Face aux enjeux complexes du continent et aux conséquences de la crise sanitaire, la relance de l’économie africaine dépendra de la capacité du continent à relever plusieurs défis, face auxquels la réponse ne pourra être que collective, ouvrant le champ à une économie des communs et apportant des solutions innovantes et frugales, ont indiqué les participants à ce webinaire, sous le thème "Web Act for Impact: L’innovation frugale pour l’Afrique de demain".
Ils ont également appelé à renforcer l’essaimage de la culture de l’innovation frugale et son adoption par le secteur public et privé en Afrique, pour qu’elle devienne un des piliers de la croissance économique et l’un des éléments de réponses pour contribuer à un choc économique régénératif.
Intervenant à cette occasion, la Ministre du tourisme, de l’artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale et solidaire, Nadia Fettah Alaoui, a rappelé que l’économie sociale et solidaire permet à une large frange de la population, qui fait face à une adversité commune et dispose de ressources limitée, de mettre en commun ses idées et énergies pour entreprendre et créer de la richesse, notamment dans les milieux ruraux et marginalisés.
Le contexte de crise liée à la pandémie du Covid-19 a démontré la fragilité et les limites de l’ancien modèle économique, mais a également donné lieu à des opportunités d’innovation de par le monde, notamment au Maroc, a-t-elle fait observer, saluant à cet égard le travail de tous les acteurs convaincus de l’importance de l’innovation frugale et de faire mieux avec moins.
De son côté, le ministre de la promotion de la PME au Côte d'Ivoire, Félix Mézian Anoblé, a indiqué que l’Afrique a tout ce qu’il faut pour produire et innover, soulignant l’importance de valoriser les ressources du continent afin de créer de la richesse, d’avancer ensemble et de permettre aux différents pays de profiter du développement.
"Il faut réussir à capitaliser tout ce que nous avons en termes de ressources en Afrique et les faire revivre, orienter beaucoup plus les jeunes vers l’entrepreneuriat, en vue d’obtenir des entreprises qui interagissent entre elles et qui réussissent à créer des chaînes de valeurs, qui pourraient permettre de développer et d’enrichir les différents secteurs d'activité dans le continent", a-t-il dit.
Pour sa part, la Présidente de l’Université Hassan II de Casablanca Aawatif Hayar, a mis en avant la richesse du capital humain africain qui doit être capitalisé à travers le digital, afin de permettre au potentiel humain de s’ouvrir sur le monde et sur les nombreuses opportunités de création de la richesse par les voies de partage, de co-construction et de la co-innovation.
Abordant l’innovation frugale, Mme Hayar a cité l’exemple de l’Université Hassan II qui a fait preuve de frugalité compte tenu de ses ressources disponibles, en vue d'assurer la continuité académique dans un contexte de crise, marqué par son passage de l’enseignement présentiel à l'enseignement en ligne, qui a donné lieu à la numérisation de milliers de documents en 2 mois et à la mise en place d’une plateforme professionnelle de cours en ligne pour les étudiants.
Quant au conseiller en innovation et leadership, Navi Radjou, il a fait savoir que l’Afrique pratique déjà l’innovation frugale, notamment durant la crise actuelle, relevant la nécessité d’amplifier les efforts déjà en cours et de renouer avec cette forme d’innovation en vue d’optimiser les ressources disponibles et d’utiliser ce qui est abondant pour créer ce qui est rare sur le continent.
Rappelant les trois piliers de l’économie frugale qui sont le partage, la production décentralisée et la régénération, il a passé en revue plusieurs exemples inspirants d’ingéniosité démontrée durant la crise Covid-19, qui incarnent l’esprit de l’innovation frugale de façon collaborative, partant de très peu de moyens.