De fait, l'effort diplomatique mené au plus haut niveau du gouvernement semble s'adapter aux aléas de la pandémie à la faveur d'un enchaînement incessant de vidéoconférences afin de mieux convaincre.
Fait saillant de la campagne de communication que mène Ottawa: la promesse d'agir selon une approche "consensuelle, productive et collaborative" en tant que membre de l'organe exécutif des Nations Unies.
Fer de lance de la candidature canadienne, le représentant permanent du pays nord-américain auprès de l'ONU Marc-André Blanchard voit grand à propos de la solidarité mondiale pendant et post-pandémie.
Ottawa souhaite travailler avec les neuf autres membres non permanents pour amener les cinq puissances dotées de droit de veto à se pencher, d'abord, sur "l'amélioration des conditions économiques des pays en difficulté". Voilà l'une des promesses phares du Canada qui a multiplié les contacts avec les petits pays et ceux frappés par la crise du coronavirus.
"Nous avons déjà beaucoup fait pour la protection des civils lorsque nous étions la dernière fois membre du Conseil. Cette fois, nous nous engageons contre les inégalités et l'insécurité économique", a-t-il déclaré à la presse.
En gros, M. Blanchard énumère les atouts de l'action canadienne pour séduire à l'approche du vote : rassembler autour de la sécurité alimentaire dans les pays vulnérables, préserver les chaînes d'approvisionnement dans le monde, et enfin réfléchir à des modèles de financement en faveur des pays en difficulté.
Dans la même lignée, le Premier ministre Justin Trudeau vient d'avoir des discussions à distance avec un groupe de représentants permanents des pays de la Ligue arabe auprès de l’Organisation internationale au sujet de la candidature au Conseil de sécurité en 2021-2022.
A l'adresse de ses interlocuteurs, il n'a pas manqué de réaffirmer le soutien constant d'Ottawa à une solution à deux États au Proche Orient, fondée sur un accord négocié entre les parties.
Le chef de l'exécutif a aussi évoqué le défi de la pandémie de Covid-19 en mettant l'accent sur la coopération multilatérale pour faire face aux répercussions sanitaires et économiques de la crise actuelle.
Le pays nord-américain tient en fait à mettre à profit ses contributions à la guerre mondiale contre le groupe terroriste Etat islamique, ainsi qu'en faveur d'une solution politique en Syrie, devenu un foyer majeur de tension dans la région.
Sur ce même registre, l'action diplomatique menée par M. Trudeau vise à capitaliser sur le rapprochement significatif favorisé par la première participation d'un Premier ministre canadien au sommet africain de février dernier.
De fait, le chef du gouvernement avait effectuée une tournée sans précédent en Afrique en vue de courtiser ses Etats en faveur d’une candidature en difficulté devant deux prétendants européens: la Norvège et l’Irlande.
"Nous avons constamment été impliqués dans l’aide à l’Afrique et nous allons continuer à l’être", avait-t-il affirmé, en relevant qu’un siège au conseil de sécurité de l’ONU est une façon de pouvoir continuer à aider au continent.
Le leader libéral a profité de sa visite pour multiplier les rencontres avec les dirigeants africains afin d’obtenir l’appui des pays du continent dans sa campagne visant à faire élire le Canada au Conseil de sécurité de l’ONU.
De l’avis de plusieurs observateurs, Ottawa a entamé tardivement sa campagne, alors que les deux autres prétendants à un siège non permanent au sein de l’organe exécutif onusien ont franchi, d’après eux, des étapes significatives dans la course.
Bien des analystes craignent que le Canada paie le prix de ses choix traditionnels de politique étrangère, souvent réticente et peu engagée en termes d’aide au développement et de maintien de la paix.
En effet, la contribution canadienne aux opérations de maintien de la paix dans le monde se chiffre à 35 militaires et policiers canadiens qui étaient déployés comme Casques bleus à la fin d’avril, selon des données de l’ONU.
Il s’agit du plus petit nombre depuis au moins 1956, à déclaré à la presse l’expert en maintien de la paix au Collège des Forces canadiennes à Toronto, Walter Dorn, estimant que cette faible contribution du Canada pourrait nuire à sa candidature.
A la fin d’avril, les deux rivaux d’Ottawa la Norvège et l’Irlande comptent respectivement 65 et 474 Casques bleus sur le terrain.
Ottawa avait pourtant promis de fournir jusqu’à 600 militaires et 150 policiers dans le cadre d’un effort plus large destiné à assurer un soutien canadien accru aux opérations onusiennes de maintien de la paix.
Ce déclin est aussi attribuable à la crise sanitaire du coronavirus, qui a entraîné un recul du nombre de déploiements à l’étranger pour les Forces armées canadiennes et la suspension de nombreuses opérations, y compris l’utilisation d’un avion de transport par l'ONU en Afrique.
En tout cas, l'ambassadeur Blanchard plaide que le Canada était l’un des plus importants contributeurs aux budgets de maintien de la paix, tout en mettant l'accent sur ses "contributions ciblées" en termes d'équipement spécialisé, de troupes spéciales, de formation et de support technique.
Les deux sièges convoités au sein du principal organe de décisions onusien feront l’objet d’un vote de l’Assemblée générale en juin prochain.
Un éventuel succès d’Ottawa dans la course pour un siège au Conseil de sécurité lui permettrait de mettre fin à une longue absence au sein de l'organe chargé de la paix et de la sécurité internationales, depuis son mandat de 1999-2000.