a conduit à la perte de Tétouan en 1860 au profit de l’Espagne et un peu plus tard à la partition du Maroc entre la France et l’Espagne.