Sur les six étages baignés de lumière naturelle, la promesse est riche : plus de 450.000 ouvrages à disposition, en plusieurs langues, dont la collection de 6.000 livres léguée par l’homme d’affaires et philanthrope norvégien Carl Deichman en 1785. La majorité des ouvrages sont accessibles aux emprunteurs en libre-service.
S’étalant sur plus de 13.500 m2, cette nouvelle agora culturelle donne accès à des espaces de lecture et de création adaptés aux différents profils. Tout y passe, d’un cinéma et d’un auditorium de 200 places, à des aires de jeux ou un restaurant, en passant par des studios de musique ou encore un espace d’expositions.
Au-delà des prestations que propose une bibliothèque conventionnelle, le site offre la possibilité d'utiliser une imprimante 3D, coudre une robe, jouer du piano…, à moins de vouloir tout simplement profiter de la vue sur le front de mer !
"L’idée était de créer un lieu de rencontre moderne pour l'apprentissage et le partage des connaissances, accessible à tous", confie à la MAP Selma Benmalek, jeune marocaine employée chez Deichman, la plus ancienne et grande bibliothèque de Norvège, qui gère 22 succursales dans le tout Oslo, y compris le nouveau principal site de Bjørvika.
Avant la pandémie du Covid-19, Deichman Bjørvika comptait accueillir deux millions de visiteurs chaque année. Les chiffres ont évidemment été revus à la baisse, contexte sanitaire oblige !
Afin de respecter les règles de distanciation sociale, le nombre de visiteurs a été limité. "Alors que la capacité de l’établissement s’élève à 3.000, seules 1.000 personnes pourront être présentes à la fois dans la bibliothèque", précise Mme Benmalek.
Deichman Bjørvika vient en effet remplacer l’ancienne bibliothèque principale d’Oslo qui se trouvait dans le quartier de Hammersborg, dans un bâtiment néoclassique vieux de 86 ans. La bibliothèque de Bjørvika, qui siège entre l’Opéra et la gare Centrale, devait être dévoilée au public fin mars, mais l’ouverture a été repoussée au 18 juin dernier.
"La nouvelle bibliothèque principale offrira un accès plus facile à la littérature, au savoir, au plaisir de la lecture. Elle contribuera au renforcement de la démocratie et de notre patrimoine culturel, au nivellement des inégalités sociales. Ce sera un endroit où nous serons tous les bienvenus et où nous revendiquerons tous notre appartenance", a déclaré Raymond Johansen, président du Conseil municipal d'Oslo, à l’occasion de l’inauguration.
Et il y a de quoi. Par ses façades translucides, le site impressionne tant par son architecture avant-gardiste que par sa fidélité à son rôle d’espace public. Un grand atrium éclairé par le haut relie les étages pour offrir un vaste espace continu de culture, de rencontre et de partage.
Environ 2,5 millions d'euros au total ont été injectés dans ce projet, réalisé par le cabinet Lund Hagem Architect et Atelier Oslo, alors qu’il a fallu six années de travaux pour le finaliser.
Si chaque étage offre une atmosphère différente et une palette de possibilités, le visiteur est d’emblée attiré par une œuvre d’art trônant au centre : le "Brainstorm", conçu par l’artiste norvégien Lars Ø Ramberg comme une sorte de nuage d’information. L’installation se compose de 400 mètres de tubes néon lumineux en blanc et jaune, qui symbolisent l’infinité de la connaissance, la transmission du savoir…
"Pour résoudre les défis auxquels nous sommes confrontés dans un monde globalisé, nous devons redéfinir l'intelligence. Alors que le 20e siècle célébrait des génies comme Einstein ou Openheimer, notre siècle exige une intelligence plus multiforme et collective. Brainstorm est un moyen de développer ensemble une nouvelle intelligence", dira Lars Ø. Ramberg.
Et ce n’est pas tout. Au dernier étage en porte-à-faux, l’on trouve la "Future Library". L’idée née de l'artiste écossaise Katie Paterson consiste à rassembler 100 manuscrits, au fil d’un siècle, qui ne seront pas publiés avant 2114. Six auteurs ont déjà apporté leur pierre à l'édifice, le dernier étant le norvégien Karl Ove Knausgård (2020). Question : d’ici là, y aurait-il encore du papier ou des humains pour lire un livre ?