Intervenant lors de cette rencontre, initiée conjointement par la ville de Rabat, l'Organisation Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU-Afrique) et l'Académie africaine des collectivités locales (ALGA), le secrétaire général de CGLU-Afrique, Jean Pierre Elong Mbassi, a assuré que la technologie devrait être mieux partagée pour qu'elle ne soit pas un "obstacle" à l'échange, à la convivialité ou encore à la délibération démocratique.
Par ailleurs, "il ne faudrait pas que le Big Data et les statistiques remplacent les choix politiques délibérés par les citoyens", a-t-il indiqué, notant qu'au lieu de parler de smart cities (villes intelligents), "il serait mieux de parler de citoyens informés à même de prendre leurs décisions grâce aux technologies numériques et ne donnant pas aux personnes qui maîtrisent ces outils la possibilité de décider à leur place, etc".
Pour sa part, le président du Conseil de la commune de Rabat, Mohamed Sadiki, a relevé qu'en dépit du confinement, "face auquel on avait cru que tout le monde cédera", il a été prouvé que le numérique peut être un vecteur et un canal de communication en premier lieu, de service en deuxième et de perfectionnement dans la lutte contre la Covid-19 dans tous les services communaux, en dernier.
"On a découvert l'école à distance, le travail à distance (...) et même la consultation médicale à distance, etc", a-t-il fait valoir, ajoutant que "tout ce que l'on a fait en ce moment de crise ne peut être qu'un bon début, et qu'il reste beaucoup à faire".
De son côté, le président de la région Marrakech-Safi, Ahmed Akhchichine, a souligné que "la crise que nous traversons est aussi une opportunité pour tous, sauf qu'il faut savoir dans quelle mesure nous serons à la hauteur et, surtout, quels vont être les moyens à mobiliser et les ressources à mettre en place pour pouvoir en tirer tous les bénéfices dans l’intérêt de nos concitoyens et de nos territoires".
À ses yeux, il serait utile, dans le sillage de l'utilisation de la ressource numérique, d'insister sur deux aspects, à savoir l'absence d'une plateforme d'échange, de mise en commun et de partage à l'échelle panafricaine, mettant en garde en ce sens contre "la fracture numérique qui existe aujourd'hui entre nos pays et qui deviendra plus grande à l'intérieur de nos frontières nationales".
Le deuxième aspect concerne, selon lui, l'importance du partenariat inter-africain en ce qu'il permet de gagner en termes de temps, de ressources et d'énergies.
"Nous avons la chance au niveau de la région de Marrakech-Safi d'avoir engagé très tôt des partenariats avec une quinzaine de régions relevant de la zone du Sahel", a-t-il dit, relevant que ces partenariats étaient "extrêmement fructueux, ont donné lieu à des échanges et ont permis de gagner des raccourcis".
Quant à la directrice des Systèmes d'information au ministère de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration, Samia Chakri, elle a passé en revue les principales mesures entreprises par le Royaume pour contrecarrer la pandémie de la Covid-19 dans le cadre de la mobilisation nationale.
Elle a constaté, à cet égard, que le digital est devenu au temps du coronavirus "plus que jamais crucial" devant l'obligation d'assurer la continuité du service tout en garantissant la sécurité des fonctionnaires, mettant l'accent sur la dématérialisation des correspondances adoptée par le Maroc en utilisant les nouvelles technologies, dès lors que l'échange de documents en papier lors de cette période constituait un facteur de risque.
"Nous avons mis, en coordination avec l'Agence de développement du digital (ADD), un ensemble de mesures visant à appuyer les administrations publiques dans l'adoption de ce types de solutions", a révélé Mme Chakri, expliquant que c'est ainsi que "le portail du Bureau d'ordre numérique et correspondances administratives" a vu le jour et dont le but est de permettre aux administrateurs et administrés de déposer leurs correspondances administratives à distance.
Dans la foulée, Mohamed Souissi Amine, chargé de la transformation digitale à la Direction générale des Collectivités territoriales (DGCT), a partagé l'expérience de la Direction en matière de digitalisation des collectivités territoriales, soulignant d'emblée que les principaux axes de digitalisation de la DGCT cherchent à accompagner les collectivités territoriales dans le développement des systèmes d'information de gestion de leurs propres métiers.
L'amélioration du parcours citoyen consistant à digitaliser un certain nombre de services administratifs rendus par les collectivités fait aussi partie de ces axes, a-t-il fait savoir, ajoutant que l'amélioration du climat des affaires pour les entreprises, l'aménagement numérique du territoire et le développement de l'économie numérique au niveau territorial y sont aussi présents.