Le président de l'IMIS, M. Abdelmalek Alaoui revient, dans une interview accordée à la MAP, sur les défis à relever par le Maroc après la pandémie Covid-19, sur les stratégies à adopter, ainsi que sur les enseignements à tirer de cette crise mondiale.
1- Maintenant que le monde entier parle du déconfinement après avoir payé cher à cause du Covid-19, d'après vous quel Maroc après la pandémie?
Il est encore trop tôt pour donner une réponse définitive. Ce qui est certain en revanche c'est que nous aurons, pendant un temps du moins, un Maroc aux prises avec les difficultés inhérentes au redémarrage d’une économie lourdement éprouvée par la crise du coronavirus. Nous devrions donc assister à un accroissement des inégalités, qui ne pourra pas être compensé par l’organisation de la solidarité mise en place par l’Etat. A titre personnel, je souhaite que le Maroc post-Covid puisse être plus inclusif, plus solidaire, et plus en position d’agilité stratégique pour capter les opportunités qui s’offrent à lui, notamment pour devenir ce "Hub" industriel qui constitue un "plan B" à la Chine pour l’Europe et l’Amérique.
2- A l'instar de tous les pays du monde, l'économie nationale a été lourdement impactée, quels sont les secteurs prioritaires à réhabiliter après la pandémie?
Indubitablement les industries du tourisme au sens large, de l’hospitalité et du "retail" doivent être celles qui mobilisent le plus d’efforts de la part des pouvoirs publics, car ce sont les plus sinistrées et celles qui emploient le plus de travailleurs. Il faudra trouver les voies et moyens de leur permettre de redémarrer rapidement, en incitant fortement la demande intérieure. C’est là une priorité absolue qui doit être adressée. Deuxièmement, le « secteur » informel doit faire l’objet de mesures spécifiques rapides car ses travailleurs sont souvent dans des situations de précarité. En troisième lieu, les industries qui ont souffert mais qui n’étaient pas complètement à l’arrêt doivent également être accompagnées pour restaurer une partie de leur chiffre d’affaires.
3- Quels sont les enseignements à tirer de cette crise mondiale ayant chamboulé le monde entier?
Comme toute crise majeure, il y a de nombreuses leçons à retenir. Dans le cas du Maroc, je dirais que cette crise nous a en partie permis de révéler un certain nombre de qualités intrinsèques qui étaient enfouies mais qui sont réapparues à la surface, telles que l’agilité stratégique ou la cristallisation de l’effort collectif. Il y a également d’autres enseignements majeurs, à savoir qu’il est possible de réformer l’administration très rapidement et que nous étions ankylosés par des blocages qui n’en étaient pas de vrais. La digitalisation très rapide de l’administration en est un exemple concret, là où plusieurs projets de E-Gov, beaucoup mieux dotés en budget, ont échoué lamentablement. Nous devons prendre conscience de notre plein potentiel et faire perdurer cette flamme actuelle.