- Des progrès importants ont été réalisés au Maroc en matière de sécurité sanitaire des aliments et ce depuis 2009. Aujourd'hui, le système de sécurité sanitaire des aliments permet aux produits marocains de pénétrer des marchés internationaux exigeants.
- Le CESE attire l'attention, qu'au niveau national, une multitude d'établissements ne disposent ni d'agréments, ni d'autorisations sanitaires et mettent, sur le marché, des produits qui exposent la santé du consommateur à des dangers avérés mais non maitrisés.
- En 2018, 8 abattoirs de viande justifient de l'agrément de l'ONSSA (soit moins de 1%), 27 abattoirs de volailles sont agréés sachant qu'il existe plus de 15.000 tueries non autorisées et 8% de viande de poulet provient de circuits contrôlés sur les 570.000 tonnes produites.
- Absence d'une politique publique intégrée de sécurité sanitaire des aliments induisant plusieurs défaillances qui ont trait à la multiplicité des intervenants, au chevauchement des compétences, à la prédominance de l'informel, au faible niveau d'exigence des consommateurs ainsi qu'au rôle limité des associations de défense des droits des consommateurs.
- Le CESE préconise trois recommandations stratégiques:
• Doter le pays d’une politique publique dédiée de sécurité sanitaire des aliments.
• Passer de manière progressive du système actuel à organismes multiples, vers un système intégré, en créant une Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments.
• Séparer l'évaluation des risques de la gestion des risques en instituant un comité scientifique indépendant d’évaluation des risques.
- La matérialisation de ce changement de paradigme est tributaire de la mise en place d'une feuille de route à décliner de manière graduelle. Parmi les mesures phares proposées, il y a lieu de citer:
• Intégrer les objectifs et les résultats de la sécurité sanitaire des aliments dans les contrats programmes conclus entre le gouvernement et l'interprofession et conditionner les subventions accordées par le respect des cahiers des charges.
• Améliorer les conditions d’hygiène du secteur informel dans la perspective de l’intégrer à terme dans le secteur formel.
• Mettre en place des incitations (subventions, incitations fiscales, prêts sans intérêts, etc) au profit des petits producteurs pour favoriser une intégration réussie dans les filières alimentaires tout en les encourageant à s'inscrire dans une démarche de certification et de normalisation.
• Maîtriser l'utilisation des intrants, fertilisants et pesticides pour réduire leur impact sur l’environnement et sur la santé des consommateurs.
• Impliquer les associations de protection du consommateur au processus de médiation entre le consommateur et le pourvoyeur de biens ou de service.
• Transformer le consommateur en « un conso-acteur » pour en faire un consommateur exigeant et un acteur de changement;
• Développer fortement les possibilités offertes par la digitalisation pour améliorer la traçabilité de toute la chaîne de production ;
• Garantir le droit à l’information sur les produits qui présentent un risque sanitaire pour le consommateur conformément à la loi n° 31-13 relative au droit d’accès à l’information.
• Mettre en oeuvre le Fonds national pour la protection du consommateur prévu par la loi n°31-08.
• Simplifier les procédures d'accession des associations oeuvrant dans le domaine de la protection du consommateur au statut d'utilité publique afin d'accélérer leur constitution en fédération nationale de protection du consommateur.
• Alléger les conditions d'obtention de l'autorisation d'ester en justice, figurant dans l'arrêté 895-18, pour les associations de protection du consommateur non reconnues d'utilité publique.