La violence et la fureur qui s'étaient emparées de Minneapolis, où le décès de George Floyd en début de semaine a déclenché les premiers troubles, ont balayé d'autres villes: de Columbus en Ohio, à Little Rock en Arkansas, à Miami en Floride ou encore dans les métropoles de New York, Los Angeles ou la capitale fédérale Washington.
"A Los Angeles, des voitures et des magasins ont été endommagés ou détruits et à Chicago, des coups de feu ont résonné dans le centre-ville d'Indianapolis et une ville américaine après l'autre emplie de fumée, de bâillonnement et de vomissements qui suivent les gaz lacrymogènes", décrit le New York Times dans un récit d'une nuit de confrontations de samedi à dimanche entre manifestants et force de l'ordre.
Des centaines de personnes ont été arrêtées à travers le pays lors de ces heurts imputés par les autorités à des forces radicales.
Dans certaines villes, la police a du se servir de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène pour disperser les foules qui ont parfois incendié des véhicules de police, bloqué les rues et pillé des magasins.
Face à cette montée de violences, nombre de grandes villes américaines avaient mis en place des couvre-feux et appelé la Garde nationale à la rescousse.
Au moins 75 villes ont été le théâtre de ces manifestations des derniers jours et les maires d'une vingtaine d'entre elles ont imposé des couvre-feux.
Selon des média US, c'est la première fois qu'un nombre aussi important de dirigeants locaux émettaient simultanément de tels ordres face aux troubles civiques depuis 1968, date de l'assassinat du leader du mouvement des droits civiques des noirs, le révérend Martin Luther King.
Dans des appels au calme, les gouverneurs et les maires de plusieurs Etats ont exhorté les milliers de personnes qui protestent à mettre fin à la violence.
Le ministre de la Justice, Bill Barr a dénoncé samedi ce qu'il a qualifié de violence "planifiée" de la part de "groupes extrémistes d'extrême gauche".
Sur Twitter, le président américain, Donald Trump, qui avait immédiatement dénoncé le meurtre de George Floyd à l'origine des émeutes, s'est en pris avec force aux manifestants violents.
"Lorsque le pillage commence, les tirs commencent", a-t-il notamment écrit faisant écho, selon nombre d'analystes, aux commentaires d'un chef de la police de Miami en 1967, ce qui aurait, selon ses détracteurs, empiré davantage la situation.
Il a du ensuite atténuer ses propos en affirmant «comprendre la douleur» de la famille de George Floyd avec laquelle il s'est entretenu tout comme l'a fait auparavant son prochain rival à la présidentielle, Joe Biden.
Trump avait aussi proposé le déploiement d'unités de l'armée pour ramener le calme. Le Pentagone a ainsi exprimé sa disposition à fournir une aide militaire aux autorités qui tentaient de contenir les troubles notamment à Minneapolis, mais le gouverneur du Minnesota Tim Walz a décliné l'offre.
Dimanche matin, Amnesty International a appelé, dans un communiqué, à mettre fin aux activités de police militarisées dans plusieurs villes américaines et au recours à une "force excessive" contre les manifestants contre les violences policières.
La police à travers le pays "manquait à ses obligations en vertu du droit international de respecter et de faciliter le droit de manifester pacifiquement, exacerbant une situation tendue et mettant en danger la vie des manifestants", écrit l'ONG internationale.
Outre les bavures policières, des observateurs estiment que la vidéo de la mort de M. Floyd devenue virale, a exacerbé l’angoisse face aux inégalités et aux mauvais traitements subis par les afro-américains.
Cet incident tragique, loin d'être isolé, intervient dans un contexte de crise marqué par deux mois de confinement pour freiner la pandémie de coronavirus à l'origine d'un profond ralentissement économique avec 40 millions Américains aujourd'hui sans emploi.
"Pour de nombreux afro-américain, ce moment s'apparente à une crise dans une crise dans une crise", souligne le site d'information Axios en référence aux discriminations raciales, aux disparités sociales et à l'impact du coronavirus plus accentué parmi les Noirs.
George Floyd avait perdu la vie après qu’un policier blanc, arrêté depuis et accusé de meurtre, s’est agenouillé sur son cou lors d'une interpellation brutale filmée par un passant. La vidéo devenue vitale a suscité l'indignation aux Etats-Unis et à travers le monde.
"Je suis consternée d'avoir à ajouter le nom de George Floyd à celui de Breonna Taylor, Eric Garner, Michael Brown et de nombreux autres Afro-Américains non armés qui sont morts au fil des ans aux mains de la police - ainsi que des personnes comme Ahmaud Arbery et Trayvon Martin qui ont été tués par des membres armés du public", a notamment dit la Haute-Commissaire des Nations-Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet.