Si les statistiques du ministère de la Santé font toujours apparaître quatre cas d’infection au Covid-19 dans la région de Laâyoune-Sakia El Hamra, cela s’était produit fin mars à Boujdour, à environ 200 km au sud de Laâyoune, et depuis lors, tous ces patients ont quitté l’hôpital après s’être remis de la maladie.
La population ne se perd pas en conjectures sur les raisons de cet "exploit", car l’essentiel pour eux est que leur ville soit épargnée jusqu’à présent, et qu’ils peuvent, sans avoir peur de croiser le virus, faire leurs emplettes chez l’épicier du coin, le boucher ou le marchand de légumes.
A Laâyoune, tout le monde s’incline devant le travail formidable abattu par les autorités locales, le conseil communal et la société civile qui ont rendu le chef-lieu du Sahara marocain une barrière infranchissable pour le virus.
"Si notre ville n’a recensé aucun cas d’infection au coronavirus c’est grâce à la mobilisation, de jour comme de nuit, des autorités locales, des élus et des acteurs de la société civile", affirme à la MAP El Alia Mgharbalha, une militante très engagée depuis le début de la pandémie dans le travail de sensibilisation auprès de la population.
"La population a bien compris notre message sur les dangers de la maladie et elle s’est résolue à respecter le confinement et le port du masque", ajoute-t-elle, toute comblée de joie de constater que son travail sur le terrain a été payant, tout comme celui des autres acteurs associatifs de la ville.
En effet, et depuis la proclamation de l’état d’urgence sanitaire le 20 mars, les agents d’autorité sont engagés dans une vraie course contre la montre pour veiller à la prompte exécution des décisions prévues dans le cadre de cette mesure exceptionnelle.
Faire respecter le confinement, contrôler les attestations de déplacement exceptionnelles, tout en continuant à mener les missions quotidiennes de préservation de l’ordre, la tâche est épuisante pour ces agents, surtout durant le mois de Ramadan.
Il faut également épauler les élus dans la mise en œuvre des décisions qui relèvent de leurs compétences.
Aucun aspect n’est laissé au hasard et toute faille risque de coûter cher dans ce combat laborieux contre le virus.
Après la fermeture de l’aéroport Hassan 1er, il fallait cerner la menace qui pourrait provenir, par voie terrestre, des autres villes de l’intérieur touchées par le virus.
Ainsi, toutes les entrées de la ville sont strictement surveillées et les rares personnes autorisées à accéder à Laâyoune sont placées en quatorzaine.
La commune de Laâyoune, elle aussi, mène un travail tous azimuts pour prévenir tout risque de transmission du virus : Grandes opérations de désinfection et stérilisation, fermeture des marchés populaires, source potentielle de propagation du virus, recasement des marchands ambulants, hébergement des SDF etc…
Mais tout cet effort ne saurait donner ses fruits sans une population disciplinée et consciente des dangers de la maladie.
Pour s’en convaincre, il fallait voir l’inquiétude exprimée par les habitants lorsque des rumeurs ont couru sur le débarquement au port de Laâyoune d’un groupe de marins pêcheurs, en provenance d’Agadir, sans avoir à subir la mise en quatorzaine.
Déterminés à sauvegarder coûte que coûte cet acquis de ville exempte de contaminations, la population de Laâyoune souhaite que sa discipline soit récompensée dans l’hypothèse d’un déconfinement par région que pourrait envisager le gouvernement.