En quelques années, l’Inde est devenue l’une des destinations les plus prisées par ces patients venus de tous bords pour des fins de traitement associé à des options de soins médicaux à faible coût et de haute qualité avec les meilleurs services d'accueil.
Forte de ses infrastructures médicales avancées et ses médecins qualifiés, mais aussi de ses pratiques traditionnelles dont le Yoga, l’Unani ou encore l'Ayurveda, l’Inde qui souffre d’une croissance atone depuis bien avant l’apparition de la pandémie s’est vue terrassée par les conséquences de la crise Covid-19 qui a impacté tous les secteurs économiques sans distinction aucune.
Bien que le gouvernement ait autorisé récemment les vols domestiques, toutefois les professionnels du tourisme médical qui génère des recettes de plus de 7 milliards de dollars par an, ne misent pas gros sur cette mesure et entrevoient la reprise des vols internationaux et l’arrivée des touristes étrangers notamment de l’Europe, des pays du Golfe ou encore de l’Afrique.
De la transplantation d’organes aux chirurgiens esthétiques ou aux soins dentaires à la neurochirurgie de pointe et à la chirurgie cardiaque, l’Inde a fait des pas de géant en matière de services et de soins médicaux, un segment qui favorise l’émergence par ricochet d’autres services tels que l’hébergement, la restauration, l'interprétariat, les transports et bien d’autres.
A l’heure qu’il est, plus rien n’est comme avant, ni pour les touristes médicaux dont le nombre dépasse les 500.000 par an ni pour les professionnels du secteur.
Un climat d’incertitude et d’ambiguïté règne chez les professionnels qui s’attendaient à tous les scénarios sauf à une paralysie totale ou presque de leurs activités.
A Delhi, les propriétaires de plusieurs sociétés de tourisme médical affirment que le secteur est sur le point de s'effondrer et que des suppressions d'emplois à grande échelle dans les mois à venir pourraient être inévitables.
Cependant, ils entrevoient le bout du tunnel avec le méga Plan de relance économique de 266 milliards de dollars lancé récemment par le Premier ministre Narendra Modi.
"Dans le cadre du plan de relance budgétaire annoncé par le gouvernement, les entreprises du tourisme médical pourront bénéficier des mêmes avantages que les autres micros, petites et moyennes entreprises (MPME)", a affirmé Amit Sharma, propriétaire d’une société qui fait la promotion de voyages vers des établissements médicaux indiens.
"Le secteur du tourisme médical sera également autorisé à bénéficier de prêts avantageux annoncés par le gouvernement. Ce sera une bouée de sauvetage pour nous", s’est-il réjoui.
De même, la Fédération des chambres indiennes de commerce et d'industrie (FICCI) a appelé le ministère des Finances à soutenir le segment du tourisme médical qui constitue une importante source de devises.
Et pour amorcer le choc de la crise, les professionnels du secteur ont dû adapter leurs activités aux contraintes actuelles.
Plusieurs sociétés ont jeté leur dévolu sur la télémédecine, une pratique qui a pris de l’ampleur à l'échelle mondiale au cours des dernières années grâce aux avancées technologiques réalisées en la matière.
"Les entreprises du tourisme médical qui disposent de bureaux à l'étranger ont déjà commencé à interagir avec les gouvernements d'autres pays, demandant l'autorisation de démarrer des services de télémédecine. Jusqu'à présent, nous avons pu déployer ces services auprès de nos clients au Myanmar et en Ouzbékistan", a fait savoir Vinay Aggarwal, propriétaire d’une entreprise médicale opérant à Gurgaon, ville satellite de Delhi.
"Étant donné que les entreprises dépendent des voyages internationaux et qu'aucun nouveau patient ne devrait débarquer en Inde au moins dans les deux prochains mois, les professionnels voient en la télémédecine la meilleure option pour maintenir les affaires à flot", a-t-il dit.
La crise Covid-19 a également frappé de plein fouet les opérateurs de l’hébergement touristique à l’image de Gautam Kumar, propriétaire d’une résidence spécialisée dans l’accueil des touristes internationaux qui n’a pas caché dans une déclaration à MAP-Delhi sa préoccupation quant à la situation du secteur dont la survie ne tient qu’à un fil.
"Depuis la suspension des vols internationaux, nos recettes sont tombées à presque rien, mais nous profitons de la situation pour mener au moins des travaux d’entretien dans l’attente du retour des choses à la normale", a noté M. Gautam, reconnaissant qu’il trouve des difficultés dans le paiement des 23 salariés que compte sa société.
Même après la reprise des vols, les professionnels du secteur ne s’attendent pas à d’importantes recettes car la clientèle étrangère, qui représente plus de 20 % de l'activité des grands hôpitaux privés du pays, devrait, elle aussi, serrer un peu plus la ceinture pour venir à bout des conséquences désastreuses de Covid-19 qui n’a épargné aucun pays.
A cela s’ajoute un marché mondial du tourisme médical très concurrentiel avec des acteurs aussi imposants tels que la Chine, la Thaïlande, le Singapour ou encore la Malaisie.
Quoi qu’il en soit, des observateurs estiment qu’aux pays des paradoxes, les touristes internationaux "beaucoup plus rentables" sont traités en priorité alors que des millions d'Indiens, eux, demeurent épargnés des services de cette médecine privée de qualité.