Pour faire face à l'épidémie du coronavirus, les autorités italiennes, à l'instar des autres pays du monde, ont décidé de fermer les mosquées, d'interdire les pratiques religieuses nécessitant le rassemblement des fidèles, et d'abolir les tables de bienfaisance «Mawaid Arrahmane», une situation qui a entrainé une initiative de pratique des rituels ramadanesques dans les foyers dans une atmosphère, au demeurant, spirituelle de partage et de synergie entre les Musulmans à travers les médias sociaux.
Depuis son domicile dans le nord de l'Italie, Hamid Zariyat, chirurgien marocain, Imam et prédicateur d'une mosquée à Turin, interagit avec des dizaines de membres de la communauté marocaine et des communautés musulmanes via les médias sociaux pour offrir des cours de mémorisation et de psalmodie du saint Coran et la compréhension de ses versets.
"Il ne fait aucun doute que les prières nous manquent dans la mosquée et les tables communes de l'Iftar, mais il y a certainement un aspect positif à la quarantaine, qui est l'engouement sans précédent des communautés musulmanes pour les cours de religion, facilité par les nouvelles technologies, ainsi que l'instauration de nouvelles coutumes familiales qui n'ont jamais existé auparavant", a indique M. Zariyat, dans une déclaration à la MAP.
Pour ce médecin et Imam marocain, cette année, le nombre de Marocains et de Musulmans en général, qui bénéficient des cours religieux grâce à la technologie audiovisuelle à partir de leur maison, est trois fois plus grand que celui des personnes qui assistaient à ces cours dans la mosquée au cours des dernières années.
Il tient à organiser une séance particulière avec les membres de sa famille, au cours de laquelle il invite son fils aîné à diriger la prière des Tarawihs, tout en demandant à sa jeune fille, pendant la pause, de leur parler du mois béni et de ses vertus, étant donné que ce qui est important à cet égard est "d’habituer nos enfants à l'ambiance positive du Ramadan".
Les autorités italiennes misent sur la distanciation sociale en tant que principale mesure préventive pour limiter la propagation de la contagion, un dispositif pris au sérieux par les Marocains résidant dans ce pays lorsqu'ils entreprennent des initiatives caritatives, ou accomplissent les rituels propres au mois sacré.
Les musulmans italiens se retrouvent obligés de rompre le jeûne avec le cercle limité des membres de leur famille à la maison sans inviter des proches, amis ou voisins, et considèrent la période de quarantaine comme une précieuse occasion de méditation, d'adoration, de piété, et de promotion des liens familiaux.
Malgré la disparition des tables de charité, Mawaiid Arrahmane, dans différentes régions italiennes au regard de la crise sanitaire et économique causée par l'épidémie de coronavirus, l'élan de partage, de synergie et de solidarité de toutes sortes s'est renforcé parmi les membres de la communauté marocaine, dont beaucoup préparent des repas et les livrent aux nécessiteux et aux sans-abri, et leur fournissent également de la nourriture dans le cadre d'initiatives qui concilient le devoir de faire de bonnes actions tout en s'engageant à prendre des mesures de précaution pour prévenir la propagation du virus.
Les Marocains établis en Italie ont fait preuve ainsi d'un haut degré d'empathie et de solidarité au cours de ce mois béni qui, plus que jamais, a renforcé les liens entre eux dans cette conjoncture bien particulière.
Ils tentent également de s'adapter à cette nouvelle réalité et de changer leurs habitudes du Ramadan, mais sans pour autant se passer des traditions de la cuisine marocaine et des délicieux plats marocains qui donnent une saveur particulière à ce mois sacré.
Si la crise du nouveau coronavirus a éclipsé certaines coutumes ramadanesques des musulmans italiens, elle a, en revanche, contribué à renforcer les liens d'affection entre eux, et les a aidés à appréhender davantage l'essence du jeûne et le véritable objectif de ce mois sacré.