Dans une interview accordée à la MAP à Washington, l'ancien conseiller auprès de plusieurs sociétés internationales d'investissement a, en outre, livré son analyse de l'action anticipative du Maroc pour endiguer la propagation du virus et en atténuer les effets socio-économiques tout en aidant à initier une réponse concertée au niveau du continent.
"Le Roi Mohammed VI a de nouveau fourni le leadership nécessaire pour faire face à une crise. Les gouvernements ont besoin d'une voix et d'une stratégie unifiées lorsqu'ils traitent de situations d'une telle ampleur", a-t-il dit.
Il a fait remarquer que le fonds national d'urgence est un "choix judicieux" de même que les mesures qui favorisent la reprise économique au niveau national "assureront la stabilité régionale et devraient être suivies dans la région pour que la dévastation causée par COVID-19 soit maîtrisée".
Pour l'expert en géopolitique et relations internationales, l'un des impacts les plus significatifs de COVID-19 est le sentiment d'incertitude face à l'avenir car "nous ne savons même pas si les mesures de confinement adoptées sont véritablement efficaces ou si le virus pourrait devenir plus robuste".
Quant aux politiques économiques mises en œuvre, elles utilisent, selon lui, "des formules anciennes pour faire face aux pandémies, sans tenir compte du fait que le comportement humain doit changer et nous devons changer les modèles économiques sous lesquels nous opérons".
A la différence des crises récentes, celle-ci est "plus profonde, plus massive et plus intense", a-t-il dit notant que face à un ennemi invisible, les gouvernements n'était pas préparés à relever les défis imposés.
De plus, "nous ne savons toujours même pas si la deuxième vague serait supérieure à la première. Ce niveau d'incertitude entraîne un recul des investissements, une baisse de l'esprit d'entreprise et une moindre volonté de prendre des risques", a-t-il dit.
Pour ce natif du Brésil qui est actuellement professeur agréé de la Fondation Armando Alvares Penteado à Sao Paulo, ce scénario constitue "la tempête parfaite pour étirer la courbe de récession d'un V à un U".
Les économistes projettent des scénarios de reprise post-COVID-19 avec un cas de figure optimiste sous forme d'une courbe «en V» basé sur une relance rapide dès la levée du confinement alors que le rebond «en U» se base sur un scénario plus pessimiste avec une reprise à la fin de l'année ou début 2021.
Pour éviter une telle situation, l'expert estime que les gouvernements doivent "déréglementer et faciliter les affaires" et que la Chine reprenne sa consommation après les mois de confinement.
"Le monde dépend de la consommation chinoise pour stimuler et relancer l'économie mondiale. Seule la Chine peut le faire car elle a actuellement la taille et l'argent nécessaires pour le faire", selon lui.
Abordant les dimensions géopolitiques de l'actuelle tourmente, il a relevé comment le coronavirus est "devenu un problème politique et non un problème de santé" sur fond de rivalité accrue entre les États-Unis et la Chine pour le leadership mondial.
"En conséquence, nous avons observé une campagne de diffamation impliquant toutes sortes de théories du complot. Le calendrier électoral aux États-Unis a sans aucun doute exacerbé davantage la situation", a ajouté ce professeur invité à la China Foreign Affairs University.
Interrogé sur l'avenir de la globalisation au regard des défaillances des chaînes d'approvisionnement mondiales révélées durant cette tourmente sanitaire, l'expert du PCNS estime que "la mondialisation n'est pas un problème. Le vrai problème est que les gouvernements ne sont pas prêts à faire face à des crises importantes".
"La mondialisation et le libre-échange ont apporté bien plus d'avantages que les inconvénients actuellement liées au coronavirus", a-t-il encore soutenu.
Selon lui, une analyse plus approfondie de l'histoire fournirait des preuves empiriques que les pandémies sont un facteur constant dans l'histoire de l'humanité. Cependant, "les gouvernements se sont perdus dans des débats politiques domestiques inutiles et ont abandonné leurs fonctions les plus importantes qui garantiraient le bien-être de leurs citoyens. Cette crise des soins de santé est la preuve la plus claire de cette situation".
Quid d'une sortie de crise? Les pays riches devraient pouvoir récupérer plus rapidement, anticipe l'analyste pour qui "l'espoir est que leur reprise rapide se répercute et aide les moins riches à relancer leur économie".
Le plus grand défi est qu'en temps de crise, les moins préparés et les plus nécessiteux sont ceux qui souffriront le plus, a-t-il rappelé.