Car l’enjeu est de taille. Les élections municipales, qui se tiennent à deux ans de la prochaine présidentielle, sont déterminantes pour les différentes formations politiques qui veulent peser lourd dans la prochaine configuration politique.
Le second tour des municipales devait se tenir le 22 mars dernier, après un premier tour organisé le 15 mars, soit deux jours avant le confinement ce qui avait exposé le gouvernement à des critiques acerbes. Mais il a été reporté en raison de l'épidémie de la Covid-19.
La campagne officielle de ce second round, qui se tiendra dimanche 28 juin, a débuté la semaine dernière en France métropolitaine et à Mayotte, sous de fortes contraintes sanitaires pour éviter la propagation du nouveau virus. En Guyane, le scrutin a été reporté sine die, en raison de l'épidémie.
Cette seconde campagne concerne 157.632 candidats qui se présentent dans les 4.827 communes où le conseil municipal n'a pas été élu au complet au premier tour, sur un total d'environ 35.000 communes. Elle doit durer deux semaines, jusqu'à la veille du scrutin.
Environ 16,5 millions de personnes sont appelées à y voter, soit 39% du corps électoral, selon des chiffres officiels.
La décision de l’exécutif de tenir ce second tour alors que des voix avaient appelé à son report jusqu’à septembre prochain voire début 2021, a été motivée par la nécessité que « la vie démocratique reprenne ses droits", dixit le Premier ministre Edouard Philippe.
Lors du premier tour le 15 mars, 30.125 maires avaient été élus sur 34.967. Environ 85 pc des communes françaises ont donc déjà choisi leur édile et leur conseil. Seules environ 15 pc de communes doivent voter le 28 juin, représentant 4 800 maires à désigner. Parmi ces communes, près de 1500 ont plus de 1000 habitants et les plus grandes agglomérations de l'Hexagone en font partie notamment Paris, Marseille et Lyon, Toulouse, Nice, Nantes, Montpellier, Strasbourg, Bordeaux et Lille. C’est dire l’importance de ce scrutin dans ces grandes villes où les enjeux politiques intéressent souvent les partis au niveau national.
Les candidats à ce scrutin chamboulé de fond en comble par l’irruption d’une épidémie aussi abrupte qu’inopinée, qui est venue changer bien des donnes et transformer le monde actuel, auront donc affaire à un véritable challenge. En plus de faire face à une désaffection et un désintérêt de plus en plus manifeste des électeurs, ils doivent également rabattre leurs cartes et proposer de nouvelles idées et de nouveaux paradigmes capables de convaincre un électorat de plus en plus exigeant qui ne veut plus des idées du passé lesquelles ont d'ailleurs montré leurs limites.
En effet, une enquête Ifop, réalisée du 9 au 12 juin, et relayée par les médias de l'Hexagone est venue révéler que moins de quatre Français sur dix (38%) envisagent d'aller voter dimanche prochain, un taux encore inférieur à celui du premier tour.
Face à tout cela et en vue d’optimiser leurs chances d’être élus, certains candidats ont décidé de fusionner leurs listes donnant lieu à des alliances surprenantes voire inattendues. Une situation largement commentée aussi bien par les observateurs du monde politique que par les médias du pays.
Mais c’est la stratégie du parti présidentiel La République en Marche (LREM), qui a privilégié des fusions avec la droite pour faire face à la gauche ou aux écologistes, pour le deuxième tour des municipales, dans des villes emblématiques comme Strasbourg, Bordeaux, Levallois-Perret, Tours, Clermont-Ferrand, et même dans le Ve arrondissement de Paris, qui a été la plus commentée, poussant les observateurs à se demander s’il s’agit d’ « un virage idéologique à droite », de LREM.
Selon des chiffres du parti présidentiel, relayés par les médias du pays, 76 candidats soutenus ou investis par le parti se sont alliés avec la droite, et 33 avec la gauche, alors que 54 se sont retirés, et le soutien du parti a été retiré à huit candidatures.
D'après les observateurs, pour justifier ces alliances avec la droite, certains candidats LREM avancent l’incapacité des écologistes à gérer une ville. Alors que dans d’autres villes, c'est la gauche elle-même qui a fermé la porte à toute alliance avec LREM, « en raison de la politique suivie depuis trois ans par l'exécutif », relèvent-ils.
L’objectif du parti présidentiel est de faire « barrage » aux écologistes, soulignent les observateurs, surtout que le parti Europe-Ecologie les Verts (EELV-les Verts) avait crée la surprise lors des dernières Européennes, en arrivant troisième, devançant même la droite traditionnelle.
Pour ces municipales, EELV entend confirmer ses prouesses et gagner des points sur l’échiquier national dans la perspective des présidentielles de 2020. Les Verts veulent aussi capitaliser sur la question écologique, qui a de plus en plus le vent en poupe. Ils sont concurrencés en cela par différents autres candidats qui en font eux aussi leur cheval de bataille pour convaincre un électorat de plus en plus sensible à la préservation de l’environnement, surtout en ces temps de crise sanitaire.
Si le premier tour s’est tenu dans un contexte social tendu (crise des Gilets jaunes, réforme des retraites), le second tour lui se tient dans un contexte de crise sanitaire avec des répercussions économiques et sociales inédites. De quoi donner du fil à retordre aux différents candidats tenus de répondre aux attentes et préoccupations des électeurs, et de les convaincre de voter pour eux, tout en gardant en ligne de mire la prochaine élection présidentielle de 2022.