L'une des branches les plus touchées par la pandémie du Covid-19 est le secteur hôtelier qui a vu le taux d'occupation baisser de plus de 80%, parfois de 100%, depuis le 15 mars, date ayant marqué le début de fermeture de l'économie du pays sud-américain.
Mais en raison de la pandémie du Covid-19 qui a atteint 438.238 personnes et fait plus de 26.500 morts jusqu’à présent, le PIB du secteur tombera à près de 31,4 milliards de dollars en 2020, soit une réduction de 38,9% des revenus par rapport à l'année dernière (plus de 51 milliards dollars), souligne une étude de l’organisation FGV Projetos.
Ainsi, la perte totale du secteur du tourisme brésilien est estimée à 22 milliards de dollars au cours de l'exercice 2020-2021, soit une perte de 21,5% de la production totale pour la période.
Pour atténuer l’impact de la crise, les hôtels cherchent à se réinventer : des séjours labélisés sûrs, transformation d’hôtels en bureaux à usage temporaire et recentrage des services sur les segments de touristes nationaux.
De leur côté, les autorités ont instauré une mesure provisoire, permettant la suspension de contrats et la réduction des salaires et des heures de travail.
Néanmoins, cette démarche de trois mois n’a pas dissipé le doute autour d’une reprise. Plusieurs associations ont adressé une lettre au gouvernement pour exiger des mesures à même d’éviter l’"effondrement" du secteur.
Selon la lettre, ce secteur, qui est le premier touché et sera le dernier à retrouver la normalité, aura perdu 2,65 milliards de dollars depuis le début de la crise et jusqu’au 30 avril, alors que 295.000 salariés ont déjà été licenciés.
Pour les professionnels, la solution devrait être axée sur trois actions : la prolongation de la suspension des contrats de travail, le déblocage immédiat de crédits pour les petites, moyennes et grandes entreprises du secteur et la création d'incitations fiscales afin de raccourcir autant que possible la phase de reprise.
Le gouvernement a réagi favorablement avec notamment le lancement de fonds de soutien des entreprises du secteur, ainsi que la création d’un label "tourisme protégé" à partir du 1er juin.
Dans la foulée, le chef de l’Etat vient d’approuver une loi transformant l'Institut brésilien du tourisme (Embratur) en Agence brésilienne de promotion internationale du tourisme, dotée d'un statut de service social autonome.
Ce changement permet à Embratur de rester sous la tutelle du gouvernement, mais peut également recevoir des financements privés pour développer des actions de promotion du tourisme, notamment durant la crise sanitaire.
Le texte stipule que la nouvelle agence s’attèlera "à planifier, formuler et mettre en œuvre des actions de promotion commerciale des produits, services et destinations touristiques brésiliens à l'étranger, en coopération avec l'administration publique".
Pour une meilleure résilience face aux répercussions du Covid-19, le texte prévoit également que, dans un premier temps (six mois), les ressources de la nouvelle agence soient exclusivement destinées au tourisme intérieur.
D’autre part, en termes de flux de touristes brésiliens vers l’étranger, les professionnels ne s’attendent pas à un prompt retour à la tendance observée auparavant dans un marché brésilien devenu un enjeu majeur ces dernières années pour les différentes destinations mondiales.
Selon un sondage de la plateforme de recherche de vols Viajala auprès d’environ 3.000 de ses utilisateurs d'Amérique latine, les touristes sont plutôt hésitants à cause notamment de la baisse des revenus, de la peur d’être exposés à la maladie et de méfiance à l’égard de la qualité des services touristiques dans leurs destinations.
Par ailleurs, l’étude relève une certaine confusion sur la date des prochains voyages. Les Brésiliens, par exemple, sont plus optimistes quant au retour du tourisme intérieur, ne serait-ce qu’à court terme, car les voyages sont, en théorie, plus sûrs, moins chers et simple à organiser.
Selon l'enquête, 26% des utilisateurs brésiliens de la plateforme ont déclaré qu'ils retourneraient voyager à l'intérieur du pays dès la fin de la quarantaine. Pour 20%, les voyages ne reviennent pas avant octobre 2020, alors qu'une part de 16% est encore plus optimiste, prédisant déjà le retour pour juin.
En revanche, 66% des utilisateurs brésiliens de la plateforme ont déclaré ne pas savoir quand est-ce qu’ils pourront à nouveau quitter le pays, une orientation confortée également par la hausse surprenante du dollar face au real brésilien.
Par contre, au niveau national, des hôtels tentent de reprendre leurs activités, notamment dans le sud, dont certaines destinations peuvent fonctionner depuis le 6 courant avec 50% de leur capacité avec des mesures préventives pour encourager les flux de touristes, d’abord dans un rayon de 300 km avec le ciblage des touristes disposant de voitures personnelles. Cette expérience a montré que les touristes sont plus intéressés par les hôtels isolés des agglomérations.
Le tourisme brésilien, qui a toujours peu dépendu des flux internationaux, ne semble, en effet, pas promis à une reprise de la normalité de sitôt, mais les mesures prises en faveur d’un minimum de résilience pourraient permettre une certaine dynamique à l’intérieur à partir de juillet ou aout.
FGV Projetos estime que la reprise pourrait s'étendre jusqu'au milieu de 2021, et prendre au moins 18 mois pour ce qui est du tourisme international, mais pour compenser ces lourdes pertes, il faudra que le tourisme réalise une croissance de 16,95% en 2022 et 2023.