"Ces compagnies, comme Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet (Google) et Facebook, représentent les piliers de l'industrie Tech des Etats-Unis", souligne, dans un entretien à la MAP, M. Squali, un des analystes financiers en vue de la bourse de Wall Street.
En effet, les actions cotées au Nasdaq, deuxième marché boursier américain à forte coloration technologique, se négociaient à de nouveaux sommets en début de semaine, une nouvelle indication sur la résilience des géants de la Silicon Valley.
L'indice a bondi de 45% depuis fin mars dernier, les investisseurs pariant de plus en plus que ces entreprises sortiront encore plus fortes de la crise engendrée par le coronavirus qui a pénalisé le reste du marché boursier.
"La pandémie a forcé les consommateurs à rester chez eux et donc à consommer à distance à travers des plateformes comme Amazon. De plus, avec les gens cloitrés chez eux, impossible de voir leurs proches, le besoin de se connecter à travers les réseaux sociaux comme Facebook, WhatsApp, Snapchat et Twitter a explosé", explique l'analyste marocain.
Selon lui, les investisseurs qui ont vu cela venir ont pu en tirer profit en achetant ces valeurs, relativement sures, au creux de la vague, fin mars et en avril dernier. "Aujourd'hui, on continue à recommander ces valeurs à long terme, tout en soulignant le risque accrue de volatilité à court terme", cautionne Youssef Squali, qui figure au Top 25 des analystes financiers de la décennie établi par TipRanks, leader mondial de la technologie financière (Fintech).
"Etant donné les valorisations élevées, et un climat macro-économique assez périlleux, il faut faire encore plus attention", a-t-il préconisé.
Pour lui, ce qui est intéressant aujourd'hui est que pour les investisseurs, mis à part l'éventualité d'une seconde vague de Covid-19, le risque que représente le coronavirus est déjà passé, comme le prouvent les indices boursiers, qui ont déjà récupérés pratiquement toutes les pertes des quatre derniers mois. "Notre indice d’Internet et Nouvelles Medias est déjà en progression de 22% depuis le début de l’année", fait-il valoir.
M. Squali tient aussi à rappeler que la crise actuelle est avant tout sanitaire à la base, et non financière ou économique. "Les pays du monde ont forcé la fermeture presque totale de leurs économies respectives, et ralenti leurs activités alors que jusqu’à début mars (en dehors de la Chine en tout cas), les économies des pays industrialisés se portaient très bien".
"Maintenant qu'on est en plein dedans et on a dépassé le plus dur (du moins c’est ce qu’on espère), on commence à voir le bout du tunnel", assure-t-il, notant que parmi les conséquences de cette crise est que des industries vont disparaitre ou vont être structurellement changées, comme le cas de la vente au détail.
D’un autre côté, d’autres aspects de l'économie devraient bénéficier de ce chamboulement, prédit l’expert marocain, qui est directeur général pour la Recherche Action (Equity Research) à la SunTrust, sixième plus grande banque aux Etats-Unis.
"Il est évident que les crises économiques créent des opportunités d'innovation. On a vu cela après la crise de 2001, celle de 2008 et je pense que ce sera le cas après la crise actuelle", tient à rappeler M. Squali.
"Facebook et Twitter ont été créés en 2004 et 2006, Snapchat en 2011 (…) Zoom, une entreprise qui n'a même pas dix ans, elle a été créée en 2011 aussi, et aujourd'hui c'est l'une des grandes bénéficiaires de la crise actuelle".
En termes de ce qui est observé en ce moment, ajoute-t-il, il s’agit d’innovations très intéressantes au niveau de la télémédecine, de l’enseignement à distance, et de logiciels de collaboration qui permettent aux employés de travailler à distance tout en travaillant ensemble.
"Ce que je trouve intéressant est le fait que ces outils de travail sont disponibles à des prix très réduits, voir même gratuits, ce qui permet non seulement aux grandes entreprises de les utiliser, mais aussi aux petites et moyennes entreprises, là où l’innovation a souvent lieu. Cet accès devrait permettre à ces jeunes entreprises d'être plus dynamiques, plus innovantes et surtout ouvertes au monde", a-t-il estimé.