Pour la commission électorale, la volonté d'établir un nouveau registre électoral vise à assurer des élections générales crédibles, libres, et transparentes et à consolider la réputation du Ghana, en tant que havre de la paix et de la stabilité dans la région ouest-africaine.
Selon la présidente de la Commission électorale (CE), Jean Mensa, la mise en place d’un nouveau fichier électoral est dans l'intérêt de tous les partis politiques.
"La révision de l’actuel registre électoral sera plus coûteux pour l’Etat ghanéen et prendra plus du temps", a affirmé Mme Mensa, notant que l’actuel registre n'est pas crédible, vu qu’il est "gonflé" par les noms de ressortissants étrangers en raison de l'acceptation par la CE des cartes du système national d'assurance maladie (NHIS) pour l'enregistrement des électeurs lors des précédentes échéances.
"La carte NHIS n'est pas une preuve sûre de citoyenneté", a fait remarquer la responsable, rappelant que la Cour suprême avait demandé, en 2014, à la CE de radier du registre toute personne inscrite au registre électoral par le biais de cette carte, ce qui est difficile à déterminer et presque une tâche impossible.
Pour la coalition dirigée par le parti au pouvoir, le Nouveau Parti patriotique (NPP), la décision de la CE est "judicieuse", surtout que le nouveau registre biométrique permettrait non seulement de réunir toutes les informations biométriques d'un électeur, mais également d’avoir une reconnaissance faciale, ce qui garantira la tenue d’un scrutin libre et crédible.
Pour cette coalition, qui regroupe 13 partis politiques, la mise en place d’un nouveau fichier électoral ne peut que renforcer davantage la crédibilité des élections, notant qu’en vertu de l'article 45 de la Constitution de 1992 et de l'article 2 de la loi sur les commissions électorales (loi 451), la CE a le droit exclusif de compiler un nouveau registre si elle le juge nécessaire.
En lien avec cette affaire, le principal parti de l’opposition, le Congrès démocratique national (NDC) avait assigné la CE en justice pour ses tentatives à vouloir établir une nouvelle liste électorale avant les élections générales de 2020.
Dans sa requête, le NDC avait appelé le tribunal à déclarer illégale la décision de la CE de ne pas utiliser les anciennes cartes d'électeur comme preuve de la nationalité ghanéenne pour le nouveau fichier électoral.
Bien que le parlement ait voté pour la décision prise par la CE, l’affaire soulevée par le NDC est pendante devant la justice et la Cour suprême doit se prononcer dessus le 23 juin prochain.
Pour l’opposition, un nouveau registre privera la majorité des électeurs de leurs droits civiques surtout si la Commission électorale insiste sur la fourniture de pièces principales telles que le passeport et la carte d’identité, comme preuves de la nationalité ghanéenne.
Mais le parlement a dit son mot en approuvant, la semaine dernière, un instrument constitutionnel pour permettre à la CE d'établir un nouveau registre des électeurs en utilisant la carte et le passeport du Ghana comme seuls documents principaux d'éligibilité.
Autre argument de l’opposition : la mise en place d’un nouveau registre en pleine crise sanitaire de Coronavirus peut aggraver la situation surtout que la distanciation sociale est la clé de la lutte contre la pandémie.
Ainsi, l’opposition craint une nouvelle vague d’infections de Coronavirus, suite à cet exercice d’enregistrement des électeurs, ce qui impactera sérieusement le taux de participation aux élections générales.
En décembre prochain, les Ghanéens seront appelés aux urnes pour élire un nouveau président qui dirigera le pays pour les quatre prochaines années.
Cette échéance s'annonce, d'après plusieurs d'observateurs, comme serrée entre John Dramani Mahama, sous les couleurs du Congrès national démocratique NDC, et Nana Akufo-Addo, sous l’étiquette du NPP, qui s’affronteront pour la troisième fois.