Le tout donne le ton d’une fête qui ne l’est pourtant pas. Il s’agit en fait d’un enterrement à la ghanéenne dont les maîtres mots sont la joie, la convivialité et l’ambiance à couper le souffle.
Décédé quelques mois plus tôt, Mickael, un chauffeur ghanéen de 60 ans, est célébré en grande pompe. La musique, un grand buffet et des boissons qui coulent à flot.
Le corps du défunt, placé dans un cercueil figuratif sous forme d’une voiture pour renseigner sur son métier, présente une apparence naturelle grâce à la thanatopraxie, un soin d'hygiène et de conservation.
"Ce cercueil hors du commun reflète la vie, le rêve et la passion du défunt. Une fois il est exposé sur les lieux funéraires, tout le monde reconnaîtra que le regretté était chauffeur", a indiqué à la MAP Akwasi, concepteur du cercueil.
Les proches s’inspirent d’un trait de caractère, d’un symbole, d’un statut social ou du métier du défunt pour concevoir le cercueil, a expliqué Akwasi.
Le mort reste des mois, voire des années dans la morgue, le temps que sa famille collecte les fonds nécessaires pour couvrir les frais funéraires, qui coûtent une fortune.
Entre location de salle, décoration, impression d’affiches, photographes, disc-jockeys, danseurs, vidéastes, agents de sécurité, cercueil, buffets, les funérailles au Ghana coûtent en moyenne entre 15.000 et 20.000 dollars, une course à l’extravagance.
Rien que le cercueil customisé, une tradition née dans les années 1950 par le peuple Ga (une ethnie du Ghana), peut coûter entre 200 et 600 dollars.
Et pour l’occasion, la famille du défunt doit se procurer de nouveaux vêtements, rouges et noirs pour la veille de l’enterrement et blancs le jour de l’inhumation, de préférence du même tissu pour les identifier plus facilement.
La famille et les proches du défunt peuvent entrer dans la pièce pour lui souhaiter une belle vie dans l’au-delà, car dans la culture ghanéenne, la mort est le début d'une autre vie.
Ainsi, ses proches lui offrent un voyage de danse et de fête pour le célébrer comme il le faut et lui rendre un dernier hommage.
Les chants d’adieu qui accompagnent le défunt sont importants car, selon les ancêtres, ils ouvrent le contact avec l’autre monde et permettent aussi de faciliter le deuil.
Mais pour assister aux funérailles, les invités n’ont pas besoin de connaître le défunt ni même la famille, vu qu’un enterrement bien assisté est un grand prestige social et donne signe du statut social du regretté.
Toutefois, ils doivent rendre hommage aux personnes endeuillées, se détacher de la piste de danse et faire un don de quelques cedis (monnaie locale) pour aider la famille à couvrir les coûts funéraires.
En fin de soirée, les danseurs funéraires interprètent des chorégraphies en parfaite harmonie avec le rythme de chansons bien spécifiques, tout en mettant en équilibre le lourd cercueil chargé sur leurs épaules.
"Notre objectif est de permettre à la personne décédée de regagner sa nouvelle vie dans la joie et la bonne humeur", a indiqué à la MAP Kojo, un danseur funéraire.
"C’est la mode maintenant. On fait appel à notre service pour que le deuil soit le plus optimiste possible", a-t-il expliqué.
Après une soirée qui dure jusqu’à l’aube, les invités sont hypnotisés et rentrent chez eux avec des souvenirs mémorables de cette célébration de la vie.