D'une part, il est poussé par sa volonté de relâcher, à l'instar de ses voisins européens, les mesures de confinement décrétées depuis le 23 mars afin de redynamiser une économie en berne, d'autre part, il craint de voir une autre vague de contagion se produire, alors que le pays recense encore régulièrement des bilans de décès journaliers parmi les plus lourds d'Europe.
Avec près de 50.000 morts testés positifs au virus, selon les statistiques de l'Office britannique des statistiques nationales (ONS), le Royaume-Uni est le deuxième pays le plus endeuillé au monde par la pandémie après les Etats-Unis et même, d'après plusieurs études comparatives, le premier en terme de surmortalité rapportée à la population.
Établi à partir de chiffres officiels, mais différent du bilan des autorités sanitaires, qui recensaient 39.728 morts au 3 juin, le sinistre bilan de l'ONS intervient dix semaines après la mise en place des mesures de confinement.
Selon le quotidien The Guardian, si l'on ajoute les chiffres plus récents du système national de santé (NHS) et des autorités statistiques d'Écosse et d’Irlande du Nord, le bilan actuel au Royaume-Uni serait conforme aux prévisions faites en avril dernier par des experts américains selon lesquelles le pays "pourrait enregistrer 66.000 morts d'ici début août".
Les premiers assouplissements du confinement, décidés à la mi-mai dans la confusion, n'ont pas eu lieu en douceur en raison de la polémique provoquée par les déplacements illégaux de Dominic Cummings, conseiller du Premier ministre britannique Boris Johnson, en plein confinement, suscitant l'indignation du public et entraînant une fronde dans les rangs du parti conservateur.
Désireux de relâcher progressivement les mesures tout en prolongeant le confinement, M. Johnson a déjà autorisé à partir de juin, les rassemblements de six personnes à l'extérieur en Angleterre, permettant aux familles ou amis de se retrouver dans un parc ou de partager un barbecue.
Il a également autorisé dès lundi l'ouverture partielle des écoles primaires, permettant aux élèves de 4 à 6 ans et de 10 à 11 ans, soit environ 2 millions d'écoliers, de regagner les bancs de l'école.
Jugée prématurée par bien des parents, des syndicats enseignants et des collectivités locales, la décision de réouverture des écoles a été vivement contestée.
Ainsi, le Syndicat national de l'Education réclame davantage de "tests et de preuves scientifiques solides" pour "rouvrir le moment venu", tandis que l'Association of School and College Leaders s'inquiète de "problèmes logistiques importants".
De leur côté, les parents ne sont pas tous rassurés par la perspective de renvoyer leur progéniture sur les bancs de l'école, en l’absence d’un système efficace de traçage et de dépistage.
Selon une étude conduite par la Fondation nationale pour la recherche en matière d'éducation auprès de 1.200 directeurs d'école, ceux-ci s'attendent à ce que 46% des familles gardent leurs enfants à la maison.
Les nouvelles consignes décrétées par M. Johnson visent, selon lui, à "continuer à contrôler le virus" tout en relâchant la pression. Ainsi, en attendant l'ouverture, au moins partielle, des lieux publics, des cafés, pubs et restaurants à partir du 1 juillet, certains commerces non essentiels et magasins de vêtements devraient ouvrir à la mi-juin.
Aussi, les 2,2 millions de personnes identifiées comme les plus fragiles et forcées de s'isoler totalement pourront sortir prudemment, de même que les concessionnaires automobiles et les marchés se tenant à l'extérieur pourront reprendre leur activité.
Comme la misère adore la compagnie, le pays, à peine sorti du joug de l'incertitude liée au Brexit, commence, par ailleurs, à ressentir le choc économique provoqué par la pandémie de coronavirus, avec une chute de 2% du PIB au premier trimestre.
Cette baisse, calculée par rapport au trimestre précédent, est la pire performance depuis le quatrième trimestre de 2008 en pleine crise économique mondiale, selon l’ONS.
L’économie britannique durement touchée par les trois années d'incertitude ayant suivi le référendum de juin 2016 sur l’appartenance de l’UE, devrait s’attendre à une récession inévitable l’année prochaine, selon l’avis de plusieurs analystes économiques.
Malgré toutes les contraintes liées à la pandémie, le gouvernement britannique a, toutefois, insisté que le virus n’aura pas la peau du Brexit après que le Premier ministre britannique a tranché qu'il n’acceptera pas de prolonger au-delà de fin 2020 la période de transition prévue pour permettre au Royaume-Uni et l'UE de se mettre d'accord sur leur future relation.
Alors que Londres et Bruxelles ont entamé, mardi, le quatrième cycle de négociations sur un accord commercial post-Brexit, les trois rounds de négociations précédents achevés sans progrès réels montrent un désaccord profond entre les deux parties sur l’avenir de leur partenariat.
Les négociations de cette semaine seront les dernières avant que M. Johnson ne participe à une réunion de haut niveau avec les dirigeants européens plus tard ce mois-ci pour évaluer les progrès réalisés dans les pourparlers.