"Dans le Royaume, la pandémie aura permis de renouer les relations entre la population et un État dont l’interventionnisme est d’ordinaire critiqué", ont-ils relevé dans un rapport publié dans le cadre des "Policy papers" du think-tank, intitulé "l’État au révélateur de la Covid-19".
Établi par 13 experts, le rapport relève que la crise de la Covid-19 aura été tant un point de départ que le révélateur de profonds bouleversements économiques, sociaux, et humains au Maroc et dans le reste du monde, notant que les dimensions sécuritaire et sanitaire, ainsi que les enjeux posés, ont contribué à la consécration de l’État comme seule entité capable de protéger les populations et contrecarrer les impacts négatifs de la crise.
Réparti en douze chapitres traitant d'une kyrielle de questions liées à la pandémie de la Covid-19 et ses répercussions sur les domaines économiques, politiques et sociaux etc, le rapport estime que malgré le fait que "les populations voient leur relation avec l’Etat changer afin d’inclure leurs intérêts et besoins, la question de l’impact et du rôle des collectivités territoriales reste en suspens".
Les auteurs du rapport constatent par ailleurs qu'il a été donné d’observer une "faible" implication des élus locaux et des services déconcentrés dans leur traitement de la pandémie, soulignant qu'une décentralisation "inachevée" et une déconcentration "hésitante" sont dans une large mesure la cause de ce phénomène.
Ils préconisent, à cet égard, de penser un "renouvellement" des relations entre l’État et les collectivités locales pour parvenir à la formulation de politiques "novatrices" qui viseraient à réduire les fractures sociales et territoriales.
Faisant allusion aux mesures d'assistance financière adoptées par le Maroc afin d'aider les travailleurs touchés par l’arrêt d’activité, les salariés affiliés à la CNSS et en arrêt temporaire de travail, ainsi que les populations démunies porteuses de la carte RAMED, le rapport constate, cependant, que la population des migrants irréguliers, travaillant majoritairement dans le secteur informel, s’est vue davantage fragilisée.
"Une coopération entre acteurs étatiques et non-étatiques semble avoir été donc nécessaire pour pallier à ces manques et aider ces populations à survivre à l'aspect économique et sanitaire de cette crise", relève-t-on du même rapport.
Et d'ajouter qu'en raison des mesures relatives à l’état d’urgence sanitaire, le confinement aura eu pour incidence d’enfermer certaines femmes avec leurs oppresseurs et de les assujettir à des violences physiques, verbales, sexuelles, ou encore psychologiques en hausse, faisant valoir que bien que le Maroc ait pris des initiatives afin de combattre cela, telles que les applications mobiles, une majorité de femmes ne disposent pas des prérequis nécessaires pour accéder à ces services compte tenu du taux d’analphabétisme de la population qui reste toujours conséquent.
Les experts du PCNS affirment en outre que le Maroc, comme le reste du monde, est aujourd’hui confronté à une nouvelle étape dans sa gestion de la crise liée à la Covid-19, celle du déconfinement, notant que les établissements de santé devront alors concilier entre la gestion de patients post-confinement positifs, et le flux usuellement enregistré.
Quant au rôle du ministère de la Santé par rapport à l'épidémie, le rapport avance que cette crise aura exacerbé l’aspect "primordial" de celui-ci ainsi que sa gestion et ses attributions qui n'en seront que plus observées.
De surcroît, les auteurs ont mis l'accent sur les divers impératifs qui incombent aux pouvoirs publics, dont ceux de l’efficacité économique, de la concurrentiabilité, de la compétitivité, du respect de la souveraineté économique, de la garantie de la sécurité humaine, de la prise en charge d'une solidarité sociale, mais également celui de l'inclusion d’entreprises et acteurs sociaux dans la réflexion d'une réponse à la crise et l’ébauche d’une éventuelle relance.
https://www.policycenter.ma/publications/letat-au-revelateur-de-la-covid-19