Cette campagne, qui avait connu un franc succès en particulier auprès des afro-américains, avait nourri les espoirs d'une relance du tourisme au Ghana, pays qui cherche à se placer comme destination incontournable du tourisme mémoriel en Afrique de l'Ouest et à répondre au désir croissant des descendants d'esclaves en Amérique de remonter la trace de leurs ancêtres.
Après quelques mois du lancement du programme "Beyond the Return" (Au-delà du retour), une initiative étalée sur 10 ans (2020-2030) et visant à mettre en lumière l'héritage panafricain du Ghana et encourager les afro-descendants à visiter le pays et y investir, la pandémie de Coronavirus a sévi pour chambouler la vie de tout le monde.
Ainsi, la mise en œuvre de ce programme semble très difficile dans ce contexte où les frontières sont fermées, les vols suspendus et les réservations d’hôtels annulées.
Selon la ministre du Tourisme, Barbara Oteng Gyasi, les activités prévues dans le cadre du programme "Beyond The Return" prendront un tour différent en raison de la pandémie mondiale, affirmant que les préparatifs sont toujours en cours.
"Les préparatifs pour ce programme placé sous le thème 'Une décennie de restauration africaine 2020-2030' ont connu un ralentissement à cause du Coronavirus", a fait remarquer Mme Oteng Gyasi, notant que son ministère œuvre à s’y mettre avant la mi-juin.
Et de souligner que le département a mis en place un comité interministériel pour diriger ce projet et organiser davantage d'activités virtuelles dans le but de promouvoir le secteur touristique et partant maintenir les relations avec la diaspora.
Selon les estimations de la Fédération ghanéenne du tourisme (GHATOF), plus de 500.000 employés du secteur ont perdu leurs emplois au cours des deux derniers mois en raison de la pandémie.
"Les hôtels, les parcs de loisirs, les restaurants et les agences de voyage ne fonctionnent plus comme avant", a fait remarquer M. Ahmed Naaman, membre exécutif du GHATOF, notant qu’il y a quelques mois, ces installations étaient bondées de touristes, au moment où le Ghana célébrait les 400 ans de l’arrivée du premier navire d’esclaves à Jamestown en Virginie, aux États-Unis dans le cadre de la campagne "Année du retour".
Pour sauver ce secteur qui contribue à environ 7% au PIB, le gouvernement a lancé un programme de soutien aux entreprises impactées par la pandémie d'une enveloppe de 180 millions de dollars. L'objectif est de contribuer à atténuer l’impact du Coronavirus sur les entreprises, en particulier celles liées au secteur du tourisme qui subissent actuellement les effets dévastateurs de la crise.
Pour le consultant en tourisme, Goodlet Owusu Ansah, les acteurs de l’industrie touristique sont appelés à adopter des politiques agressives de promotion de la destination Ghana, une fois que les craintes liées aux voyages sont apaisées et la confiance des touristes renforcée.
"Le Ghana, devenue une destination privilégiée du tourisme mémoriel, dispose des atouts nécessaires pour attirer davantage de touristes, une fois que la pandémie sera terminée", a estimé M. Owusu Ansah.
Même son de cloche chez Radia Adama Saani, propriétaire d’une agence de voyage, qui a affirmé que cette crise sanitaire mondiale a impacté négativement le secteur qui peine à se relancer.
"Des réservations ont été annulés. Mais je reste optimiste pour la fin d’année, qui habituellement connait le pic", a confié à la MAP Mme Radia, appelant à encourager le tourisme interne et à profiter de la reprise des vols domestiques depuis le début du mois de mai.
Grâce à l’initiative "Année du retour", une invitation aux descendants de rejoindre la terre de leurs ancêtres, plus de 45.000 Afro-Américains ont fait le voyage au Ghana en décembre 2019, ce qui a généré des recettes touristiques estimées de près de 3,3 milliards de dollars US.
Retenir ses ressortissants, les dissuader d'émigrer et faire revenir ceux qui, pour des raisons économiques, ont quitté le Ghana est l'autre objectif affiché de cette campagne lancé par le président ghanéen, Nana Akufo Addo en septembre 2018 à Washington.