Limités depuis près d'un mois aux modes "à emporter" et livraison à domicile, après une fermeture totale à la mi-mars dernière, ces professionnels peuvent, désormais, fournir leurs services sur place dans la limite de 50% de leur capacité d'accueil, avec l'espoir de stopper la descente aux enfers et réduire un tant soit peu les grosses pertes occasionnées par la crise sanitaire.
Quoi qu'il soit hypothétique de faire respecter la distance physique d'un mètre dans de tels lieux, les cafetiers s'affairent à réaménager leurs locaux pour les adapter aux nouvelles normes, dans le double objectif de se conformer aux conditions posées par les autorités et de préserver la santé tant des employés que des clients, qui s'impatientent pour retrouver les terrasses et tourner la page du confinement dicté par cette crise inédite de par ses effets dévastateurs.
Approché par la MAP, Khalid A., gérant d'un café au centre-ville de Casablanca, s'est dit déterminé à rouvrir son local afin de faire redémarrer son business et limiter la casse. "Nous sommes en plein préparatifs pour reprendre notre activité. Nous nous sommes dotés des affiches et stickers pour respecter à la lettre l'ensemble des mesures de prévention prévues par les autorités sanitaires, en particulier celles de la distanciation et de la désinfection quotidienne".
Le passage à la deuxième étape du plan d'allègement du confinement coïncide avec le début de la saison estivale, ce qui pourrait être bénéfique pour ces commerces qui ont plus que jamais besoin d'un appui de tout genre (financier, fiscal, matériel, etc.) en vue de repartir sur de bonnes bases.
"La mise en place des différentes mesures de prévention, dont la distribution du gel hydroalcoolique, la prise de température, les stickers indicatifs sur le sol, va engendrer des coûts supplémentaires qui viennent se greffer à la réduction à 50% de la capacité d'accueil", a fait remarquer Khalid.
Et d'adresser un appel: "Nous nous attendons à un accompagnement de la part des autorités publiques pour pouvoir faire face à cette situation et se relancer après ce choc brutal".
A l'autre bout de la métropole, Hicham H., un gérant d'un café, a accepté de présenter à la MAP les détails de ses préparatifs pour repartir du bon pied. "Nous avons saisi cet arrêt d'activité pour repenser complètement notre local. Les travaux se déroulent le plus normal du monde et nous prévoyons une réouverture d'ici trois jours".
Depuis le début de ce mois, ce café a commencé à proposer le service "à emporter" malgré la faible affluence qui s'explique, selon Hicham H., par la prolongation du confinement. "Tout au long de cette période, nous n'avons reçu que les salariés des entreprises installées à proximité (...) Aujourd'hui, les choses vont s'améliorer un peu plus avec l'allègement du confinement".
Force est de constater que cette reprise donnera sans aucun doute une bouffée d'oxygène à ces professionnels qui affichent leur volonté de respecter toutes les mesures de prévention. Encore faut-il un appui de taille, particulièrement durant cette période, outre un suivi régulier pour répondre d'une manière efficace et optimale à leurs besoins croissants, notamment en matière de financement et d'incitations fiscales.
C'est dans ce sens que Mohamed Abdelfadel, Coordinateur de la Commission mixte des métiers de bouche (CMMB), tout en saluant les dernières décisions des autorités, a relevé que la reprise intervient dans une conjoncture très difficile pour les cafetiers et restaurateurs, confrontés à d'énormes défis aux plans matériel et moral.
"Nous avons supporté le fardeau du loyer de quatre mois en plein arrêt, en plus des autres charges fixes. Nous espérons que le gouvernement répondra positivement à nos propositions, notamment via la loi de finances rectificative", a-t-il soutenu, considérant que pour encourager la consommation, il faudrait diminuer le taux de la taxe sur la valeur ajoutée et accorder une exonération de la taxe professionnelle.
D'après le même interlocuteur, l'appui des pouvoirs publics "sera précieux pour préserver et pérenniser l'emploi dans ce secteur", qui s'attend à la mise en œuvre des recommandations des 3èmes Assises de la fiscalité, tenues en 2019 à Skhirat.