"L’épidémiologie, un terme présent sur toutes les lèvres en cette période de crise sanitaire, a su affirmer son importance" a souligné M. Belalia, dans un entretien accordé à la MAP, mettant en exergue le rôle sans équivoque qu'a joué cette spécialité dans la lutte contre la propagation de la Covid-19.
"Lancée à l’ENSP en 2010, la filière épidémiologie de santé publique a pour objectif de former des épidémiologistes aptes à faire de la surveillance épidémiologique, lancer des alertes, analyser des données et mettre en place des actions concertées avec l’administration centrale pour lutter contre les épidémies", a indiqué le responsable.
"Cette filière est, aujourd’hui, appuyée par des organisations internationales, notamment le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC)", a-t-il précisé, notant qu'elle compte 76 lauréats qui travaillent actuellement dans les unités de surveillance épidémiologique dans toutes les provinces du Royaume.
Les lauréats de cette spécialité sont des cadres et responsables qui luttent avec acharnement et œuvrent sans relâche à mettre en place des dispositifs de surveillance épidémiologique, dans le cadre du programme national de lutte contre la Covid-19, a affirmé fièrement M. Belalia, ajoutant que 30 autres lauréats ont, également, été formés dans le cadre d’un programme de courte durée, ayant pour but de former des équipes d’interventions rapides, capable d’agir efficacement en cas d’épidémie.
L’effort de l’école a été couronné en 2019, par une accréditation mondiale de la filière épidémiologie de santé publique par le CDC, a souligné le directeur.
Concernant les autres spécialités de l’école, M. Belalia a indiqué que l’ENSP a depuis quelques années, élargi son champ de spécialités vers différentes filières, tels que le management de santé, la gestion de programme sanitaire et la santé de famille et santé communautaire. "Cette dernière branche a été ouverte pour répondre aux besoins du système de santé national, notamment en matière de renforcement des soins de santé primaire", a-t-il expliqué.
En effet, souligne-t-il, depuis la déclaration d'Alma-Ata sur les soins de santé primaires, le 12 septembre 1978, l’intérêt a été porté dans le monde entier vers les soins de santé primaires de la population. "Le Maroc s'étant inscrit dans cette logique, cette filière fut créée", a-t-il noté.
"Son objectif est de former des médecins de famille, capables de prendre en charge le patient -non pas d’un point de vue individuel- mais dans une dimension familiale et communautaire", a expliqué le responsable.
Par ailleurs, l’école a établi un plan de développement s’articulant autour de quatre orientations majeures, à savoir l’amélioration de la qualité de la formation, la diversification de l’offre de formation, le développement des capacités de recherche pour l’aide à la prise de décision ainsi que l’amélioration du positionnement de l’établissement au niveau national et international.
"Ce plan de développement a permis à l’école de se doter préalablement des atouts nécessaires pour développer des formations en ligne, bien avant la mise en place des mesures de confinement par les autorités", a-t-il relevé.
A cet égard, le responsable révèle que le e-learning a permis de former près de 5.000 étudiants issus de toutes les régions du Royaume et des centaines d’étudiants en provenance de pays d’Afrique subsaharienne.
En outre, et dans un contexte de solidarité nationale de lutte contre la Covid-19, l’école a pu mobiliser ses équipes, enseignants et professeurs dans le cadre de projets de recherche en épidémiologie et dans le domaine de la Covid-19, en plus de lancer la plateforme électronique www.covidaba.com offrant une recherche multicritères par mot clé, thème, pays ou langue, en permettant l’accès à des supports différents comme les documents, les enregistrements vidéo et audio ainsi que les liens vers les publications dans le domaine.
Abordant les enjeux futurs, le directeur de l’ENSP a noté que la crise de la Covid-19 "nous pousse à percevoir l’avenir au-delà de l’aspect national", affirmant que dans le cadre de la mondialisation et des flux migratoires, il sera nécessaire de concilier entre "sécurité sanitaire et ouverture sur le reste du monde".
L’école nationale de santé publique, anciennement appelé l'Institut national de l’administration sanitaire, a pour objectif de doter le système de santé national de cadre et de gestionnaires capables d'intégrer les techniques de gestion à l’administration sanitaire.
Elle compte 18 enseignants-chercheurs permanents, plus de 70 intervenants vacataires et 32 ressources humaines permanentes des unités administratives et techniques de l’école.
Depuis sa création en 1989, l’ENSP a formé 16 promotions dans le cadre du cycle de spécialisation en santé publique et en management de la santé.
Avec environ 717 lauréats évoluant dans les différentes structures de santé, l’ENSP a connu une augmentation du nombre d’étudiants en formation initiale dans les trois dernières années, comme le montre le graphique ci-dessous. Il est à rappeler aussi qu’environ 12% de ces lauréats sont issus de pays d’Afrique et exercent, actuellement, en tant que responsables dans les systèmes de santé africains.
En parallèle, l’ENSP a formé plus de 5.000 cadres et professionnels de santé dans le cadre de la formation continue. Ils sont issus d’organisations marocaines et étrangères et représentent une population qui renforce d’année en année le réseau des anciens de l’ENSP.
La recherche scientifique constitue aussi un domaine important de la mission de l’école. Avec plus de 350 projets de recherche et expertise à son actif, l’ENSP s’investit chaque année dans une vingtaine de projets de recherche liés à différents domaines de la santé publique.