Pour le professeur en économie à l’Université de Brasília, le Maroc, un pays leader et dynamique en Afrique, est parmi les mieux placés pour bien gérer ses rapports, économiques notamment, avec ses partenaires africains durant et après la crise sanitaire.
Dans une interview accordée à la MAP, M. de Sousa Maia, qui a notamment travaillé auprès des ministères brésiliens des Relations extérieures et de l'Industrie et du commerce, a, par ailleurs, souligné les particularités de la situation de la pandémie du nouveau coronavirus au Brésil, devenu un des pays les plus touchés au monde.
L’auteur de "ZPCAS : Une nouvelle donne pour l'Atlantique Sud" s’est arrêté également sur les perspectives de développement au sein des BRICS et sur ce à quoi ressembleraient les pays membres à l’ère post-coronavirus.
1. Pour contenir la propagation du nouveau coronavirus, le Maroc a adopté diverses mesures préventives pour atténuer l'impact économique et social de la pandémie. Comment évaluez-vous ces mesures et à quel point elles ont permis de protéger la santé publique et l'économie nationale?
Le monde entier traverse cette crise sanitaire dans la douleur, avec un impact profond sur les économies et notamment les entreprises qui risquent la faillite dans certains cas de figure.
Ce genre de mesures sont à même de préserver la bonne santé de l’économie, notamment si elles couvrent l'ensemble de la structure de production, tant au niveau du secteur des biens que celui des services, ce qui est encore plus essentiel pour les petites, moyennes et micro-entreprises.
Dans ce sillage, l’expérience marocaine se distingue à bien des égards. Fer de lance de la réponse marocaine à la propagation de la pandémie du Covid-19, le Fonds marocain de gestion du nouveau coronavirus, doté de plus de 32 milliards DH, est crucial pour maintenir le bon fonctionnement de l'économie et pour renforcer sa résilience.
Cette initiative est, par ailleurs, fondamentale pour assurer une prompte reprise de la croissance économique après la pandémie.
2. Pour vous, comment les secteurs clés de l’économie marocaine, tributaire d’une grande valeur ajoutée et d’une importante capacité à créer des emplois, peuvent-ils surmonter cette crise?
En effet, différents secteurs de l'économie du Royaume seront affectés, plus ou moins, par la crise et ce, de différentes manières. Par exemple, l'agriculture, y compris celle à petite échelle, sera peu affectée par la crise sanitaire.
Cependant, les autres secteurs, à leur tête l'industrie automobile, subiront un impact plus profond, bien qu’il existe des activités qui ont, de par leur nature, cette capacité de se remettre rapidement en selle, après la fin des mesures d'isolement social.
Par ailleurs, les secteurs structurels de l'économie, comme l'industrie automobile, la pêche maritime et le tourisme, auront besoin d'un peu plus de temps pour reprendre le rythme d'avant la pandémie.
Ces secteurs, qui tirent leur importance du nombre d’emplois qu’ils créent et des revenus qu’ils génèrent, doivent jouir d'une grande attention, d’autant plus qu’ils jouent un rôle important dans la stabilité économique.
3. Quels sont les scénarios de reprise économique en Afrique et comment le marché africain va-t-il réagir à cette crise sanitaire?
Le commerce du Maroc avec l'Afrique, tout comme d’ailleurs celui de tous les pays du monde avec ce continent, est affecté par la pandémie du nouveau coronavirus.
Le retour du Maroc à l'Union africaine en 2017 a donné un nouvel élan aux relations politiques et économiques avec les pays du continent et consacré le Royaume comme un partenaire crédible aux plans politique et économique.
La situation en Afrique, qui aura plus que jamais besoin de soutien et d’appui pour revigorer son économie, devrait conforter le Maroc dans son statut de passerelle pour les acteurs européens et mondiaux en Afrique et comme étant un "refuge sûr" pour les actions mondiales en Afrique.
4. Le continent africain ne devrait-il pas penser à conjuguer les efforts et à apporter une réponse commune à la pandémie du Covid-19?
Le temps passé par le Maroc en dehors de l'Union africaine ne l’a pas éloigné des pays africains. Qui plus est, le Royaume a développé une grande capacité à diversifier ses partenaires et à établir des liens commerciaux et politiques solides avec différentes régions du monde, particulièrement avec l'Europe.
A travers ce cumul, le Maroc est devenu bien placé pour jouer le rôle de facilitateur en matière de relations internationales et africaines et de hub économique.
Le Maroc peut s’ériger davantage en grande plateforme entre le monde et l'Afrique, en l’occurrence au niveau de la coordination du soutien mondial aux efforts des pays africains visant à lutter contre la pandémie.
L'initiative de SM le Roi Mohammed VI, qui avait proposé le lancement d’une initiative des chefs d’État africains visant à établir un cadre opérationnel pour soutenir les dirigeants de la région dans la gestion de la pandémie, conforte la position du Maroc en tant qu’acteur majeur en Afrique, ainsi que le leadership du Souverain.
5. Le Brésil, un des pays les plus touchés au monde par la pandémie, est confronté à une situation économique difficile en raison de la propagation du Covid-19. Quel avenir entrevoyez-vous pour le pays et les membres des BRICS en général?
Le Brésil est un cas "sui generis" dans la lutte contre la pandémie et dans ses relations internationales. Pour ce qui est de la lutte contre le Covid-19, on est appelé à appréhender ce qu’est une "économie de guerre". Il s’agit d’une période où chacun doit s'unir dans la lutte contre un ennemi commun.
Au Maroc, par exemple, il y a un effort national, dans lequel sont engagés tous les secteurs concernés par la lutte contre la pandémie et SM le Roi a joué un rôle essentiel en cette période, pour unir tout le peuple marocain à ce moment difficile.
Au Brésil c’est différent. Les divergences politiques ont profondément impacté la gestion de la pandémie et l’efficacité des mesures prises dans ce sens.
De ce fait, le Brésil sera le plus touché par la crise parmi les pays membres de l’organisation des BRICS, qui regroupe également la Chine, la Russie, l’Inde et l’Afrique du sud.
La solution au Brésil devrait être à la fois juridique, politique et administrative afin de rétablir la situation d’avant crise sanitaire.